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Texte à méditer :  Ceux qui brûlent des livres finissent tôt ou tard par brûler des hommes.  Heinrich Heine
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Hors des sentiers battus
Connaître (ou non) son bonheur
Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le texte soit d'abord étudié dans son ensemble.
 
  "Que notre vie était heureuse, c'est ce dont nous ne nous apercevons qu'au moment où ces jours heureux ont fait place à des jours malheureux. Autant les jouissances augmentent, autant diminue l'aptitude à les goûter : le plaisir devenu habitude n'est plus éprouvé comme tel. Mais par là même grandit la faculté de ressentir la souffrance ; car la disparition d'un plaisir habituel cause une impression douloureuse. Ainsi la possession accroît la mesure de nos besoins, et du même coup la capacité de ressentir la douleur. - Le cours des heures est d'autant plus rapide qu'elles sont agréables, d'autant plus lent qu'elles sont plus pénibles ; car le chagrin, et non le plaisir, est l'élément positif, dont la présence se fait remarquer. De même nous avons conscience du temps dans les moments d'ennui, non dans les instants agréables. Ces deux faits prouvent que la partie la plus heureuse de notre existence est celle où nous la sentons le moins."
 
Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation,1819, trad. A. Burdeau, Paris, PUF, 1966, p. 1337.
 
1. Dégagez la thèse de ce texte et montrez comment elle est établie.
2. Expliquez :
a) « le plaisir devenu habitude n'est plus éprouvé comme tel » ;
b) « la possession accroît la mesure de nos besoins » ;
c) « nous avons conscience du temps dans les moments d'ennui ».
3. N'avons-nous conscience de notre bonheur que lorsqu'il a disparu ?


  "- Il a fallu la guerre pour nous apprendre que nous étions heureux, dit Berthier, toujours grave.
  - Oui, il a fallu connaître la misère, approuve Gilbert. Avant, nous ne savions pas, nous étions des ingrats…
  Maintenant, nous savourons la moindre joie, ainsi qu'un dessert dont on est privé. Le bonheur est partout : c'est le gourbi où il ne pleut pas, une soupe bien chaude, la litière de paille sale où l'on se couche, l'histoire drôle qu'un copain raconte, une nuit sans corvée… Le bonheur ? mais cela tient dans les deux pages d'une lettre de chez soi, dans un fond de quart de rhum. Pareil aux enfants pauvres, qui se construisent des palais avec des bouts de planche, le soldat fait du bonheur avec tout ce qui traîne.
  Un pavé, rien qu'un pavé, où se poser dans un ruisseau de boue, c'est encore du bonheur. Mais il faut avoir traversé la boue, pour le savoir."

Roland Dorgelès, Les crois de bois, 1919, Chapitre VI, Le livre de poche, 1974, p. 171-172.


Date de création : 13/03/2012 @ 14:21
Dernière modification : 08/04/2013 @ 15:38
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