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Texte à méditer :  Je vois le bien, je l'approuve, et je fais le mal.  Ovide
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Hors des sentiers battus
Le don
  "Si c'est l'intérêt et un vil calcul qui me rendent généreux, si je ne suis jamais serviable que pour obtenir en échange un service, je ne ferai pas de bien à celui qui part pour des pays situés sous d'autres cieux, éloignés du mien, qui s'absente pour toujours ; je ne donnerai pas à celui dont la santé est compromise au point qu'il ne lui reste aucun espoir de guérison ; je ne donnerai pas, si moi-même je sens décliner mes forces, car je n'ai plus le temps de rentrer dans mes avances. Et pourtant (ceci pour te prouver que la bienfaisance est une pratique désirable en soi) l'étranger qui tout à l'heure s'en est venu atterrir dans notre port et qui doit tout de suite repartir reçoit notre assistance ; à l'inconnu qui a fait naufrage nous donnons, pour qu'il soit rapatrié, un navire tout équipé. Il part, connaissant à peine l'auteur de son salut ; comme il ne doit jamais plus revenir à portée de nos regards il transfère sa dette aux dieux mêmes et il leur demande dans sa prière de reconnaître à sa place notre bienfait ; en attendant nous trouvons du charme au sentiment d'avoir fait un peu de bien dont nous ne recueillerons pas le fruit.
  Et lorsque nous sommes arrivés au terme de la vie, que nous réglons nos dispositions testamentaires, n'est-il pas vrai que nous répartissons des bienfaits dont il ne nous reviendra aucun profit ? Combien d'heures l'on y passe ! Que de temps on discute, seul avec soi-même, pour savoir combien donner et à qui ! Qu'importe, en vérité, de savoir à qui l'on veut donner puisqu’il ne nous en reviendra rien en aucun cas ?
  Pourtant, jamais nous ne donnons plus méticuleusement ; jamais nos choix ne sont soumis à un contrôle plus rigoureux qu'à l'heure où, l'intérêt n'existant plus, seule l'idée du bien se dresse devant notre regard."
 
Sénèque, Les bienfaits, 61-63, Livre IV, § 11.

 

  "Donner quelque chose à quelqu'un revient à lui donner une part de vous même. Un tel don s'inscrit dans une relation personnelle avec celui qui le reçoit ou il en crée une. Par contraste, l'échange contre de l'argent instaure ou souligne la séparation entre les personnes.
  Pour envisager des formes de communion dans les relations entre personnes, il faut supposer qu'elles puissent se remettre mutuellement des biens qui ne deviennent pas immédiatement fongibles, interchangeables et échangea­bles. Vu dans cette perspective, le don va contre la sépa­ration. C'est pourquoi, on dit que le sexe acheté et payé, ce n'est pas la « même chose » que le sexe échangé gratuite­ment. Le sexe « commodifié » laisse les parties qui s'y sont engagées dans l'état de séparation initial et peut même le renforcer ; elles ne s'engagent d'ailleurs dans cette relation que si elles y trouvent un avantage personnel. Dans l'idéal, le sexe non « commodifié » atténue la séparation entre les personnes ; on le conçoit comme une union parce que, dans l'idéal, c'est un partage des moi."

 

Margaret Jane Radin, Contested Commmodites, The Trouble with Trade in Sex, Children, Body Parts and Other Things, 1996, p. 197-198.

 

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Date de création : 05/09/2018 @ 13:02
Dernière modification : 27/11/2018 @ 18:28
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