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Hors des sentiers battus
Le monde comme machine

  "Je suis très occupé par la recherche des causes physiques, mon but dans ce domaine est de montrer que la machine céleste ne doit pas être comparée à un organisme divin, mais plutôt à un mouvement d'horlogerie […], pour autant que presque tous ses multiples mouvements sont accomplis grâce à une force magnétique unique et assez simple ; ainsi, dans le cas du mouvement d'horlogerie, tous les mouvements sont causés par un simple poids. De plus, je démontre comment cette conception physique de l'Univers doit être exprimée sous forme mathématique et géométrique."

 

Johannes Kepler, Lettre à Ilerwart von Hohenburg du 10 février 1605.



  "Quoique je me serve des machines dont nous avons la connaissance pour expliquer le système du monde que nous ne connaissons point ; et que je sache qu'une justesse et une exactitude parfaite ne se rencontre jamais dans nos machines ; cela n'est pas capable de m'empêcher de croire que le monde ne soit une machine, et que cette machine ne puisse être telle que je l'ai expliquée ; parce que je crois que cette machine est faite par un ouvrier capable de lui donner une perfection qui ne se trouve point dans aucune des autres machines."

 

Claude Perrault, Essais de physique ou recueil de plusieurs traités touchant les choses naturelles, 1680, tome I, Jean-Baptiste Coignard, p. 127-128.



"Regardez le monde autour de vous, contemplez le tout et toutes ses parties. Vous trouverez qu'il n'est rien qu’une grande machine subdivisée en un nombre infini de plus petites machines qui, de nouveau, admettent des subdivisions jusqu'à un degré tel que les sens et les facultés de l'homme ne peuvent les découvrir et les expliquer. Toutes ces diverses machines, et même leurs parties les plus minuscules, sont ajustées les unes aux autres avec une précision qui ravit d'admiration tous les hommes qui les ont contemplées. La curieuse adaptation des moyens aux fins dans toute la nature ressemble exactement, mais en beaucoup plus grand, aux productions des artifices humains, aux produits du dessein humain, de la sagesse et de l'intelligence humaines. Puisque donc les effets se ressemblent, nous sommes conduits à inférer, par toutes les règles de l'analogie, que les causes se ressemblent aussi et que l'Auteur de la Nature est en quelque façon semblable à l'esprit de l'homme, même s'il possède des facultés beaucoup plus grandes et proportionnées à la grandeur de l'ouvrage qu'il a exécuté. Par cet argument a posteriori et par cet argument seul, n'avons-nous pas prouvé en même temps l'existence de Dieu et sa similitude avec l'esprit et l'intelligence de l'homme ?"

 

David Hume, Dialogues sur la religion naturelle, 1779, Partie II, tr. fr. M. Philippe Folliot.


  "Jetez les yeux autour de vous sur le monde ; contemplez-en l'ensemble et chaque partie : vous verrez qu'il n'est pas autre chose qu'une grande machine, subdivisée en un nombre infini de machines plus petites, qui, à leur tour, admettent des subdivisions, à un degré qui dépasse ce que les sens et les facultés de l'homme peuvent découvrir et expliquer. Toutes ces diverses machines, - et même leurs plus petites parties, sont ajustées les unes aux autres avec une exactitude qui ravit en admiration quiconque les a jamais contemplées. La soigneuse adaptation des moyens aux fins à travers toute la nature, ressemble exactement, tout en les surpassant de beaucoup, aux productions de l'artifice humain, des desseins, de la pensée, de la sagesse et de l'intelligence humaines. Puis donc que les effets se ressemblent entre eux, nous sommes conduits à inférer, d'après toutes les règles de l'analogie, que les causes se ressemblent également, et que l'Auteur de la nature est quelque peu semblable à l'esprit de l'homme, quoique doué de facultés bien plus vastes, proportionnées à la grandeur de l'œuvre qu'il a exécutée. Par cet argument a posteriori, et par cet argument seul, nous prouvons à la fois l'existence d'une Divinité et sa similitude avec l'esprit et l'intelligence de l'homme."

 

David Hume, Dialogues sur la religion naturelle, 1779, Partie II, tr. fr. Maxime David, Vrin, 1973, p. 25-26.
 

 

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Date de création : 14/05/2024 @ 13:03
Dernière modification : 14/05/2024 @ 13:16
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