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Là où se lève l'aube du bien, des enfants et des vieillards périssent, le sang coule.   Vassili Grossman


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Hors des sentiers battus
Animaux inférieurs et animaux supérieurs ; la hiérarchie animale

"Si nous examinons de près les traits communs de cette immense variété de formes de chasse, nous voyons pour l'instant que la chasse est un évènement qui se passe entre deux animaux, l'un étant l'agent et l'autre le sujet, l'un le chasseur et l'autre le chassé. Si le chassé est aussi par la même occasion un chasseur, ce n'est pas de la chasse, c'est un combat, une lutte dans laquelle les deux parties ont la même intention et un comportement similaire. La lutte est une action réciproque. Jamais le gladiateur dans l'arène n'a chassé la panthère qui avait été libérée du bestiaire ; il la combattait, parce que la situation qui les opposait n'était pas naturelle. Durant la chasse, un combat peut survenir, comme c'est le cas pour le sanglier sauvage qui, acculé au pied du mur, se retourne et charge le chasseur ; mais ce combat n'a qu'une signification incidente dans la chasse et, même si elle a de graves conséquences, il n'est qu'une anecdote brodée sur la tapisserie normale de la chasse. Si l'animal gibier se battait normalement et d'entrée de jeu contre l'homme, de sorte que la relation entre les deux consistait en ce combat, il s'agirait d'un phénomène complètement différent de la chasse. De la même façon, le combat de taureau n'est pas de la chasse. L'homme ne chasse pas le taureau ; et le taureau, en attaquant, n'a pas une intention de chasse. La tauromachie est en effet quelque chose d'autre, comme un combat d'une forme si particulière, que strictement parlant, ce n'est pas cela non plus. Le combat est une agression mutuelle. En chasse toutefois, il s'agit toujours d'un animal qui s'efforce de chasser, pendant que l'autre s'efforce de ne pas être chassé. La chasse n'est pas réciproque. Elle ne l'est pas, car elle consiste en une relation entre animaux qui exclut l'égalité de niveaux vitaux entre les deux, et encore plus, c'est évident, qui exclut qu'elle puisse être exercée entre un animal inférieur à l'égard d'un animal supérieur. Le lion qui rencontre un tigre n'essaie pas de le chasser ; il le laisse passer ou il le combat, car il sait que le tigre fera de même avec lui. Leur quasi-égalité est tellement fameuse qu'elle constitue le thème préféré des discussions dans les bars de province, à savoir si c'est le lion ou le tigre qui est le roi du désert. L'inégalité essentielle entre la proie et le chasseur n'empêche pas l'animal poursuivi de surpasser parfois le poursuivant en qualités. Il peut être plus rapide ou plus fort ou plus perspicace. L'équilibre général des qualités vitales avantagera toujours le chasseur sur le chassé. La chasse est irrémédiablement un jeu du haut vers le bas. Ainsi, sans l'avoir cherché, l'inégalité de niveau entre les espèces, ou hiérarchie zoologique, se manifeste à nous dans le fait universel de la chasse."

 

José Ortega y Gasset, Méditations sur la chasse, 1942, tr. fr. Charles-A.Drolet, Édition du Septentrion, 2006. p. 64-65.

 

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Date de création : 12/02/2021 @ 12:41
Dernière modification : 12/02/2021 @ 12:42
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