"Freud insiste sur ceci, que toute façon pour l'homme de trouver l'objet est, et n'est jamais que, la suite d'une tendance où il s'agit d'un objet perdu, d'un objet à retrouver.
Freud nous indique que l'objet est saisi par la voie d'une recherche de l'objet perdu. Cet objet qui correspond à un stade avancé de la maturation des instincts est un objet retrouvé, l'objet retrouvé du premier sevrage, l'objet qui a été d'abord le point d'attache des premières satisfactions de l'enfant.
Il est clair qu'une discordance est instaurée par le seul fait de cette répétition. Une nostalgie lie le sujet à l'objet perdu, à travers laquelle s'exerce tout l'effort de la recherche. Elle marque la retrouvaille du signe d'une répétition impossible, puisque précisément ce n'est pas le même objet, ce ne saurait l'être. La primauté de cette dialectique met au centre de la relation sujet-objet une tension foncière, qui fait que ce qui est recherché n'est pas recherché au même titre que ce qui sera trouvé. C'est à travers la recherche d'une satisfaction passée et dépassée que le nouvel objet est cherché, et qu'il est trouvé et saisi ailleurs qu'au point où il est cherché. Il y a là une distance foncière qui est introduite par l'élément essentiellement conflictuel que comporte toute recherche de l'objet."
Jacques Lacan, Le Séminaire, livre IV, « La Relation d'objet » (1956-1957), texte établi par J.-A. Mifler, 9 Seuil, « Champ freudien », 1994 p. 14-15.