"Il faut donc bien déterminer le nombre des fonctions <nécessaires à la cité> […]
D'abord <une cité> doit avoir de quoi se nourrir, ensuite des métiers (car vivre demande beaucoup d'instruments), en troisième lieu des armes (car il est nécessaire aux membres d'une communauté d'avoir des armes, y compris par devers soi, pour <soutenir> le pouvoir à cause des rebelles, et contre ceux qui de l'extérieur se livrent à d'injustes attaques), et aussi une certaine abondance de ressources pour satisfaire aux besoins propres et aux <dépenses> guerrières, en cinquième lieu, mais de première <importance> la fonction concernant le divin que l'on appelle un culte, la sixième (fonction) et la plus nécessaire c'est celle qui tranche les questions d'intérêt <général> et les affaires judiciaires entre <citoyens>. Telles sont à peu près les fonctions dont toute cité a besoin (car la cité est une masse <de gens réunie> non pas au hasard mais en vue d'une vie autarcique […]. Et si l'une d'entre elles venait à manquer, il serait impossible que la communauté en question soit absolument autarcique. Il est dès lors nécessaire pour une cité d'être organisée selon ces fonctions. Il <lui> faut donc une masse de paysans qui lui fournissent sa nourriture, des ouvriers, un corps de bataille, une classe aisée, des prêtres, des juges pour les affaires judiciaires et les questions d'intérêt général."
Aristote, Les politiques, Livre VII, Chapitre 8, 1328a-b, tr. fr. Pierre Pellegrin, GF, p. 474-475.
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