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Texte à méditer :  Soyez philosophe ; mais, au milieu de toute votre philosophie, soyez toujours un homme.  David Hume
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Hors des sentiers battus
La force de la vérité

    "C'est une étrange et longue guerre que celle où la violence essaie d'opprimer la vérité. Tous les efforts de la violence ne peuvent affaiblir la vérité, et ne servent qu'à la relever davantage. Toutes les lumières de la vérité ne peuvent rien pour arrêter la violence, et ne font que l'irriter encore plus. Quand la force combat la force, la plus puissante détruit la moindre ; quand l'on oppose les discours aux discours, ceux qui sont véritables et convaincants confondent et dissipent ceux qui n'ont que la vanité et le mensonge ; mais la violence et la vérité ne peuvent rien l'une sur l'autre. Qu'on ne prétende pas de là néanmoins que les choses soient égales : car il y a cette extrême différence, que la violence n'a qu'un cours borné par l'ordre de Dieu, qui en conduit les effets à la gloire de la vérité qu'elle attaque : au lieu que la vérité subsiste éternellement, et triomphe enfin de ses ennemis ; parce qu'elle est éternelle et puissante comme Dieu même."

 

Blaise Pascal, Les Provinciales, 1656, Seconde lettre écrite à un provincial par un de ses amis.
 


"Les lois n'ont pas à décider de la vérité des dogmes ; elles n'ont en vue que le bien et la conser­vation de l'État et des particuliers qui le composent. Voilà, du moins, ce qui devrait être, et certes, la vérité peut bien se défendre elle-même, si l'on consent une fois à l'abandonner à ses propres forces. Le pouvoir des grands, qui ne la connaissent guère, et de qui elle n'est pas toujours bien venue, ne lui a jamais donné, et probablement ne lui donnera jamais qu'un faible secours. Elle n'a pas besoin de la violence pour s'insi­nuer dans l'esprit des hommes, et les lois civiles ne l'enseignent pas. Si elle n'illumine l'entendement par son propre éclat, la force extérieure ne lui sert de rien. Les erreurs au contraire ne dominent que par le secours étranger qu'elles empruntent."

 

John Locke, Lettre sur la tolérance, 1686, tr. fr. Jean Le Clerc, GF, 1992, p. 199-200.


 

 

  "Les hommes assimilent une vérité non seulement parce qu'ils la devinent par intuition prophétique ou par expérience de la vie, mais parce que lorsque cette vérité est arrivée à un certain degré d'extension, les hommes d'une culture inférieur l'acceptent d'un seul coup par La seule confiance qu'ils ont en ceux qui l'ont acceptée avant eux et l'appliquent à la vie.
  Toute vérité nouvelle qui change les mœurs et qui fait marcher l'humanité en avant n'est acceptée tout d'abord que par un petit nombre d'hommes qui ont parfaitement conscience de cette vérité

  Les autres, qui ont accepté par confiance la vérité précédente, celle sur laquelle est basé le régime existant, s'opposent toujours à l'extension de la nouvelle.
  Mais comme d'abord les hommes progressent toujours, s'approchent de plus en plus de la vérité et y conforment leur vie, et qu'ensuite ils sont, suivant leur âge, leur éducation, leur race, plus ou moins capables de comprendre les nouvelles vérités, ceux qui sont plus près des hommes qui ont compris la vérité par la voie intérieure passent, d'abord lentement, puis de plus en plus vite, du côté de la vérité nouvelle, et cette vérité devient de plus en plus compréhensible.
  Et plus il y a d'hommes qui se pénètrent de la nouvelle vérité et plus cette vérité est assimilable, plus elle provoque de confiance chez les hommes d'une culture inférieure. Ainsi le mouvement s'accélère, s'élargit comme celui d'une boule de neige, jusqu'au moment où toute la masse passe d'un coup du côté de la vérité nouvelle et établit un nouveau régime.
  Les hommes qui passent du côté de la nouvelle vérité, arrivée à un certain degré d'extension, le font toujours en masse, d'un coup, comme le lest d'un navire qu'on charge rapidement pour le maintenir en équilibre. S'il n'y avait pas de lest, le navire ne serait pas suffisamment immergé et changerait de position à chaque instant. Ce lest, qui semble tout d'abord inutile, est la condition nécessaire de son mouvement régulier et de sa stabilité.
  Le même fait se reproduit avec la masse d'hommes qui, non pas un par un, mais toujours d'un coup, sous l'influence de la nouvelle opinion sociale, passe d'une organisation de la vie à une autre. Cette masse, par son inertie, empêche toujours le passage rapide, fréquent, non vérifié par la sagesse, d'une organisation à une autre, et retient pour longtemps la vérité contrôlée par une longue expérience de luttes et entrée dans la conscience de l'humanité."

 

Léon Tolstoï, Le Salut est en vous, 1893, chapitre IX, tr. fr. Ély Halpérine-Kaminsky, in Inutilité de la violence, Petite Bibliothèque Payot, 2022, p. 51-53.
 

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Date de création : 09/02/2006 @ 13:58
Dernière modification : 12/04/2024 @ 08:11
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