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Texte à méditer :  Time is money.
  
Benjamin Franklin
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La foi

  "Avoir la foi, c'est être sûr de ce que l'on espère, c'est être convaincu de la réalité de ce que l'on ne voit pas. C'est à cause de leur foi que les hommes des temps passés ont été approuvés par Dieu.
  Par la foi, nous comprenons que l'univers a été formé par la parole de Dieu, de sorte que ce que l'on voit a été fait à partir de ce que l'on ne voit pas.

  Par la foi, Abel offrit à Dieu un sacrifice meilleur que celui de Caïn. Grâce à elle, il fut déclaré juste par Dieu, car Dieu lui-même approuva ses dons. Par sa foi, Abel parle encore, bien qu'il soit mort.
  Par la foi, Hénok fut emmené auprès de Dieu sans avoir connu la mort ; personne ne put le retrouver, parce que Dieu l'avait enlevé auprès de lui. L'Écriture déclare qu'avant d'être enlevé, Hénok avait plu à Dieu. Or, personne ne peut plaire à Dieu sans la foi. En effet, celui qui s'approche de Dieu doit croire que Dieu existe et qu'il récompense ceux qui le cherchent.
  Par la foi, Noé écouta les avertissements de Dieu au sujet de ce qui allait se passer et qu'il ne pouvait pas encore voir. Il obéit à Dieu et construisit une arche dans laquelle sa famille et lui furent sauvés. Ainsi, il condamna le monde et obtint, au moyen de la foi, que Dieu le considère comme juste.
  Par la foi, Abraham obéit quand Dieu l'appela : il partit pour un pays que Dieu allait lui donner en possession. Il quitta son propre pays sans savoir où il allait. Par la foi, il vécut comme s'il était un étranger dans le pays que Dieu lui avait promis. Il habita sous des tentes avec Isaac et Jacob, qui avaient reçu la même promesse de Dieu. Car Abraham attendait la cité qui a de solides fondations, celle dont Dieu est l'architecte et le constructeur.
  Par la foi, Abraham fut rendu capable d'être père, alors qu'il avait passé l'âge de l'être et que Sara elle-même ne pouvait avoir d'enfant. Il eut la certitude que Dieu tiendrait sa promesse. C'est ainsi qu'à partir de ce seul homme qui, pourtant, était déjà marqué par la mort, naquirent des descendants nombreux comme les étoiles dans le ciel, innombrables comme les grains de sable au bord de la mer.
  C'est dans la foi que tous ces hommes sont morts. Ils n'ont pas reçu les biens que Dieu avait promis, mais ils les ont vus et salués de loin, et ils ont déclaré qu'ils étaient des étrangers et des exilés sur la terre. Ceux qui parlent ainsi montrent clairement qu'ils recherchent une patrie. S'ils s'étaient mis à regretter le pays qu'ils avaient quitté, ils auraient eu l'occasion d'y retourner. En réalité, ils désiraient une patrie meilleure, c'est-à-dire la patrie céleste. C'est pourquoi Dieu n'a pas honte d'être appelé leur Dieu, car il leur a préparé une cité.
  Par la foi, Abraham offrit Isaac en sacrifice lorsque Dieu le mit à l'épreuve. C'est à lui, Abraham, que Dieu avait fait la promesse, et pourtant il se montra prêt à offrir son fils unique en sacrifice. Dieu lui avait dit : « C'est par Isaac que tu auras les descendants que je t'ai promis.» Abraham estima que Dieu avait le pouvoir de ramener Isaac de la mort à la vie ; et Abraham reçut de nouveau Isaac qui lui fut, pour ainsi dire, ramené d'entre les morts.
  Par la foi, Isaac donna à Jacob et à Ésaü une bénédiction qui se rapportait à leur avenir.
  Par la foi, Jacob bénit chacun des fils de Joseph, peu avant de mourir ; il s'appuya sur l'extrémité de son bâton et adora Dieu.
  Par la foi, Joseph, à la fin de sa vie, parla du moment où les Israélites sortiraient d'Égypte et indiqua ce que l'on devait faire de ses ossements.
  Par la foi, les parents de Moïse le tinrent caché pendant trois mois après sa naissance. Ils virent que c'était un bel enfant et n'eurent pas peur de désobéir à l'ordre du roi.
  Par la foi, Moïse, devenu grand, renonça au titre de fils de la fille du Pharaon. Il préféra être maltraité avec le peuple de Dieu plutôt que de jouir des plaisirs momentanés du péché.
  Par la foi, Moïse, devenu grand, refusa d'être appelé fils de la fille du Pharaon. Il préféra être maltraité avec le peuple de Dieu plutôt que de jouir du péché pendant quelque temps. Il estima que subir le mépris comme le Messie avait beaucoup plus de valeur que les trésors de l'Égypte, car il avait les yeux fixés sur la récompense future.
  Par la foi, Moïse quitta l'Égypte, sans avoir peur de la colère du roi ; il demeura ferme, comme s'il voyait le Dieu invisible. Par la foi, il institua la Pâque et ordonna de répandre du sang sur les portes des maisons, afin que l'ange de la mort ne tue pas les fils premiers-nés des Israélites.
  Par la foi, les Israélites traversèrent la mer Rouge comme si c'était une terre sèche ; mais lorsque les Égyptiens essayèrent d'en faire autant, ils furent noyés.
  Par la foi, les murailles de Jéricho tombèrent, après que les Israélites en eurent fait le tour pendant sept jours. Par la foi, Rahab, la prostituée, ne mourut pas avec ceux qui avaient désobéi à Dieu, parce qu'elle avait accueilli les espions avec bienveillance.
  Que dirai-je encore ? Le temps me manquerait pour parler de Gédéon, de Barac, de Samson, de Jefté, de David, de Samuel, ainsi que des prophètes. Grâce à la foi, ils conquirent des pays, firent ce qui est juste et obtinrent ce que Dieu avait promis. Ils fermèrent la gueule des lions, éteignirent des feux violents, évitèrent d'être tués par l'épée. Ils étaient faibles et devinrent forts ; ils furent redoutables à la guerre et vainquirent des armées étrangères. Par la foi, des femmes virent leurs morts ramenés à la vie pour leur être rendus.
  D'autres ont été torturés à mort ; ils refusèrent la délivrance, afin d'être ramenés de la mort à une vie meilleure. D'autres encore subirent des moqueries et des coups fouet, certains furent enchaînés et jetés en prison. Certains furent tués à coups de pierres, d'autres sciés en deux ou mis à mort par l'épée. Ils allaient d'un endroit à l'autre vêtus de peaux de moutons ou de chèvres, pauvres, persécutés et maltraités. Le monde n'était pas digne de ces hommes-là ! Ils erraient dans les déserts et les montagnes, ils vivaient dans les cavernes et les trous de la terre.
  Tous ces hommes ont tous été approuvés par Dieu à cause de leur foi ; pourtant, ils n'ont pas reçu ce que Dieu avait promis. En effet, comme Dieu avait prévu mieux encore pour nous, il n'a pas voulu qu'ils soient parfaits autrement qu'avec nous."

 

Lettre aux Hébreux, tr. fr. Alliance Biblique Universelle, La Bible : Nouveau Testament, 1996, p. 329-331.



   "Quand l'âme croit fermement la parole de Dieu, elle le tient pour véridique, juste et droit et lui rend par là le plus grand honneur que l'on puisse lui rendre, car elle lui donne alors raison, elle reconnaît qu'il a raison, elle honore son nom et le laisse agir sur elle comme il entend le faire, car elle ne doute pas qu'il soit juste et véridique dans toutes ses paroles. Inversement, on ne peut pas faire à Dieu de plus grave affront que de ne pas le croire ; en agissant de la sorte, l'âme le tient pour un être sur lequel on ne peut faire fond, pour un menteur sans scrupules, et, pour ce qui est d'elle, elle renie Dieu par un pareil manque de foi et, dans son cœur, elle dresse en face de Dieu, telle une idole, sa propre raison, comme si elle se prétendait plus savante que lui. Quand Dieu voit que l'âme reconnaît sa véracité et l'honore de sa foi, il l'honore en retour et la tient pour juste et véridique et elle est aussi juste et véridique du fait de cette foi, car il est conforme à la vérité et juste de reconnaître à Dieu l'esprit de vérité et de justice, et cela rend juste et véridique puisqu'il est véritable et juste de reconnaître à Dieu l'esprit de vérité. C'est ce que ne font pas ceux qui ne croient pas, quand bien même ils se multiplient et se dépensent en bonnes œuvres.
  Douzièmement. Non seulement la foi obtient que l'âme, à l'image de la parole divine, soit comblée de toutes les grâces, libre et bienheureuse, mais elle unit encore l'âme au Christ, comme une épouse est unie à l'époux. La conséquence de ce mariage est, comme dit saint Paul [Ephésiens 5, 30], que le Christ et l'âme ne font plus qu'une seule chair, les biens des deux conjoints sont aussi mis en commun, leur chance et leur malchance et toutes choses ; ce qu'a le Christ est la propriété de l'âme croyante, ce qu'a l'âme devient la propriété du Christ. Ainsi le Christ est possesseur de tout bien et de toute félicité, l'âme en a la propriété. Ainsi l'âme ne détient que mal et que péché : ils deviennent propriété du Christ. Alors s'instituent cette joute et cet échange joyeux : puisque le Christ, Dieu et homme, n'a encore jamais péché et que sa justice est invincible, éternelle et toute-puissante, il s'approprie les péchés de l'âme croyante, grâce à l'anneau nuptial de celle-ci (c'est-à-dire grâce à sa foi) et tout se passe comme s'il les avait commis, c'est-à-dire que les péchés doivent s'engloutir et se noyer en lui. Car aucun péché ne peut résister à la puissance invincible de ce juste ; ainsi l'âme est débarrassée et libérée de tous ses péchés par la seule grâce de son trésor nuptial, c'est-à-dire à cause de sa foi, et reçoit en présent du Christ, son époux, le don d'être éternellement juste. N'est-ce pas un heureux ménage qui se fonde, quand le fiancé riche, noble, juste, prend pour épouse la malheureuse et mauvaise petite prostituée que l'on méprise, la délivre de tout mal et l'orne de tout bien ? Ainsi il n'est pas possible que ses péchés la condamnent car ils reposent maintenant sur le Christ et sont engloutis en lui ; elle est en son époux si abondamment juste qu'elle est une fois encore capable de résister à tous les péchés quand même ils reposeraient sur elle. C'est ce que dit saint Paul (I Corinthiens, 15 [57]) : « Grâces soient rendues à Dieu qui nous a donné la victoire en Jésus-Christ en qui s'est engloutie la mort avec le péché. »

  Treizièmement. Mais vous voyez à présent pour quelles raisons à bon droit on attribue à la foi un pouvoir assez grand pour qu'elle puisse satisfaire aux exigences de tous les commandements et qu'elle nous justifie sans le concours d'aucune bonne œuvre. Car vous voyez à présent qu'elle satisfait aux exigences du premier commandement qui prescrit : « Tu honoreras un seul Dieu. » Quand vous ne seriez que bonnes œuvres des pieds à la tête, vous ne seriez quand même pas juste, vous n'honoreriez encore nullement Dieu et vous ne satisferiez pas aux exigences du tout premier d'entre les commandements. Car il n'est pas possible d'honorer Dieu sans lui reconnaître la véracité et toutes les qualités, comme il les possède d'ailleurs vraiment. C'est ce que ne fait aucune bonne œuvre, mais seule le fait la foi du cœur.
  Aussi est-ce en elle seule que l'homme devient juste et satisfait aux exigences de tous les commandements. Car celui qui satisfait aux exigences du premier et du plus important d'entre les commandements satisfera sûrement et aisément aux exigences de tous les autres commandements. Les œuvres, par contre, sont choses mortes, elles ne pourraient honorer ni louer Dieu, encore qu'on puisse y recourir et en user pour l'honneur et la gloire de Dieu, mais nous cherchons ici non pas celui qui est mis en action, comme sont les œuvres, mais celui qui agit par lui-même et le maître d'œuvre qui honore Dieu et accomplit les œuvres. Il n'est autre que la foi du cœur, principe et substance même de la justice, aussi répand-on une doctrine dangereuse et absurde quand on enseigne que c'est par les œuvres qu'il faut accomplir les commandements, alors qu'avant de pratiquer les œuvres, il faut satisfaire par la foi à ces exigences et les œuvres viendront après l'accomplissement des commandements, ainsi que nous l'apprendrons."

 

 Martin Luther, De la liberté du chrétien, 1520, Trad. Maurice Gravier, Paris, Aubier Montaigne, 1969, p. 56-60.



  "FOI. La foi, c'est la certitude de l'être qui est dans l'amour, lorsqu'elle devient explicitement consciente.
  La foi est en outre la certitude de l'être devenant active dans l'action inconditionnelle. [...]

  La foi [...] n'est pas voulue, je veux à partir d'elle. Elle n'est pas prouvée, mais elle se conçoit à chaque fois selon une objectivité spécifique de pensée ou d'image ; si elle s'éclaire, elle se trouve sur la voie d'une généralité[1].
  Il faut interroger la foi sur ce qu'elle croit et ce à quoi elle croit. Subjectivement, la foi est la façon dont l'âme est certaine de son être, de son origine et de sa fin sans posséder des concepts suffisants. Objectivement, la foi énonce un contenu, qui reste en tant que tel incompréhensible en lui-même et qui, réduit à son objectivité, disparaît.
  a) Ce à quoi l'on croit. Dans sa manifestation, la foi ne croit pas quelque chose, mais à quelque chose. Elle n'a pas de connaissance incertaine d'un objet, comme par exemple l'idée qu'il y aurait quelque chose qui ne serait pas visible ; elle est bien plutôt la certitude de l'être dans la vie présente [...] Loin de se fier à un savoir incertain pour abandonner ce monde au profit d'un au-delà, elle reste dans le monde où elle perçoit ce à quoi elle peut croire en relation avec la transcendance. C'est ainsi que je crois en un être humain et à des données objectives qui sont à mes yeux la manifestation d'une idée à laquelle je participe : patrie, mariage, science, profession. [...] Dans un monde en train de sombrer, il reste l'amour d'existence à existence, pauvre parce que sans espace dans la réalité empirique, mais puissant parce qu'il est toujours origine de la certitude de l'être. [...]
  Sur le fond de la foi dans l'idée et dans l'existence se développe la foi dans la transcendance. […]
  b) Ce qu'est la foi. La foi m'échappe lorsqu'elle devient rationnellement certaine et contraignante. Si j'ai un savoir fondé sur des raisons, je ne crois pas. […] La foi n'est donc pas authentique lorsqu'elle se présente comme objectivement certaine. […] La foi s'accomplit en faisant ses preuves en tant que force de l'existence.
  Ce que je crois, et qui me parle en termes objectifs, je le suis par mon être-moi, ni passivement, ni objectivement, ni uniquement comme quelque chose que je reçois, mais comme étant mon essence dont je me sais responsable, bien que je ne puisse pas me forcer à croire par la volonté ou l'entendement.
  La vérité de ma foi dans son objectivation, ma conscience morale la met à l'épreuve en fonction de la situation historique […]
  La foi est confiance en tant qu'espoir indestructible. En elle la conscience de l'incertitude de toute chose dans le monde phénoménal se dissout dans la confiance qu'elle met dans le fondement de l'être. La certitude de l'être qui s'accomplit en elle se sait face à la transcendance, sans qu'aucun lien sensible, empirique, avec elle puisse prétendre à la vérité.
  c) Foi active. En tant que certitude de l'être, elle est à l'origine de l'action inconditionnelle, elle est historicité.
  Dans l'action, [...], la foi, c'est être prêt à tout supporter, en elle, l'activité orientée vers des buts précis peut ne faire qu'un avec la certitude de faire ce qui est vrai, même si tout échoue. L'impossibilité de connaître scientifiquement la divinité me donne la paix et m'incite à faire tout ce que je peux, tant que c'est possible."

 

Karl Jaspers, Philosophie, 1932, Springer Verlag, 1986, p. 482-483.


[1] L'élucidation des supports imagés, ou narratifs de la foi (récits bibliques, symboles, paraboles) débouche sur l'intelligence philosophique qui substitue le concept (généralité) à l'image.


 

 

  "Il faut distinguer la foi rationnelle de la foi irrationnelle. Par foi irrationnelle, j'entends la croyance (en une personne ou en une idée) qui se fonde sur la soumission à une autorité irration­nelle. Au contraire, la foi rationnelle est une conviction qui s'enracine dans notre propre expérience de pensée et de sentiment – elle n'est pas d'abord une croyance en quelque chose, mais la qualité de certitude et de fermeté qui marque nos convictions. En ce sens, plutôt qu'une croyance spécifique, la foi est un trait de caractère qui anime la personnalité entière.
  La foi rationnelle s'enracine dans une activité produc­tive à laquelle participent l'intelligence et l'affectivité. Dans la pensée rationnelle, dont on suppose que la foi est exclue, la foi rationnelle est une composante importante. Comment l'homme de science, par exemple, arrive-t-il à une découverte ? Se met-il à faire expérience après expérience, à rassembler un fait après l'autre, sans avoir la vision de ce qu'il s'attend à découvrir ? Il est rare qu'une découverte réellement importante ait jamais été faite de cette manière, comme il est rare que les gens aboutissent à d'importantes conclusions lorsqu'ils se contentent de pourchasser des fantasmes. La démarche d'une pensée créatrice dans tout champ d'activité humaine commence souvent par ce qu'on peut appeler une « vision rationnelle », celle-ci prenant appui sur une étude préalable extensive, sur la réflexion et sur l'obser­vation. Quand l'homme de science réussit à rassembler un assez grand nombre de données, ou à élaborer une formulation mathématique qui rend hautement plausi­ble sa vision de départ, on peut dire qu'il est parvenu à une hypothèse expérimentale. Une analyse soigneuse de cette hypothèse pour en tirer toutes les conséquences, et l'accumulation de données qui la soutiennent condui­sent à une hypothèse plus adéquate et finalement peut-­être à son inclusion dans une théorie de grande portée. L'histoire de la science abonde en exemples de foi dans la raison et dans la vision d'une vérité. Copernic, Kepler, Galilée et Newton étaient tous pénétrés d'une foi inébranlable dans la raison, foi qui valut à Bruno d'être brûlé sur un bûcher et à Spinoza d'être excommunié. À chaque étape, en partant de la conception d'une vision rationnelle jusqu'à la formulation d'une théorie, la foi est nécessaire : foi dans la vision comme objectif rationnellement valable à poursuivre, foi dans l'hypothèse comme proposition vraisemblable et plausible, et foi dans la théorie finale, au moins jusqu'à ce qu'un consensus général sur sa validité ait été obtenu. Cette foi s'enra­cine dans l'expérience propre de chacun, dans la confiance qu'il a en son pouvoir de pensée, d'observa­tion et de jugement. Alors que la foi irrationnelle est l'acceptation de quelque chose comme vrai parce qu'une autorité ou la majorité l'affirme ainsi, et uniquement pour cela, la foi rationnelle s'enracine dans une convic­tion autonome, fondée sur l'observation et sur la pro­ductivité d'une pensée personnelle, en dépit de l'opinion de la majorité."

 

Erich Fromm, L'Art d'aimer, 1956, 4e partie, tr. fr. J.-L. Laroche et Françoise Tcheng, Desclée de Brouwer, 1995, p. 142-143.
 

 

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Date de création : 28/10/2013 @ 10:23
Dernière modification : 27/02/2025 @ 13:03
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