"Dans un seul corps humain, nous avons plusieurs parties qui ont toutes des fonctions différentes. De même, bien que nous soyons nombreux, nous formons un seul corps dans l'union avec le Christ et nous sommes tous unis les uns aux autres comme les parties d'un même corps. Nous avons des dons différents que nous devons utiliser selon ce que Dieu a accordé gratuitement à chacun. Si l'un de nous a le don de transmettre des messages reçus de Dieu, il doit le faire selon la foi. Si un autre a le don de servir, qu'il serve. Celui qui a le don d'enseigner doit enseigner. Celui qui a le don d'encourager les autres doit les encourager. Que celui qui donne ses biens le fasse avec une entière générosité. Que celui dirige le fasse avec soin. Que celui qui aide les malheureux le fasse avec joie."
Saint Paul, Lettre aux Romains, 12.4-8, traduction de l'Alliance Biblique Universelle.
"Quand on étudie la façon dont s'organise une communauté, on est souvent frappé par les nombreux parallèles possibles entre elle et un individu. L'un et l'autre sont composés de parties constituantes ; l'individu est composé d'organes, la communauté est composée d'individus. Dans les deux cas, il y a division du travail entre les parties. Dans les deux cas, les parties coopèrent au profit de l'ensemble, et, à travers lui, dans leur propre intérêt. Les parties donnent et reçoivent. Ainsi, elles perdent une fraction de leur « souveraineté », et de leur capacité de vivre isolées. Constamment, l'individu perd des cellules cutanées ; le lézard abandonne sa queue au prédateur au profit du reste de sa personne, de sorte que le reste peut vivre et se reproduire. Une Canarde défend ses petits au mépris de sa propre vie. Chez l’individu, les avantages que les parties retirent du tout sont évidents : un muscle isolé ne saurait vivre longtemps. Mais une Abeille ouvrière non plus, ni un polype enlevé à une colonie de Siphonophores. Même dans les cas où les individus peuvent vivre isolés, ils perdent les divers bénéfices qu'ils retirent de la vie de groupe. [… ] L'impossibilité de vivre en dehors de la communauté est plus frappante dans le cas des organes de l'individu (lequel doit son nom à ce fait) que dans celui de la communauté ; pourtant il n'y a entre les deux qu'une différence de degré. Certains individus peuvent très bien être divisés en parties sans en mourir ; certains Vers, les Planaires et les Anémones de mer ne sont pas « uns et indivisibles ».
Très utile au sociologue, la comparaison entre l’individu et la communauté conduit à l'idée que la communauté est une sorte de super-organisme. Bien entend il ne faut pas pousser les choses trop loin : l’organisme et la communauté ne sauraient être identifiés. Cette comparaison nous aide simplement à comprendre que dans les deux cas, nous avons affaire à une « entreprise » à qui se posent des problèmes d'organisation et de coopération. La principale différence entre l'individu et la communauté est une différence de niveau d'intégration ; dans une communauté, l'intégration a été poussée à un degré plus poussé que chez l'individu."
Nikolaas Tinbergen, La Vie sociale des animaux, 1953, tr. fr. Laurent Jospin, Petite Bibliothèque Payot, 1979, p. 146-147.
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