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Texte à méditer :   Les vraies révolutions sont lentes et elles ne sont jamais sanglantes.   Jean Anouilh
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Hors des sentiers battus
L'influence sociale de l'espace

  "Les institutions établissent et maintiennent des espaces qui leur sont propres. Ces espaces  nécessitent des aménagements matériels spécifiques de chaque institution (la maison ou l'appartement pour la famille, le lieu de culte pour l'Église, les écoles pour l'institution scolaire, l'espace public pour le marché, l'hôpital pour la santé...). Les institutions exercent un contrôle sur les activités qui s'y déroulent et sur le temps qui leur est consacré. Chacun de ces espaces en retour situe chacun de ses visiteurs, tant par rapport à l'institution que par rapport aux actions qui sont attendues de lui. Les chrétiens sentent en entrant dans une église qu'ils doivent se signer, les musulmans sentent en entrant dans une mosquée qu'ils doivent faire leurs ablutions. Chaque institution inscrit ses membres, ses utilisateurs et ses visiteurs dans un univers de sens qui lui est propre, mais qui reste incompréhensible à quiconque est étranger. Cet espace riche de significations et d'injonctions, on l'appelle le lieu. Le lieu implique un horizon de conscience tourné vers des actions dont certaines sont absolument imposées alors que la plupart des autres s'inscrivent seulement dans un univers de possibilités, certaines étant recommandables et d'autres pas. Chaque institution produit donc un espace actant qui lui est propre. Et l'ensemble des institutions d'une société tend à s'approprier la totalité du territoire dont elle dispose. Les formes de l'espace varient donc non seulement avec les sociétés mais aussi selon les institutions."

 

Michel Conan, "L'espace actant des jardins royaux à Paris aux XVIIe et XVIIIe siècles", in Les espaces de l'homme, Odile Jacob, 2005, p. 304.


 

  "À travers les expériences de la ville s'apprennent la diversité du monde social et la place que l'on y occupe. Pour les aristocrates et les grands bourgeois, avoir habité les beaux quartiers dès l'enfance, c'est avoir expérimenté le privilège de faire partie des catégories dominantes, tout en intériorisant, par des pratiques spécifiques, dans un espace urbain particulier, les dispositions, les manières d'être propres au groupe auquel ils appartiennent. Le quartier habité exprime et conforte l'être social et son identité de classe. Comme tout agent social, les membres des hautes classes sont toujours un peu les endroits où ils ont vécu, et recueillir leurs histoires de vie, c'est aussi se donner les moyens de comprendre ce qu'ils doivent aux espaces de leur vie.
  Le rôle de ces lieux où enfants et adolescents expérimentent la vie en société est essentiel. Ils apprennent l'identité sociale, les similitudes et les différences. Chacun restera marqué par ces expériences du monde social que lui fournit la ville. Résider dans des cités HLM dégradées et surpeuplées renvoie à chaque instant à la position dominée et fragilisée de leurs habitants. Les qualités ou les disqualifications de l'espace de résidence sont en elles-mêmes des éducateurs de ceux qui y vivent leur enfance et leur adolescence et des facteurs d'intériorisation de la position sociale qu'ils occupent.

  Tous les stigmates négatifs se cumulent pour caractériser les habitants des cités : pauvres, assistés, fraudeurs, racistes... Leurs espaces de vie sont « défavorisés » ou « sensibles », leur urbanisme est dépassé, obsolète, dégradé. Les enfants sont en échec scolaire, ils sont trop gros, se gavent de chips et de boissons sucrées. Bref, la stigmatisation est générale. Leur désarroi est à la mesure de ces attaques symboliques, qui proviennent donc du haut de la société avec les banquiers et les spéculateurs, du milieu de la société avec les couches moyennes intellectuelles et leur étendard de la mixité sociale, et enfin du tout en bas de la société avec les travailleurs immigrés qui symbolisent le déclassement social et la déstructuration culturelle."

 

Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, La violence des riches. Chronique d'une immense casse sociale, 2013, Éditions La Découverte, Zones, p. 197-200.

 

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Date de création : 20/01/2014 @ 08:43
Dernière modification : 20/01/2014 @ 08:43
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