"Rapports sociaux, de sexe ou de genre, quelle que soit la terminologie utilisée, les rapports entre les hommes et les femmes produisent du vivre ensemble. Des groupes producteurs d'appartenance, de solidarité, de reconnaissance mutuelle. Mais sexués. Ces groupes sexués ne sont pas le produit de destins biologiques, mais avant tout des constructions sociales reposant sur un rapport hiérarchique entre les sexes. Avec un enjeu central, le travail.
Pour Danièle Kergoat, la division sexuelle du travail a comme caractéristique l'assignation prioritaire des hommes à la sphère productive et celle des femmes à la sphère reproductive. Et, de ce fait, la captation par les hommes des fonctions sociales à fortes valeurs ajoutées (politiques, religieuses, militaires, etc.), avec deux principes organisateurs : il y a des travaux d'hommes et des travaux de femmes ; un travail d'homme vaut plus qu'un travail de femme.
Enfin, plus le travail est le résultat d'une qualification, plus il apparaît comme qualifié. Plus il est l'effet de capacités considérées comme naturelles, moins il est qualifié.
Danièle Kergoat montre comment les métiers se répartissent entre les sexes, et aussi la manière dont les femmes adoptent la position fautive, s'attribuant toujours la responsabilité de la place qu'elles n'obtiennent pas."
Marie Pezé, Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés, 2008, Champs actuel, 2010, p. 20-21.