"[…] le monde des peuples commença par les religions […].
Lorsque la guerre a tellement plongé les peuples dans la barbarie et la férocité, que les lois humaines ne peuvent plus être respectées par eux, la religion seule est alors capable de les réduire et de les dompter.
Cet axiome nous montre comment, dans l'état de barbarie, la divine providence se servit de moyens violents et terribles pour fonder la civilisation et pour ordonner les nations après elle ; réveillant ainsi chez les peuples une idée confuse de la divinité qu'ils appliquèrent faussement, mais qui, par l'effroi dont elle les frappa, servit pourtant à les ramener à l'ordre. […]
Polybe a dit que s'il y avait des philosophes dans le monde, on pourrait se passer de religion ; mais nous dirons avec plus de raison que, sans la religion, il n'y aurait pas d'état, pas de civilisation, et par conséquent point de philosophes."
Giambattista Vico, La science nouvelle, 1725, tr. fr. Christina Trivulzio Princesse de Belgiojoso, Gallimard, tel, 1993, p. 78.