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Car quoi de plus excusable que la violence pour faire triompher la cause opprimée du droit ?   Alexis de Tocqueville


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Hors des sentiers battus
Dimension métaphysique du désir

  "L'Autre métaphysiquement désiré n'est pas « autre » comme le pain que je mange, comme le pays que j'habite, comme le paysage que je contemple, comme, parfois, moi-même à moi-même […]. De ces réalités, je peux « me repaître » et, dans une très large mesure, me satisfaire, comme si elles m'avaient simplement manqué. Par là même, leur altérité se résorbe dans mon identité de pensant ou de possédant. Le désir métaphysique tend vers tout autre chose, vers l'absolument autre. L'analyse habituelle du désir ne saurait avoir raison de sa singulière prétention. À la base du désir communément interprété, se trouverait le besoin ; le désir marquerait un être indigent et incomplet ou déchu de sa grandeur passée. Il coïnciderait avec la conscience de ce qui a été perdu. Il serait essentiellement nostalgie, mal du retour. Mais ainsi il ne soupçonnerait même pas ce qui est le véritablement autre.
  Le désir métaphysique n'aspire pas au retour, car il est désir d'un pays où nous ne naquîmes point. D'un pays étranger à toute nature, qui n'a pas été notre patrie et où nous ne nous transporterons jamais. Le désir méta­physique ne repose sur aucune parenté préalable. Désir qu'on ne saurait satisfaire. Car on parle à la légère de désirs satisfaits ou de besoins sexuels ou, encore, de besoins moraux et religieux. L'amour, lui-même, est ainsi considéré comme la satisfaction d'une faim sublime. Si ce langage est pos­sible, c'est que la plupart de nos désirs ne sont pas purs et l'amour non plus. Les désirs que l'on peut satisfaire, ne ressemblent au désir métaphysique que dans les déceptions de la satisfaction ou dans l'exaspération de la non­-satisfaction et du désir[1], qui constitue la volonté même. Le désir méta­physique a une autre intention – il désire l'au-delà de tout ce qui peut simplement le compléter. Il est comme la bonté – le Désiré ne le comble pas, mais le creuse."

 

Emmanuel Lévinas, Totalité et infini, 1961, Martinus Nijhoff, La Haye, 1961, p. 3-4, Le Livre de Poche, p. 23-24.


[1] Lévinas dit plus loin : "Notons encore la différence entre besoin et Désir. Dans le besoin, je puis mordre sur le réel et me satisfaire, assimiler l’autre. Dans le Désir, pas de morsure sur l’être, pas de satiété, mais avenir sans jalons devant moi" (Totalité et Infini, p. 89, LdP p. 121).

 

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Date de création : 07/09/2019 @ 14:56
Dernière modification : 07/09/2019 @ 14:56
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