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Hors des sentiers battus
S'isoler dans l'espace

  "Être en mesure de refuser le social donne à l'être la possibilité de l'accepter et ce faisant, de s'insérer dans un espace nécessairement partagé. Comment peut donc se réaliser dans un monde limité cette solitude psychologiquement traduite par la notion de privacy (privatisation) inscrite dans la nouvelle Déclaration des Droits de l'Homme ? Comment établir un taux de dispersion suffisamment grand entre les individus avec une densité nécessairement élevée dans un volume donné ? Y a-t-il une forme de l'écologie humaine qui permette de construire l'indépendance dans la densité ? Peut-on mettre le désert en conserve ?
  Seul l'artifice topologique semble offrir une solution échappant à une topographie génératrice de ce genre de dilemme : c'est l'idée de labyrinthe […]. L'image du labyrinthe fournie par la tradition, a été jusqu'à présent surtout, négative. C'est celle d'une angoisse de l'homme perdu dans un monde qui le dépasse topologiquement, celle d'une inquiétude vers là sortie, vers le recouvrement d'un espace libre à l'échelle de son champ visuel ; liée à cette angoisse, l'image du labyrinthe est également celle d'un effort initiatique permettant l'accès à un lieu Secret, secret « ouvert » puisqu'il n'est pas circonscrit par des portes mais par des réseaux de couloirs exigeant de l'esprit une dominance sans garantie de solution. L'étude des labyrinthes […] nous a rappelé l'idée, fournie par la psychologie animale, selon laquelle un labyrinthe est essentiellement défini par sa complexité informationnelle, et ce, qu'il ait 2, 3 ou 4 dimensions, la théorie de la perception nous a montré que cette complexité doit être en rapport avec la capacité du champ de conscience de l'individu de manipuler l'information : le labyrinthe est angoissant dans la mesure où il est submergeant, où la Gestalt qu'il propose est trop complexe pour le récepteur humain. Il est rassurant, et esthétiquement séduisant, dans la mesure où celui qui le parcourt, ou en joue, sent bien que, de quelque façon, il le domine et par là qu'il peut s'en servir.

  Si le monde géographique et géométrique est plein, plein d'êtres avec un volume propre qui cherchent spontanément à s'étendre pour y retrouver solitude psychologique ou privatisation, le labyrinthe, désert en conserve, est l'artifice permettant à l'organisateur de l'Espace, éventuellement marchand d'Espace, d'entasser un grand nombre d'êtres dans un volume limité tout en leur réservant l'impression d'une solitude provisoire, en tout cas visuelle, puisque l'une des coquilles essentielles de l'homme est définie par le rayon vecteur de son regard."

 

Abraham Moles et Élisabeth Rohmer, Psychologie de l'espace, 1972, Casterman Poche, p. 153-155.

 

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Date de création : 08/01/2014 @ 16:47
Dernière modification : 08/01/2014 @ 16:47
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