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Texte à méditer :  

Il est vrai qu'un peu de philosophie incline l'esprit de l'homme à l'athéisme ; mais que davantage de philosophie le ramène à la religion.   Francis Bacon


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Hors des sentiers battus
Les effets de la technique

    "L'affirmation selon laquelle les moyens de communication sont source d'isolement ne vaut pas seulement pour le domaine intellectuel. Non seulement le discours menteur du speaker à la radio s'imprime dans le cerveau des hommes et les empêche de se parler, non seulement la publicité Pepsi-Cola couvre des informations concernant la débâcle de continents entiers, non seulement l'exemple du héros de cinéma vient s'interposer comme un spectre lorsque des adolescents s'étreignent ou que les adultes commentent un adultère. Le progrès sépare littéralement les hommes. […] les vitres des bureaux modernes, les salles immenses où travaillent d'innombrables employés que le public ou les patrons peuvent aisément surveiller ne permettent plus ni conversations privées, ni idylles. Même dans les administrations le contribuable a la garantie que les employés ne perdront plus de temps. Ils sont isolés dans la collectivité. Mais les moyens de communication isolent aussi les hommes physiquement. Les autos ont remplacé le chemin de fer. La voiture privée réduit les possibilités de rencontres au cours d’un voyage à des contacts avec des auto-stoppeurs parfois inquiétants. Les hommes voyagent sur leurs pneus, complètement isolément les uns des autres."


Max Horkheimer & Theodor Adorno, La Dialectique de la raison (1947), tel, Gallimard, 1983.


 

 

 


    " L'homme ne peut jamais prévoir la totalité des conséquences d'une action technique. L'histoire montre que toute application technique a ses origines présente des effets imprévisibles et second beaucoup plus désastreux que la situation antérieures, à côté des effets prévus, attendus, qui sont valables et positifs […].

    Il est impossible de prévoir toutes les conséquences d'une action technique, et : la technique exige le passage dans le grand public de tout ce qu'elle produit. Le poids de la technique est tel qu'aucun obstacle ne l'arrête, or, chaque progrès technique se double d'un envers négatifs. […] L'homme est alors livré pieds et poings liés pour les plus grandes et les plus petites choses de sa vie à cette puissance, qu'il ne peut en aucune façon contrôler ; car il ne saurait être question, maintenant, qu'il contrôle le lait qu'il boit, le pain qu'il mange, pas plus que son gouvernement. Ainsi, en est-il du développement de la grande usine, des transports, du cinéma, etc. C'est seulement appris un temps d'expérimentation douteuse qu'une technique s'affine et apprend à modifier ses conséquences secondes par une succession de perfectionnements techniques.

    Dès lors, dira-t-on, il est possible d'apprivoiser le montre, de séparer les bons et mauvais résultas d'une opération technique. Oui, mais toujours dans la même perspective, le nouveau progrès technique produit à son tour d'autres effets secondes et imprévisibles non moins désastreux que les précédents, quoique évidemment d'un autre ordre. Ainsi, M. de Castro déclare que les nouvelles techniques d'exploitation du sol supposent un contrôle de l'Etat de plus en plus puissant, avec la police, l'idéologie, la propagande qui en sont la rançon".


Jacques Ellul, La technique ou l'enjeu du siècle, 1954, Editions Economica, p.99.

 


 

 

"Pendant l’âge machiniste qui reflue désormais, on pouvait agir beaucoup sans trop se faire de souci. La lenteur du mouvement retardait considérablement les réactions. [...] Nous avons maîtrisé l’art d’accomplir les opérations sociales les plus dangereuses avec le plus complet détachement. Mais notre détachement était une attitude de non-engagement due à l’absence de participation. À l’âge de l’électricité, où notre système nerveux central se prolonge technologiquement au point de nous engager vis-à-vis de l’ensemble de l’humanité et de nous l’associer, nous participons nécessairement et en profondeur aux conséquences de chacune de nos actions. Il ne nous est plus possible d’adopter l’attitude flegmatique et détachée de l’Occidental alphabétisé. Ce que le théâtre de l’absurde met en scène, c’est le dilemme nouveau de l’Occidental, l’homme d’action qui semble être devenu indifférent à l’action. C’est de là que viennent les clowns de Samuel Beckett et c’est ce qui nous les rend si attachants. Après 3000 ans d’explosion spécialisée et de spécialisation et d’aliénation croissantes dues aux prolongements technologiques de notre corps, notre univers se comprime brutalement dans un renversement dramatique de la situation. Contracté par l’électricité, notre globe n’est plus qu’un village. Et en précipitant ensemble en une implosion soudaine toutes les fonctions sociales et politiques, la vitesse de l’électricité a intensifié à l’extrême le sens humain de la responsabilité."

 

Herbert Marshall Mc Luhan, Pour Comprendre les médias, 1968, Introduction.

 

 

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Date de création : 27/09/2007 @ 19:22
Dernière modification : 19/07/2011 @ 15:45
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