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Texte à méditer :   Le progrès consiste à rétrograder, à comprendre [...] qu'il n'y avait rien à comprendre, qu'il y avait peut-être à agir.   Paul Valéry
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Hors des sentiers battus
Critiques de la distinction esprit-corps
  "Si l'on fait la part des nombreux raffinements, il n'en demeure pas moins vrai que notre langage quotidien et notre imaginaire routinier continuent d'opérer dans le cadre d'un dualisme corps-esprit sommaire tout prêt. Dans notre recours spontané à des oppositions du type psychique et physique, mental et corporel, inné et acquis, nous n'avons guère progressé par rapport aux schémas dissociatifs de la philosophie cartésienne ou idéaliste. Pour reprendre une formule célèbre, il y a un fantôme dans la machine (A Ghost in the Machine[1]) et les deux sont plus ou moins synchronisés. Quand nous nous donnons la peine de réfléchir, de considérer les faits, vous voyons bien naturellement, que ce dualisme rudimentaire ne fait pas l'affaire. Les catégories sont désespérément brouillées ; les zones intermédiaires, les formes d'interaction et de détermination réciproque sont beaucoup trop nombreuses. Les pouvoirs de suggestion agissent sur la douleur; les pratiques sympathiques et hypnotiques font souvent disparaître les verrues ; l'acupuncture n'est pas un abus de confiance (à moins que, par confiance, nous entendions l'acquiescement actif du système nerveux à un processus analgésique). Ce sont là des exemples banals, pris dans un large éventail de réalités psychosomatiques. Les études récentes de la génération du langage indiquent qu'il existe une médiation cruciale entre la matrice neurophysiologique, voire neurochimique, d'un côté, et des facteurs qu'on ne saurait qualifier autrement que de psychiques et culturels de l'autre. Où que l'on se tourne - vers les théories de la perception humaine, l'étude du stress et de la psychopathologie, de la linguistique et de la biologie moléculaire -, on trouve des réévaluations corrélatives de tout le modèle de l'agencement du corps et de l'esprit. C'est même devenu un honnête lieu commun : la conscience agit sur l'environnement ; la conscience est, en un sens, la structure environnementale ; et entre l'immatériel et le matériel existent des réciprocités d'interaction dynamique. Partout, le vieux divorce de la chair et de l'esprit cède à une métaphore du continuum autrement plus complexe."
 
George Steiner, Nostalgie de l'absolu, 1974, tr. fr. Pierre-Emmanuel Dauzat, 10/18, 2003, p. 64-65.

[1] C'est par l'expression "ghost in the machine" que le philosophe britannique Gilbert Ryle décrit le dualisme esprit-corps de Descartes. La phrase fut utilisée par Ryle dans son livre The Concept of Mind (1949).

Date de création : 24/04/2013 @ 14:57
Dernière modification : 23/11/2017 @ 08:06
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