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Hors des sentiers battus
Espace urbain et espace rural : la ville et le phénomène d'urbanisation

  "L'espace rural, c'est le milieu naturel aménagé pour la production agricole au sens large, animale ou végétale, par des groupes humains, qui fondent sur lui la totalité, ou une partie, de leur vie économique et sociale. Il s'oppose à l'espace urbain, c'est-à-dire aux surfaces presque entièrement bâties et à fortes densités de population qui sont organisées pour remplir des fonctions « urbaines » : commerciales, administratives, artisanales et industrielles, intellectuelles et politiques. Apparu au néolithique avec les premières formes d'agriculture, l'espace rural se confond pratiquement, jusqu'au XIIIe siècle avec l'œcoumène. Jusqu'à la Révolution industrielle, les villes restent des organismes ponctuels et clairsemés. Ce n'est qu'à partir du XXe siècle que l'espace urbain s'étend aux dépens de l'espace rural. Mais dès le Moyen Âge, la présence des populations urbaines, de plus en plus nombreuses et de plus en plus puissantes sur le plan économique et politique a pesé sur la vie et l'organisation écologique des campagnes : les espaces ruraux furent très rapidement dominés par les villes dont ils constituèrent la « zone d'influence ». En première analyse, l'espace rural est donc une création humaine permanente, qui dépend non seulement des populations paysannes qui le cultivent et qui y vivent, mais aussi d'une partie de la bourgeoisie urbaine qui en détient la maîtrise politique ou foncière."

 

Georges Bertrand, Histoire de la France rurale, Le Seuil, 1975.


 

  "Si, physiquement, comme le pensait Marc Bloch, ville et campagne n'étaient pas dans l'Antiquité rigoureusement séparées, mentalement, l'opposition entre elles était très forte. Du côté de la ville, urbs, et de ses habitants, les cives, étaient la culture, la politesse, les bonnes manières. D'où nos termes : urbain, urbanité, civilité, civilisation. Du côté de la campagne, rus, et de ses habitants, les rustici, la grossièreté, l'inculture, la sauvagerie que rappellent nos mots rustiques, rusticité, rustre. Le système de valeur qui s'attache à l'espace est différent au Moyen Âge. Malgré un mépris accentué du paysan qu'exprime le terme vilain (et ses dérivés en ancien français : vilenaille, vilener, vilenie, vilenastre, vileneux) et la renaissance, surtout au bas Moyen Âge, d'une opposition civilité (terme qui apparaît au milieu du XIVe siècle) et rusticité (un peu plus tardif, aux environs de 1380), les affrontements essentiels de valeur sont ailleurs. Ils opposent tout le monde habité, cultivé et construit d'un côté : villes, villages, châteaux, champs, et l'univers inculte de l'autre, le monde ambigu et inquiétant que les hommes du Moyen Âge appellent parfois désert."

 

Jacques Le Goff, Nouvelle histoire de la France urbaine, T. 2, Le Seuil, 1980.



  "La ville avec son lieu vit de la campagne environnante ; elle prélève sur les fruits de la terre et des travaux champêtres un tribut. Elle a donc, par rapport à cette campagne environnante, un double caractère : groupe captant le sur-produit de la société rurale, groupe doté de capacités administratives et militaires, apte donc à la protection. Tantôt l'un de ces traits se renforce, tantôt l'autre. La ville, en s'appropriant un espace rural prend une réalité tantôt maternelle (elle engrange, elle fait des réserves, elle utilise pour des échanges profitables une partie du surproduit dont elle rétrocède une part variable aux intéressés) – tantôt masculine ou virile (elle protège en exploitant ; elle exploite en protégeant ; elle détient le pouvoir ; elle surveille, réglemente, parfois – en Orient – organise l'agriculture, se charge des grands travaux, endiguements, irrigations, drainages, etc.).
  Ainsi la ville, espace urbain, vit en symbiose avec l'espace rural qu'elle contrôle, parfois difficilement ; il arrive aux paysans de s'agiter ; quant aux bergers, nomades ou semi-nomades, la ville eut toujours peine à les contenir, et ce sont des conquérants virtuels."

 

Henri Lefebvre, La production de l'espace, 1974, 4e édition, Ed. Anthropos, 2000, p. 271.



  "L'analyse de la ruralité doit donc dépasser la simple description de l'espace rural, et éviter la domination des références, qu'elles soient socio-spatiales – le rural par rapport à l'urbain – ou temporelles – le rural d'aujourd'hui par rapport à son passé. Qu'est-ce donc que la ruralité, en soi et maintenant ? C'est une forme de rapport de la société à l'espace, qui présente un caractère dominant: son inscription locale. La ruralité n'est pas le fait de la société rurale, mais d'une multitude de collectivités locales (qu'on appelle aussi, plus ou moins indifféremment, sociétés rurales, sociétés villageoises, communautés...). La notion de société rurale (au singulier) est en effet aujourd'hui vide de sens, si jamais elle en a eu un. Aucune structure, aucune solidarité réelle, aucune organisation n'unit entre eux sur le plan national les groupes sociaux n'ayant en commun que le fait de leur résidence, dans les campagnes par ailleurs disparates. Un mode de vie, un environnement, voire une éventuelle volonté identitaire, ne fondent pas à eux seuls un ensemble social. [...] Dans la collectivité rurale, le rapport de la société à l'espace, qui est local, peut être analysé en termes de rapports économiques, de rapports sociaux, de rapports à l'environnement et finalement de rapports à la localité elle-même. Ces rapports concernant la société, sont concrètement le fait des individus et des groupes. Ils ne sont pas exclusifs, en ce sens qu'ils font partie d'un système de relations, largement, majoritairement, ouvert sur l'extérieur. Il est évident que le village n'est plus une structure unitaire de production, s'il l'a jamais été. L'autarcie villageoise qui était, surtout en temps de crise, la somme des autarcies domestiques, a disparu depuis longtemps sans laisser de trace. Les forces productives agricoles sont intégrées dans un réseau délocalisé ouvert sur l'économie mondiale."

 

Bernard Kayser, La Renaissance rurale : sociologie des campagnes du monde, A. Colin, 1990.


 

  "La métropole, au sens le plus large du terme, c'est avant tout une place centrale, un nœud décisionnel dans un réseau de villes. C'est un lieu d'impulsion, de créativité, d'émissions d'ordres et de connexion des flux les plus variés qui parcourent l'espace."

 

Guy Di Méo, "Les métropoles des pays développés", in A. Bailly et al., Encyclopédie de Géographie, Économica, 1983.


 

  "C'est [la métropolisation] une mutation qui progressivement donne naissance à un nouveau mode d'occupation et d'appropriation collective du territoire, à la formation d'aires urbaines de plus en plus peuplées, mais aussi de plus en plus distendues, discontinues, hétérogènes et multipolaires.
  Pour aborder ce phénomène l'utilisation même du mot de métropole fait problème, car il renvoie inévitablement à des images anciennes de la grande ville de ses périphéries proches, de sa zone d'influence, de son rôle national et international. Aussi de nombreux auteurs ont proposé de nouvelles appellations pour rendre compte de ces nouveaux territoires urbains, notamment la « ville région », la « ville-pays », la « région urbaine ». Mais ces mots ne sont pas pleinement satisfaisants, notamment parce que la région et le pays renvoient eux aussi à des images anciennes et en grande partie dépassées, et que leurs associations avec les notions de ville et d'urbain en soulignent suffisamment la nature nouvelle. D'où la notion de métapole (Asher, 1995). Étymologiquement, elle signifie « au-delà de la ville ». Et c'est bien ce dont il s'agit. La métropolisation ne dissout pas les villes; elle donne au contraire forme à un territoire qui va d'une certaine manière au-delà de la ville que nous avons héritée des siècles et lustres précédents, mais qui l'intègre en la dépassant. Par rapport à celle de métropole, l'avantage de la notion de métapole est aussi qu'elle rend non seulement compte de l'évolution de très grandes agglomérations de plusieurs milliers voire de millions d'habitants, mais aussi des aires urbaines plus petites, ou encore des réseaux de villes proches, qui présentent également ces caractéristiques morphologiques et fonctionnelles d'étalement, de discontinuité, d'hétérogénéité et de multipolarité."

 

François Ascher, article "Métropolisation", in J. Lévy et M. Lussault (dir.), Dictionnaire de la géographie et de l'espace des sociétés, Belin, 2003.

 

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Date de création : 13/01/2014 @ 13:19
Dernière modification : 24/02/2014 @ 15:50
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