"Nous ne dérivons plus l'homme de « l'esprit », de la « divinité », nous l'avons replacé dans le monde animal. Nous le tenons pour l'animal le plus fort parce qu'il est le plus rusé : de là résulte entre autres qu'il est spirituel. Nous repoussons d'autre part une fatuité qui aimerait bien là aussi se refaire entendre : comme si l'homme avait été le grand arrière-dessein de l'évolution animale. Il n'a vraiment rien d'un couronnement de la création : tout être, à ses côtés, se trouve à un égal degré de perfection... Et le prétendre est encore une prétention : pris relativement, l'homme est l'animal le plus malvenu, le plus morbide, le plus dangereusement dévoyé de ses instincts - bien entendu, avec tout ça, aussi le plus intéressant !"
Nietzsche, L'Antéchrist, 1895, § 14, Bouquins II, p. 1049.