* *

Texte à méditer :   Un peuple civilisé ne mange pas les cadavres. Il mange les hommes vivants.   Curzio Malaparte
* *
Figures philosophiques

Espace élèves

Fermer Cours

Fermer Méthodologie

Fermer Classes préparatoires

Espace enseignants

Fermer Sujets de dissertation et textes

Fermer Elaboration des cours

Fermer Exercices philosophiques

Fermer Auteurs et oeuvres

Fermer Méthodologie

Fermer Ressources en ligne

Fermer Agrégation interne

Hors des sentiers battus
La ville comme centre d'échanges

  "La ville concentre, au profit ou aux dépens des campagnes voisines, l'essentiel des services indispensables au fonctionnement d'une économie d'échanges. Du simple bourg à la métropole, cette fonction fondamentale se retrouve, à des degrés divers. Certains auteurs la considèrent comme constitutive de la ville : sans cette activité, la ville ne serait qu'une cité. La fonction régionale peut se décomposer en trois groupes d'échanges principaux :
  - Les échanges commerciaux (flux de marchandises) s'effectuent dans les deux sens, vers la ville et à partir de la ville. Vers la ville convergent les produits agricoles pour satisfaire aux besoins de la population urbaine ou pour réexpédition. On connaît par exemple le rôle des villes du Middle West dans la collecte, le stockage et l'expédition des céréales, le négoce, l'expédition et l'abattage du bétail ; on connaît aussi la place tenue par Abidjan et ses satellites ivoiriens dans la collecte et l'expédition du café, du cacao, du bois. Inversement, de la ville partent des produits de consommation ou d'équipement nécessaires aux ruraux, par l'intermédiaire de marchés ou de foires temporaires, de commerçants permanents ou de réseaux de distribution à la tête desquels se trouvent les grossistes et demi-grossistes dont la localisation est presque toujours urbaine. Mais cette fonction commerciale ne se réduit pas à des transactions inverses d'échanges, même dans les cas les plus simples. S'y ajoutent, dans les deux sens, stockage, conditionnement, parfois transformation du produit, tri et dispatching de la marchandise afin d'assurer dans le temps et dans I'espace la régulation entre l'offre et la demande. Certes la totalité de ces activités ne se situe pas obligatoirement en ville. Quelques agents peuvent se trouver isolés dans des villages. Mais c'est en ville, par la ville, sous des formes extrêmement variées, que s'effectue la concentration des intermédiaires multiples dont les contacts quasi permanents sont indispensables au fonctionnement des transactions. Ainsi la ville est-elle, au sens plein du terme, un marché - qu'il s'agisse de Bouira, petit centre au contact de la Kabylie du Djurdjura et des Hautes Plaines algériennes, ou de Londres, New York, Paris, grandes places mondiales.

  - Les échanges de services non matériels (flux d'informations) prennent place à côté des échanges de marchandises en jouant un rôle au moins aussi important. Ils se décomposent entre les services administratifs qui assurent une régulation entre l'État et la population, entre la société globale et la société régionale et locale, les services scolaires et l'information qui permettent la transmission du savoir et sa diffusion spatiale, les services sanitaires qui entretiennent la bonne santé de la population et son renouvellement en exploitant les connaissances médicales, les loisirs enfin pour la récréation de l'esprit et du corps.
  Nul doute que toutes ces activités ne sont pas strictement urbaines : le gendarme, l'instituteur, le médecin, l'animateur de bal ou le « griot » se présentent aussi comme des personnages de la vie de village. Mais c'est la ville qui les rassemble pour faire d'activités isolées dans le temps et dans l’espace une fonction polarisée. Tel est le sens de la remarque de M. Rochefort qui constate que si le médecin peut être médecin de campagne, la réunion du médecin, du dentiste et du pharmacien ne se rencontre que dans une ville.
 
- Les échanges monétaires (flux de capitaux) sont assurés par le réseau des prêteurs, des usuriers, des notaires, et, dans le monde moderne, par celui des banques. […] Les banques constituent des réseaux hiérarchisés, appuyés sur les villes, qui capitalisent les fonds de roulement des agents économiques, drainent l'épargne et dégagent les capitaux nécessaires aux investissements. Entre les agriculteurs, dispersés, les commerçants qui se trouvent en ville et à la campagne, les agents des services, les industriels, la banque est un rouage essentiel qui se situe au point de rencontre de tous, en ville."

 

Armand Frémont, La région, espace vécu, 1976, 2e édition, 1999, Champs essais, 2009, p. 97-99.

 

Retour au menu sur la société et les échanges


Date de création : 15/09/2013 @ 17:32
Dernière modification : 15/09/2013 @ 17:32
Catégorie :
Page lue 4801 fois

Recherche



Un peu de musique
Contact - Infos
Visites

   visiteurs

   visiteurs en ligne

^ Haut ^