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Vérité religieuse et vérité scientifique ne peuvent se contredire ; l'absence de conflit entre science et religion |
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"La vérité exige que nous n'adressions nul reproche à celui qui a été pour nous l'une des causes de bénéfices minces et ténus ; dès lors, comment le ferions-nous avec ceux qui ont été pour nous la plupart des causes de bénéfices immenses, véritables et réels ? Ceux-là, même s'ils ont manqué quelque vérité, ont été pour nous des parents et des compagnons. En nous faisant profiter du fruit de leur réflexion, ils nous ont fournis des voies et des instruments pour parvenir à la science de nombreuses choses dont ils avaient manqué de connaître la réalité. Surtout il est évident pour nous, comme pour les plus illustres philosophes avant nous, qu'ils n'étaient pas gens de notre langue, que ce qui mérite le nom de vérité n'a jamais été atteint par un homme seul du fait de sa recherche personnelle, ni embrassé par l'ensemble des homme mais que chaque homme, ou bien n'atteint rien, ou bien n'atteint qu'une infime partie de ce qui mérite le nom de vérité. Si nous rassemblons tout le peu que chacun a pu atteindre de la vérité, cela forme un ensemble d'une grande valeur. Il faut donc que grande soit notre gratitude à l'égard de ceux qui nous ont apporté une infime part de vérité, et plus grande encore à l'égard de ceux qui nous en ont livré beaucoup. Ils nous ont fait partager les fruits de leur réflexion, nous ont ouvert la voie de la réalité cachée, nous ont fourni des prémisses qui nous facilitent l'accès à la vérité. S'ils n'avaient pas existé, il aurait été impossible même par une recherche assidue durant toute notre époque, de rassembler tous ces principes vrais grâce auxquels nous sommes arrivés aux conclusions vraies que nous visions. Or tout cela n a été rassemblé que dans les cités anciennes qui se sont succédées d'âge en âge jusqu'à notre époque, par une recherche assidue, un investissement constant, une dilection pour l'effort. Il est impossible qu'un homme seul, quand bien même sa durée de vie serait longue sa recherche assidue, son esprit pénétrant et sa persévérance constante, parvienne à rassembler tout ce qui s'est rassemblé d'assiduité, de pénétration d'esprit et de persévérance constante en un temps équivalent à tant de fois l'existence d'un homme. Aristote, le meilleur des Grecs en philosophie, déclara : « Nous devons remercier les pères de ceux qui nous ont apporté quelque part de vérité, car ils furent la cause de leur existence ; plus encore devons- nous les remercier eux car autant leurs pères ont été une cause pour eux, autant eux ont été une cause pour nous du fait que nous atteignions la vérité ». Comme il s'est exprimé là bellement. Nous ne devons pas rougir de trouver la vérité belle et bonne et de l'approuver d'où qu'elle vienne même de peuples lointains et de nations étrangères, car pour celui qui est en quête de vérité rien ne passe avant la vérité, et la vérité n'est jamais amoindrie ou diminuée par la personne de qui la dit, bien au contraire, elle ennoblit qui la dit [...] Il convient donc que soient dépouillés de la religion ceux qui s'opposent à ce que l'on acquière la science des choses dans leurs réalités véritables, et qui qualifient cette science d'impiété. Car dans cette science, il y a la science de la souveraineté divine, la science de l'unicité divine la science de la vertu, la science intégrale de toute chose profitable et de la voie qui y mène comme aussi le moyen de repousser toute chose nuisible et de se prémunir contre elle. Qu'il faille acquérir tout cela c'est ce que nous ont fait savoir les messagers véridiques de la part de Dieu. Car les messagers de Dieu ont seulement fait savoir qu'il fallait approuver la souveraineté de Dieu et son unité, s'attacher aux vertus qui Lui agréent, abandonner les vices qui leur ont contraires par essence et préférer ces vertus. Nous devons donc tenir fermement à cette précieuse acquisition faite auprès de ceux qui avaient la vérité, et déployer tous nos efforts dan notre recherche."
Al-Kindî, Kitâb al-Kindî ilâ al-Mu'tasam bi-Allâhfi al-falsafa al-ulâ [Livre de la philosophie première], 866, éd. M. F. Al-Jabr, Damas, 1997, p. 19-22, tr. fr. Mathieu Terrier.
"Puisque donc cette révélation est la vérité, et qu'elle appelle à pratiquer l'examen rationnel qui assure la connaissance de la vérité, alors nous, musulmans, savons de science certaine que l'examen [des étants] par la démonstration n'entraînera nulle contradiction avec les enseignements apportés par le Texte révélé : car la vérité ne peut être contraire à la vérité, mais s'accorde avec elle et témoigne en sa faveur.
S'il en est ainsi, et que l'examen aboutit à une connaissance quelconque à propos d'un étant quel qu'il soit, alors de deux choses l'une : soit sur cet étant le Texte révélé se tait, soit il énonce une connaissance à son sujet. Dans le premier cas, il n'y a même pas lieu à contradiction, et le cas équivaut à celui des statuts légaux non édictés par le Texte, mais que le juriste déduit par syllogisme juridique. Dans le second, de deux choses l'une : soit le sens obvie[1] de l'énoncé est en accord avec le résultat de la démonstration, soit il le contredit. S'il y a accord, il n'y a rien à en dire ; s'il y a contradiction, alors il faut interpréter le sens obvie. […]
Nous affirmons catégoriquement que partout où il y a contradiction […] cet énoncé est susceptible d'être interprété suivant des règles d'interprétation de la langue arabe. C'est là une proposition dont nul musulman ne doute et qui ne suscite point d'hésitation chez le croyant. Mais combien encore s'accroît la certitude qu'elle est vraie chez celui qui s'est attaché à cette idée et l'a expérimentée, et s'est personnellement fixé pour dessein d'opérer la conciliation de la connaissance rationnelle et de la connaissance transmise !"
Averroès, Discours décisif, 1179, § 18-21, tr. fr. Marc Geoffroy, GF, 1996, p. 119-121.
[1] Évident.
"Nous affirmons catégoriquement que partout où il y a contradiction […] cet énoncé est susceptible d'être interprété suivant des règles d'interprétation de la langue arabe. C'est là une proposition dont nul musulman ne doute et qui ne suscite point d'hésitation chez le croyant. Mais combien encore s'accroît la certitude qu'elle est vraie chez celui qui s'est attaché à cette idée et l'a expérimentée, et s'est personnellement fixé pour dessein d'opérer la conciliation de la connaissance rationnelle et de la connaissance transmise !
Nous disons même plus : il n'est point d'énoncé de la Révélation dont le sens obvie soit en contradiction avec les résultats de la démonstration, sans qu'on puisse trouver, en procédant à l'examen inductif de la totalité des énoncés particuliers du Texte révélé, d'autre énoncé dont le sens obvie confirme l'interprétation, ou est proche de la confirmer. C'est pourquoi il y a consensus chez les Musulmans pour considérer que les énoncés littéraux de la Révélation n'ont pas tous à être pris dans leur sens obvie, ni tous à être étendus au-delà du sens obvie par l'interprétation; et divergence quant à savoir ce qui est à interpréter et ce qui est ne l'est pas. […]
La raison pour laquelle la Révélation comporte des énoncés de sens obvie et d'autres de sens lointain est que les hommes se distinguent par leurs dispositions innées, et diffèrent quant au fond mental qui détermine en eux l'assentiment. Et s'il y trouve des énoncés contradictoires pris dans leur sens obvie, c'est afin de signaler aux « hommes d'une science profonde » qu'il y a lieu d'interpréter, afin de les concilier."
Averroès, Discours décisif, 1179, § 21-23, tr. fr. Marc Geoffroy, GF, 1996, p. 121-123.
"Étant donné que l'Écriture, en de nombreux passages, non seulement se prête à des interprétations éloignées du sens apparent des termes mais les exige, il me semble que dans tout débat sur des questions naturelles, on ne devrait l'alléguer qu'en dernière instance. En effet, l'Écriture Sainte et la nature procédant pareillement du Verbe divin, celle-là en tant que révélation du Saint Esprit et celle-ci en tant que très fidèle exécutrice des ordres de Dieu ; étant d'autre part accordé que l'Écriture Sainte, pour s'adapter à l'intelligence universelle, dit souvent des choses qui, à première vue et quant au sens des mots, sont très éloignés de la vérité absolue, tandis qu'au contraire la nature – inexorable, immuable, indifférente à ce que le secret de ses raisons et de ses modes d'action soient ou ne soient pas à la portée de la compréhension des hommes – ne transgresse jamais les limites des lois qui lui sont imposées, il apparaît que, des effets naturels, ce que l'expérience sensible nous fait voir ou ce qu'une démonstration nécessaire nous oblige à conclure, ne doit absolument pas être révoqué en doute au nom de tel passage de l'Écriture qui, pris à la lettre, semblerait dire autre chose, puisque chaque mot de l'Écriture Sainte n'est pas déterminé par des contraintes aussi rigoureuses que chaque effet de la nature."
Galilée, Lettre à Don Benedetto Castelli du 21 décembre 1613, dans Lettre à Christine de Lorraine et autres écrits coperniciens (1615), trad. P. Hamou et M. Spranzi, LGF, « Le Livre de Poche », 2004.
"Je croirais plutôt que l'autorité des textes sacrés n'a eu aucun but autre que de faire accepter aux hommes ces articles et ces propositions qui, tout en étant nécessaires à leur salut, dépassaient toute capacité de raisonnement humain, et ne pouvaient être rendus crédibles par une autre science ou par d'autres moyens que par la bouche même de l'Esprit saint. Mais je ne pense pas qu'il soit nécessaire de croire que ce même Dieu qui nous a doués de sens, de raison et d'intellect, ait voulu en différer l'usage, et nous donner par d'autres moyens ces informations que nous pouvons nous procurer par leur biais ; cela surtout dans ces sciences dont les Écritures n'évoquent qu'une toute petite partie, et par des propositions fragmentaires. L'astronomie est justement une de ces sciences dont il est dit si peu de choses qu'il n'y est pas même fait mention du nom des planètes. Il est clair que si les premiers écrivains sacrés avaient eu l'intention de faire connaître au peuple les dispositions et les mouvements des corps célestes, ils n'en auraient pas dit si peu de choses, autant dire rien si on compare ce qui en est dit dans la Bible au nombre infini de propositions très complexes et admirables que contient cette science."
Galilée, Lettre à Don Benedetto Castelli du 21 décembre 1613, dans Lettre à Christine de Lorraine et autres écrits coperniciens (1615), trad. P. Hamou et M. Spranzi, LGF, « Le Livre de Poche », 2004, p. 132-133.
"Il peut y avoir conflit entre hommes de religion à l'esprit fragile et hommes de science à l'esprit ferme, mais non point entre science et religion. Leurs mondes respectifs sont distincts et leurs méthodes différentes. La science recherche, la religion interprète. La science donne à l'homme une connaissance qui est puissance ; la religion donne à l'homme une sagesse qui est contrôle. La science s'occupe des faits, la religion s'occupe des valeurs. Ce ne sont pas deux rivales. Elles sont complémentaires. La science empêche la religion de sombrer dans l'irrationalisme impotent et l'obscurantisme paralysant. La religion retient la science de s'embourber dans le matérialisme suranné et le nihilisme moral."
Martin Luther King, "A Tough Mind and a Tender Heart", chapter I, sermon prononcé en 1959, in The Papers of Martin Luther King, Jr. Volume VI: Advocate of the Social Gospel, September 1948 – March 1963.
"There may be a conflict between soft minded religionists and tough minded scientists, but not between science and religion. Their respective worlds are different and their methods are dissimilar. Science investigates. Religion interprets. Science gives man knowledge which is power. Religion gives man wisdom which is control. Science deals mainly with facts. Religion deals mainly with values. The two are not rivals. They are each other's complement. Science keeps religion from sinking into the mores of crippling {irrationalism} and paralyzing obscurantism. Religion prevents science from falling into the marsh of obsolete materialism and moral nihilism."
Martin Luther King, "A Tough Mind and a Tender Heart", chapter I, 1959, in The Papers of Martin Luther King, Jr. Volume VI: Advocate of the Social Gospel, September 1948 – March 1963.
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Date de création : 17/11/2013 @ 11:38
Dernière modification : 07/01/2022 @ 15:12
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