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Texte à méditer :  Une vie sans examen ne mérite pas d'être vécue.  Socrate
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Hors des sentiers battus
La critique de l'Etat
  "L'État, comme division instituée de la société en un haut et un bas, est la mise en jeu effective de la relation de pouvoir. Détenir le pouvoir, c'est l'exer­cer : un pouvoir qui ne s'exerce pas n'est pas un pouvoir, il n'est qu'une apparence. Et peut-être, de ce point de vue, certaines royautés, africaines ou autres, seraient-elles à classer dans l'ordre, plus efficacement trompeur qu'on ne pourrait croire, de l'apparence. Quoi qu'il en soit, la relation de pouvoir réalise une capacité absolue de division dans la société. Elle est, à ce titre, l'essence même de l'institution étatique, la figure minimale de l'État. Réciproquement, l'État n'est que l'extension de la relation de pouvoir, l'approfondissement sans cesse plus marqué de l'inégalité entre ceux qui comman­dent et ceux qui obéissent. Sera déterminée comme société primitive toute machine sociale qui fonc­tionne selon l'absence de la relation de pouvoir. Sera par conséquent dite à État, toute société dont le fonctionnement implique, si minime puisse-t-il nous paraître, l'exercice du pouvoir."

 

Pierre Clastres, "Liberté, Malencontre, Innommable", 1976, in Étienne de La Boétie, Le discours de la servitude volontaire, Payot, 2002, p. 252-253.


 

  "À partir du moment où les droits de l'homme sont posés comme ultime référence, le droit établi est voué au questionnement. Il fait toujours plus question, à mesure que des volontés collectives ou, si l'on préfère, que des agents sociaux porteurs de revendications nouvelles mobilisent une force en opposition à celle qui tend à contenir les effets des droits reconnus. Or, là où le droit est en question, la société, entendons l'ordre établi, est en question. Si efficaces soient les moyens dont dispose une classe pour exploiter à son profit et dénier aux autres les garanties du droit, où ceux dont dispose le pouvoir pour se subordonner l'administration de la justice ou assujettir les lois aux impératifs de la domination, ces moyens restent exposés à une opposition de droit. Ce dernier terme, me semble-t-il, devrait être bien pesé. L'État de droit a toujours impliqué la possibilité d'une opposition au pouvoir, fondée sur le droit. [...] Mais l'État démocratique excède les limites traditionnellement assignées à l'État de droit. Il fait l'épreuve de droits qui ne lui sont pas déjà incorporés, il est le théâtre d'une contestation, dont l'objet ne se réduit pas à la conservation d'un pacte tacitement établi, mais qui se forme depuis des foyers que le pouvoir ne peut entièrement maîtriser. De la légitimation de grève, au droit relatif au travail ou à la Sécurité sociale, s'est ainsi développée sur la base des droits de l'homme toute une histoire qui transgressait les frontières dans lesquelles l'État prétendait se définir, une histoire qui reste ouverte."
 
Claude Lefort, Droits de 1'homme et Politique, in Libre n° 7, 1980, Éd. Payot, p. 25-26.

 

  "L'État n'est donc pas une composante ordinaire de la société. En fait, la présente partie de notre ouvrage vise essentiellement à démontrer que l'État n'est pas, comme le voudraient la plupart des économistes utilitaristes, une institution sociale légitime affectée par une fâcheuse propension à la gabegie et à l'inefficacité. Bien au contraire, l'État est une institution fondamentalement illégitime qui se fonde sur l'agression systématisée, le crime organisé et banalisé contre la personne et la propriété de ses sujets. Loin d'être nécessaire à la société, c'est une institution profondément antisociale qui parasite les activités productives des citoyens honnêtes. D'un point de vue moral, on doit considérer l'État comme illégitime et hors du Droit commun libertarien (comme nous l'avons fait pressentir dans la deuxième partie de cet ouvrage), qui délimite et garantit les Droits et les propriétés légitimes des citoyens privés. Du point de vue de la justice et de la morale, par conséquent, l'État n'est propriétaire de rien, il ne peut exiger aucune obéissance ni le respect d'aucun contrat conclu avec lui puisqu'en vérité, il ne devrait même pas exister.
  Une justification courante de l'État est que l'homme est un « animal social » obligé de vivre en société, alors que les individualistes et les libertariens n'envisageraient que des « individus atomisés », sans influence réciproque et détachés de leurs frères humains. Aucun libertarien n'a jamais soutenu que les individus seraient des atomes isolés ; au contraire, tous les libertariens reconnaissent la nécessité et les énormes avantages de la vie en société et de la division sociale du travail. Les défenseurs de l'État, y compris les philosophes aristotéliciens et thomistes classiques, sont tombés dans cet énorme non sequitur qui consiste à sauter de la nécessité de la société à la nécessité de l'État. Alors qu'en fait, comme nous l'avons montré, l'État est un facteur social qui empêche l'échange volontaire entre les hommes, la créativité individuelle et la division du travail. La « société » est une étiquette commode pour décrire la libre interaction entre les personnes dans les échanges volontaires. Il convient ici de rappeler la distinction éclairante établie par Albert Jay Nock entre le « pouvoir social », fruit de l'échange volontaire qui caractérise l'économie et la civilisation, et le « pouvoir étatique », qui consiste dans l'interférence coercitive et l'exploitation de ces avantages. Dans cette perspective, Nock a montré que l'histoire humaine est essentiellement une course où s'opposent le pouvoir social et le pouvoir étatique : d'un côté les fruits bienfaisants de la production et de la créativité pacifiques et libres et, de l'autre, le fléau parasitaire des hommes de l'État s'abattant sur les processus volontaires de la société civile. Tous ces services dont on croit généralement qu'ils nécessitent l'intervention de l'État – de la frappe de la monnaie à la sécurité publique en passant par le développement du Droit pour la protection de la personne et de la propriété – peuvent être, et ont été produits beaucoup plus efficacement et certainement de manière plus morale par des personnes privées. Il n'y a rien dans la nature de l'homme qui rende l'État nécessaire, bien au contraire."

 

Murray N. Rothbard, L'Éthique de la liberté, 1982, 3e partie, chapitre 24, tr. fr. François Guillaumat et Pierre Lemieux.

 

  "The State, then, is not simply a part of society. The brunt of this part of the present volume, in fact, is to demonstrate that the State is not, as most utilitarian free-market economists like to think, a legitimate social institution that tends to be bumbling and inefficient in most of its activities. On the contrary, the State is an inherently illegitimate institution of organized aggression, of organized and regularized crime against the persons and properties of its subjects. Rather than necessary to society, it is a profoundly anti-social institution, which lives parasitically off the productive activities of private citizens. Morally it must be considered as illegitimate and outside of the ordinary libertarian legal system (such as adumbrated in Part II above), which delimits and insures the rights and just properties of private individual citizens. Thus, from the point of view of justice and morality, the State can own no property, require no obedience, enforce no contracts made with it, and indeed, cannot exist at all.
  A common defense of the State holds that man is a « social animal », that he must live in society, and that individualists and libertarians believe in the existence of « atomistic individuals » uninfluenced by and unrelated to their fellow men. But no libertarians have ever held individuals to be isolated atoms; on the contrary, all libertarians have recognized the necessity and the enormous advantages of living in society, and of participating in the social division of labor. The great non sequitur committed by defenders of the State, including classical Aristotelian and Thomist philosophers, is to leap from the necessity of society to the necessity of the State .On the contrary, as we have indicated, the State is an antisocial instrument, crippling voluntary interchange, individual creativity, and the division of labor. « Society » is a convenient label for the voluntary interrelations of individuals, in peaceful exchange and on the market. Here we may point to Albert Jay Nock's penetrating distinction between « social power » — the fruits of voluntary interchange in the economy and in civilization — and « State power », the coercive interference and exploitation of those fruits. In that light. Nock showed that human history is basically a race between State power and social power, between the beneficent fruits of peaceful and voluntary production and creativity on the one hand, and the crippling and parasitic blight of State power upon the voluntary and productive social process . All of the services commonly thought to require the State — from the coining of money to police protection to the development of law in defense of the rights of person and property — can be and have been supplied far more efficiently, and certainly more morally, by private persons. The State is in no sense required by the nature of man; quite the contrary. »

 

Murray N. Rothbard, The Ethics of Liberty, 1982, New York University Press, 1998, p. 187-188.


Date de création : 28/07/2011 @ 14:17
Dernière modification : 21/01/2025 @ 10:43
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