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Texte à méditer :   Le progrès consiste à rétrograder, à comprendre [...] qu'il n'y avait rien à comprendre, qu'il y avait peut-être à agir.   Paul Valéry
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Hors des sentiers battus
Méthodologie de la dissertation : les questions ouvertes

  Les sujets à "question ouverte" se présentent sous la forme d'une question, qui ne présuppose pas les réponses possibles. Exemples :

  • Pourquoi punir ?
  • En quel sens peut-on dire d'une chose qu'elle est vraie ?
  • Que gagne l'action à être dite ?
  • À qui la faute ?
  • Qu'est-ce qu'un juste salaire ?
  • Qu'est-ce qu'un échange libre ?

  Il s'agit donc de questions "ouvertes" dans la mesure où, dans l'absolu, le nombre de réponses possibles n'est pas limité (fermé). Toutefois, il va de soi que le nombre de réponses pertinentes est quant à lui restreint. Ce sont donc ces réponses pertinentes qu'il faut examiner, afin de montrer qu'elles posent problème.
  Afin de mieux faire comprendre la démarche, nous nous servirons du sujet suivant : Qu'est-ce qu'un humaniste ? (sujet ECRICOME hors-thème 2014).
  À cette question, il existe tout d'abord une seule réponse : un humaniste est un partisan de l'humanisme. Il va de soi que cette définition, en elle-même, ne nous mène pas bien loin. Comme le signale le rapport de jury du concours Écricome, il s'agit d'aller "au-delà d'une définition trop large qui se contenterait d'évoquer un vague souci de l'homme, comme c'est souvent le cas dans le discours politique contemporain". Il s'agit de se demander ce qui fait qu'on est humaniste, ce qui suppose de partir des définitions du mort "humanisme", lequel possède, si l'on s'en tient au dictionnaire, trois définitions principales :

  1. "Théorie ou doctrine qui place la personne humaine et son épanouissement au-dessus de toutes les autres valeurs." ((Le Robert)
  2. "Mouvement de la Renaissance caractérisé par un retour aux sources gréco-latines et à ses valeurs (la nature, l'homme…)." (Le Robert)
  3. "Formation de l'esprit humain par la culture littéraire et scientifique." (Le Robert)

  La deuxième de ces définitions établit ce qu'a été historiquement l'humanisme, comme mouvement de pensée à la Renaissance. Étant donné qu'il ne s'agit pas d'une dissertation d'histoire, ce n'est pas sur cette définition que va porter le travail d'analyse. La troisième définition, quant à elle, reste très générale mais, en mettant l'accent sur la dimension intellectuelle de l'humanisme, elle amène malgré tout à se poser une question : peut-on être humaniste sans un minimum de culture (cette culture justement incarnée dans ce que l'on a appelé les "humanités") ? En d'autres termes, le fait d'être cultivé est-il nécessaire, mais aussi suffisant, pour être humaniste ? (on peut notamment penser aux criminels nazis, dont un certain nombre apparaissaient très cultivés, ce qui ne les a pas empêchés d'avoir des comportements "barbares").
  C'est toutefois la première définition qui est la plus intéressante, et qu'il convient d'analyser de manière approfondie. À cet égard, voici ce qu'indique le rapport de jury du concours Écricome :

  "L'affirmation de la valeur que l'humaniste reconnaît à l'homme est une réponse encore imprécise qui demande à son tour à être interrogée. Elle se situe en effet sur un terrain immédiatement moral dans lequel on risque d'enfermer trop vite l'attitude humaniste, et elle repose sur une définition de l'homme, ou au moins une caractérisation, qui ne saurait rester implicite, et qui doit être telle qu'elle fonde la valeur qu'on lui reconnaît. Qu'est-ce qui fait l'humanité de l'homme, et qu'est-ce qui fonde la valeur que l'humaniste lui reconnaît ? L'homme vaut-il par ce qu'il est ou par ce qu'il est susceptible d'être ? Si l'humaniste se distingue, dans ses actes ou sa pensée, par la dignité qu'il reconnaît à l'homme, il reste à déterminer à quoi celle-ci peut tenir. Un humaniste doit-il se référer à une nature humaine, ou au contraire situer l'humanité de l'homme au-delà ? L'humaniste peut-il à la fois voir dans l'homme un centre autour duquel le réel s'ordonne, s'organise et se pense, et intégrer cela à une vision religieuse du monde ? Faut-il, pour être humaniste, affirmer une certaine idée de l'homme, ou peut-on souligner l'énigme qu'il constitue à ses propres yeux sans pour cela en ruiner la valeur ? Cette idée peut-elle aller jusqu'à constituer un idéal, au risque de la discrimination et de l'exclusion ? Quelle place l'humaniste doit-il accorder à la diversité des hommes ? L'humaniste se distingue-t-il par sa référence à une définition de l'humanité ou par un projet d'humanisation ?
  On pouvait alors caractériser l'humaniste, non plus par référence à une définition de l'homme mais par rapport à la question qu'il se pose à lui-même sur lui-même. Et de là, on pouvait parvenir à caractériser l'attitude humaniste moins par l'affirmation de la grandeur de l'homme et de sa place centrale dans l'univers que par la persistance de l'énigme qu'il représente pour lui-même."

  Bien entendu, il ne s'agit pas de poser et encore moins de traiter toutes les questions qui sont formulées ici. Il faut, à partir de ce questionnement préalable, synthétiser les choses à travers deux ou trois questions qui formeront votre problématique (on voit qu'ici les enjeux portent d'un côté sur la personne de l'humaniste lui-même, le travail que l'individu doit effectuer sur lui-même pour faire preuve d'humanisme, et d'un autre côté sur la place de l'homme, et la valeur qui lui est accordée).


Date de création : 16/05/2016 @ 17:01
Dernière modification : 17/05/2016 @ 12:44
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