* *

Texte à méditer :   Un peuple civilisé ne mange pas les cadavres. Il mange les hommes vivants.   Curzio Malaparte
* *
Figures philosophiques

Espace élèves

Fermer Cours

Fermer Méthodologie

Fermer Classes préparatoires

Espace enseignants

Fermer Sujets de dissertation et textes

Fermer Elaboration des cours

Fermer Exercices philosophiques

Fermer Auteurs et oeuvres

Fermer Méthodologie

Fermer Ressources en ligne

Fermer Agrégation interne

Hors des sentiers battus
Le progrès technique

  "L'affirmation selon laquelle les moyens de communication sont source d'isolement ne vaut pas seulement pour le domaine intellectuel. Non seulement le discours menteur du speaker à la radio s'imprime dans le cerveau des hommes et les empêche de se parler, non seulement la publicité Pepsi-Cola couvre des informations concernant la débâcle de continents entiers, non seulement l'exemple du héros de cinéma vient s'interposer comme un spectre lorsque des adolescents s'étreignent ou que les adultes commentent un adultère. Le progrès sépare littéralement les hommes. […] les vitres des bureaux modernes, les salles immenses où travaillent d'innombrables employés que le public ou les patrons peuvent aisément surveiller ne permettent plus ni conversations privées, ni idylles. Même dans les administrations le contribuable a la garantie que les employés ne perdront plus de temps. Ils sont isolés dans la collectivité. Mais les moyens de communication isolent aussi les hommes physiquement. Les autos ont remplacé le chemin de fer. La voiture privée réduit les possibilités de rencontres au cours d’un voyage à des contacts avec des auto-stoppeurs parfois inquiétants. Les hommes voyagent sur leurs pneus, complètement isolément les uns des autres."

 

 

Max Horkheimer & Theodor Adorno, La Dialectique de la raison, 1947, tel, Gallimard, 1983.


 

  "La civilisation occidentale s'est entièrement tournée, depuis deux ou trois siècles, vers la mise à la disposition de l'homme de moyens mécaniques de plus en plus puissants. Si l'on adopte ce critère, on fera de la quantité d'énergie disponible par tête d'habitant l'expression du plus ou moins haut degré de développement des sociétés humaines. La civilisation occidentale, sous sa forme nord-américaine, occupera la place de tête, les sociétés européennes venant ensuite, avec, à la traîne, une masse de sociétés asiatiques et africaines qui deviendront indistinctes. [...]

  Si le critère retenu avait été le degré d'aptitude à triompher des milieux géographiques les plus hostiles, il n'y a guère de doute que les Eskimos d'une part, les Bédouins de l'autre, emporteraient la palme. [...]

 

Claude Lévi-Strauss, Race et histoire, 1951, p. 46, Gallimard, « Folio Essais », 1990, Denoël.



  "Qu'appelle-t-on […] « progrès technique » ? On peut répondre d'une manière assez vague mais généralement admise que c'est le progrès scientifique incarné dans les faits économiques. […]
  L'analyse de la notion de progrès conduit très vite à celle de rendement. Qu'est-ce que faire des progrès dans une science ou dans une profession ? C'est apprendre plus vite, résoudre d'abord, puis résoudre plus vite des problèmes théories ou pratiques, auparavant mal et lentement surmontés, ou même absolument insolubles ; c'est dominer la nature physique ou les difficultés naturelles que le monde oppose à l'action de l'homme.
  Le progrès c'est donc l'accroissement de la vitesse avec laquelle l'homme domine les difficultés. Cette vitesse de l'action humaine peut s'exprimer par un mode commode : c'est la productivité ou rendement. […]
  Nous connaissons déjà la cause fondamentale qui détermine les variations les plus amples du rendement du travail et qui, à long terme, s'avère prépondérante : c'est le progrès technique engendré par le progrès scientifique.
  Les variations de l'ordre de 1 à 5 ou à 10 qui ont affecté depuis cent cinquante ans les branches fondamentales de l'activité traditionnelle de l'homme ne peuvent être expliquées ni par des facteurs financiers tels que le crédit, ni par le plein emploi, ni par la mentalité indi­viduelle du travailleur, ni par toute autre cause poli­tique, psychologique ou sociale. En effet, aucun accrois­sement sensible du rendement du travail n'a été enre­gistré à l'échelle séculaire avant les grandes découvertes scientifiques de la vapeur, de l'électricité, etc. Les pro­grès enregistrés depuis cent cinquante ans dans l'indus­trie et l'agriculture résultent donc essentiellement des  progrès mêmes réalisés dans les sciences physiques, chimiques, naturelles, ou encore dans ces sciences nou­velles auxquelles on refuse encore, par suite d'une fausse conception de la méthode scientifique, le nom de sciences administratives : la comptabilité, l'organisation du tra­vail, l'organisation des marchés, la normalisation et la « définition rationnelle des produits ».
  Ces sciences administratives ne sont évidemment pas des sciences « exactes » basées sur l'appareil mathéma­tique du déterminisme universel, mais ce sont encore des sciences puisqu'elles étudient expérimentalement les phénomènes du monde sensible et donnent à l'homme les moyens de les accommoder au mieux de son action. Les sciences de la vie administrative sont une source d'autant plus précieuse de progrès techniques qu'elles le requièrent pas, comme les sciences exactes, la servit­ude des investissements ou capitaux financiers.
  La cause fondamentale qui engendre les progrès du rendement du travail est donc bien le progrès scientifique, seul déterminant à long terme".

 

Jean Fourastié, Le Grand espoir du XXe siècle, 1952, nrf idées, 1964, p. 31, p. 33 et p. 70-71.



    "Si l'on entend par technique l'ensemble des procédés dont se dotent les hommes, non point pour s'assurer la maîtrise absolue de la nature (ceci ne vaut que pour notre monde et son dément projet cartésien dont on commence à peine à mesurer les conséquences écologiques), mais pour s'assurer une maîtrise du milieu naturel adaptée et relative à leurs besoins, alors on ne peut plus du tout parler d'infériorité technique des sociétés primitives : elles démontrent une capacité de satisfaire leurs besoins au moins égale à celle dont s'enorgueillit la société industrielle et technique. C'est dire que tout groupe humain parvient, par force, à exercer le minimum nécessaire de domination sur le milieu qu'il occupe. On n'a jusqu'à présent connaissance d'aucune société qui se serait établie, sauf par contrainte et violence extérieure, sur un espace naturel impossible à maîtriser : ou bien elle disparaît, ou bien elle change de territoire. Ce qui surprend chez les Eskimo ou chez les Australiens, c'est justement la richesse, l'imagination et la finesse de l'activité technique, la puissance d'invention et d'efficacité que démontre l'outillage utilisé par ces peuples. Il n'est d'ailleurs que de se promener dans les musées ethnographiques : la rigueur de fabrication des instruments de la vie quotidienne fait presque de chaque modeste outil une oeuvre d'art. Il n'y a donc pas de hiérarchie dans le champ de la technique, il n'y a pas de technologie supérieure ni inférieure ; on ne peut mesurer un équipement technologique qu'à sa capacité de satisfaire, en un milieu donné, les besoins de la société. Et, de ce point de vue, il ne paraît nullement que les sociétés primitives se montrèrent incapables de se donner les moyens de réaliser cette fin".

Pierre Clastres, La société contre l'État, 1974, chapitre 11 : la société contre l'État, Éditions de minuit, 1974, p. 162-163.

 

    "[…] l'aspect de l'évolution technique se modifie lorsqu'on rencontre, au XIXe siècle, la naissance des individus techniques complets. Tant que ces individus remplacent seulement les animaux, la perturbation n'est pas une frustration. La machine à vapeur remplace le cheval pour remorquer les wagons ; elle actionne la filature : les gestes sont modifiés dans une certaine mesure, mais l'homme n'est pas remplacé tant que la machine apporte seulement une utilisation plus large des sources d'énergie. Les Encyclopédistes connaissaient et magnifiaient le moulin à vent, qu'ils représentaient dominant les campagnes de sa haute structure muette. Plusieurs planches, extrêmement détaillées, sont consacrées à des moulins à eau perfectionnés. La frustration de l'homme commence avec la machine qui remplace l'homme, avec le métier à tisser automatique, avec les presses à forger, avec l'équipement des nouvelles fabriques ; ce sont les machines que l'ouvrier brise dans l'émeute, parce qu'elles sont ses rivales, non plus moteurs mais porteuses d'outils ; le progrès du XVIIIe siècle laissait intact l'individu humain parce que l'individu humain restait individu technique, au milieu de ses outils dont il était le centre et le porteur. Ce n'est pas seulement par la dimension que la fabrique se distingue de l'atelier de l'artisan, mais par le changement du rapport entre l'objet technique et l'être humain : la fabrique est un ensemble technique qui comporte des machines automatiques, dont l'activité est parallèle à l'activité humaine : la fabrique utilise de véritables individus techniques, tandis que, dans l'atelier, c'est l'homme qui prête son individualité à l'accomplissement des actions techniques. Dès lors, l'aspect le plus positif, le plus direct, de la première notion de progrès, n'est plus éprouvé. Le progrès du XVIIIe siècle est un progrès ressenti par l'individu dans la force, la rapidité et la précision de ses gestes. Celui du XIXe siècle ne peut plus être éprouvé par l'individu, parce qu'il n'est plus centralisé par lui comme centre de commande et de perception, dans l'action adaptée. L'individu devient seulement le spectateur des résultats du fonctionnement des machines, ou le responsable de l'organisation des ensembles techniques mettant en oeuvre les machines. C'est pourquoi la notion de progrès se dédouble, devient angoissante, ambivalente ; le progrès est à distance de l'homme et n'a plus de sens pour l'homme individuel, car les conditions de la perception intuitive du progrès par l'homme n'existent plus".
 

Gilbert Simondon, Du mode d'existence des objets techniques, 1969, Aubier, p. 115-116.

 
    "Le progrès quasi autonome de la science et de la technique dont dépend effectivement la variable la plus importante du système, à savoir la croissance économique, fait [...] figure de variable indépendante. Il en résulte une perspective selon laquelle l'évolution du système social paraît être déterminée par la logique du progrès scientifique et technique. La dynamique immanente à ce progrès semble produire des contraintes objectives auxquelles doit se conformer une politique répondant à des besoins fonctionnels. Or, une fois que cette illusion s'est effectivement bien implantée, la propagande peut invoquer le rôle de la science et de la technique pour expliquer et légitimer les raisons pour lesquelles, dans les sociétés modernes, un processus de formation démocratique de la volonté politique concernant les questions de la pratique « doit » nécessairement perdre toute fonction et céder la place aux décisions de nature plébiscitaire concernant les alternatives mettant tel ou tel personnel administratif à la tête de l'État. C'est la thèse de la technocratie, et le discours scientifique en a développé la théorie sous différentes versions Mais le fait qu'elle puisse pénétrer aussi, en tant qu'idéologie implicite, dans la conscience de la masse de la production dépolitisée et avoir un pouvoir de légitimation me paraît plus important."


 

Habermas, La Technique et la Science comme idéologie, 1963, trad. J.-R. Ladmiral, Éd. Denoël, 1973, p. 45- 46.


  "Le progrès technique peut se définir comme le perfectionnement intrinsèque, grâce au progrès scientifique, des techniques variées dont se sert l'homme et qui sont elles-mêmes « des procédés bien définis et transmissibles destinés à produire certains résultats jugés utiles ». Il est donc étroitement lié au progrès scientifique dont il manifeste une expression, constitue un attribut au sens philosophique du terme. Entre science et technique existent des rapports de dépendance interne : la science fondamentale comprend, dans sa théorie même, les conditions qui déterminent ses applications. Les frontières (s'il en est) qui séparent techniques et sciences appliquées sont de plus en plus indécises. […]
  Contrairement aux grands espoirs qui ont soulevé nos aïeux, nous savons désormais qu'aucune acquisition du progrès technique n'est une valeur irréversible. Toutes les techniques peuvent être, de manière plus ou moins efficace et dangereuse, retournées contre l'homme.

  Le rythme de leurs acquisitions, de plus en plus rapide, pose de redoutables problèmes d'amortissement matériel et moral. Jadis, l'homme disposait (et usait) de plusieurs siècles pour s'adapter, économiquement, socialement, physiquement, aux effets suscités par les grandes inventions, telles que le moulin à eau ou le collier d'attelage du cheval. Aujourd'hui, c'est en quelques années (ou quelques mois) qu'il faut « digérer » d'importants changements techniques : nouveau type d'avion supersonique, d'ordinateur ou de machine-transfert. A l'échelle des transformations de la vie quotidienne dans les sociétés industrielles évoluées, depuis le début du XIXe siècle, celles qui avaient jalonné le précédent millénaire semblent presque négligeables. « L'ampleur non seulement des espoirs ouverts mais des certitudes acquises ne laisse aucun doute sur le caractère absolument exceptionnel » de la phase où se trouve actuellement notre espèce. Je souscrirais volontiers à ce jugement en soulignant toutefois qu'à côté de l'ampleur des espoirs, la gravité des menaces est, elle aussi, exceptionnelle.
  Le progrès technique présente, parmi ses traits essentiels, le caractère cumulatif d'acquisitions se succédant en un processus de durée indéterminable, puisqu'il est lié au développement des connaissances scientifiques. Rien ne semble pouvoir arrêter son cours, sinon des catastrophes, des « nuits » de l'histoire suscitées par l'homme lui-même. En supposant qu'il échappe à la folie de l'autodestruction, il ne peut arrêter l'automatisation, l'usage des ordinateurs, l'exploitation de l'énergie nucléaire, dans leurs progrès, même s'ils sont provisoirement retardés par des freins économiques ou sociaux. Si l'on considère en son ensemble l'évolution biologique (et particulièrement celle de l'humanité), elle s'est poursuivie dans une marche irréversible, sauf pour quelques espèces parasites : les hommes civilisés n'abandonneront pas plus volontairement le chauffage central ou la télévision que leur organisation de mammifères n'abandonnera l'homéothermie ou l'usage des yeux. Aujourd'hui, un courant, non réversible, entraîne toute la population de la planète vers la multiplication des biens de consommation, le confort matériel, l'usage des communications de masse (et, au premier rang, de la télévision). Il est désormais insensé de « condamner » le progrès technique."

 

Georges Friedmann, La puissance et la sagesse, 1970.



    "La notion de progrès en est ainsi venue à désigner de façon exclusive le progrès technique. L'idée d'un progrès esthétique, intellectuel, spirituel ou moral, sis en la vie de l'individu et consistant dans l'auto-développement et l'auto-accroissement des multiples potentialités phénoménologiques de cette vie, dans sa culture, n'a plus cours, ne disposant d'aucun lieu assignable dans l'ontologie implicite de notre temps selon laquelle il n'y a de réalité qu'objective et scientifiquement connaissable. Le progrès technique qui était compris traditionnellement comme l'effet d'une découverte théorique « géniale », c'est-à-dire accomplie par un individu exceptionnel (Pasteur), a lui aussi totalement changé de nature. Par ce biais de l'activité individuelle de l'inventeur et de sa vie propre, il était rattaché aux progrès de la culture en général et appréhendé comme une de ses branches. Mais rien de tel ne se retrouve aujourd'hui dans le développement de la technique s'accomplissant comme auto-développement. On peut seulement dire: si des techniques a, b, c, sont données dont la composition est la technique d, celle-ci sera produite, inévitablement, comme leur effet assuré, peu importe par qui et où. Ainsi s'explique la simultanéité des découvertes en divers pays, leur inéluctabilité aussi. Leur application n'est pas la suite éventuelle et contingente d'un contenu théorique préalable, celui-ci est déjà une application, un dispositif instrumental, une technique. Aucune instance n’existe, d'autre part, qui serait différente de ce dispositif et du savoir scientifique matérialisé en lui pour décider s'il convient ou non de le « réaliser ». Ainsi l'univers technique prolifère-t-il à la manière d'un cancer, s'auto-produisant et s'auto-normant lui-même en l’absence de toute norme, dans sa parfaite indifférence à tout ce qui n'est pas lui - à la vie [....]
  [...] À supposer que, au sein de ce développement monstrueux de la technique moderne, l'apparition d'un procédé nouveau - la fission de l'atome, une manipulation génétique, etc. - pose une question à la conscience d'un savant, cette question sera balayée comme anachronique parce que, dans la seule réalité qui existe pour la science, il n'y a ni question ni conscience. Et si d'aventure un savant se laissait arrêter par ses scrupules - ce qui d'ailleurs n'arrive jamais parce qu'un savant est au service de la science-, cent autres se lèveraient, se sont déjà levés pour prendre le relais. Car tout ce qui peut-être fait par la science doit être fait par elle et pour elle, puisqu'il n'y a rien d'autre qu'elle et que la réalité qu'elle connaît, à savoir la réalité objective, dont la technique est l'auto-réalisation".


Michel Henry, La barbarie, 1987, PUF, p. 99-100.
 
  "Le capitalisme remplace une logique de production à destination des générations futures par une dynamique de l'obsolescence programmée. La course à la nouveauté qui nous est imposée permet la mise sur le marché de produits périmés avant même leur usage. La cadence du progrès impose, par exemple, le remplacement quasi annuel des ordinateurs. Les disques vinyles eux, ont été remplacés par les cédéroms… Les cassettes vidéo par les dévédéroms... Cette innovation permanente induit nécessairement la production constante d'un important rebut :
 
La principale production de l'industrie capitaliste moderne et postmoderne est, précisément, celle des déchets. Nous sommes des êtres postmodernes lorsque nous comprenons que tous les artefacts dont nous jouissons pour leur caractère esthétique finiront probablement comme des restes destinés à transformer la terre en une immense terre gaste. On perd le sens du tragique, le progrès apparaît dérisoire[1].
 
  L'accumulation de déchets inutiles et improductifs, les montagnes de voitures dans les casses, les ordinateurs, voilà l'envers de la quête de la nouveauté effrénée du capitalisme. C'est face à ces monceaux toujours plus importants de « machins », inertes et hors d'usage, dans le face-à-face avec leur présence inerte et inutile, qu'il est possible de reconnaître la pulsion capitaliste au repos."
 
Slavoj Žižek, Fragile absolu. Pourquoi l'héritage chrétien vaut-il d'être défendu ?, 2000, tr. fr. François Théron, Champs essais, 2010, p. 63-64.

[1] Jacques-Alain Milner, "Le désir de Lacan", Lacanian Ink, n°14, printemps 1999, p. 19.
 
 

 

Date de création : 28/03/2006 @ 13:59
Dernière modification : 28/03/2020 @ 15:15
Catégorie :
Page lue 14618 fois


Imprimer l'article Imprimer l'article

Recherche



Un peu de musique
Contact - Infos
Visites

   visiteurs

   visiteurs en ligne

^ Haut ^