"L'étude des phénomènes naturels ne relève de la géographie que si elle est subordonnée à cette proposition (qui reprend en fait le possibilisme[1]) : les phénomènes naturels ont une organisation propre dans l'espace, qui peut servir de trame à l'organisation de l'espace par la société, ils peuvent prendre localement et/ou temporairement des modalités qui en font des contraintes ; mais ils n'ont de signification géographique que dans la mesure où ils sont pris en compte dans l'organisation de l'espace par la société, c'est-à-dire à la fois dotés d'une charge sociale, affective, politique, une fois intégrés dans un système socio-économique, qui contient un comportement face à la Nature. La relation Nature-Société se déroule généralement sur deux plans, indissociables : celui des contraintes, objectives, de la nature, et celui de la perception de ces contraintes à travers ses filtres culturels techniques, idéologiques. En se limitant au premier plan, ce qu'ont généralement fait les géographes, on ne peut pas saisir la relation Nature-Société et on met en place un ensemble de sciences naturelles, dont l'existence est certes justifiée, mais en dehors de la géographie."
H. Chamussy, J. Charre, M.-G. Durand, M. Le Berre, "Espace, que de brouillons commet-on en ton nom", Brouillons Dupont, n° 1, 1977.
[1] Le possibilisme désigne, en géographie, une certaine approche des relations entre l'homme et la nature, selon laquelle l'exploitation de l'environnement par les hommes est fonction des techniques et des choix que ceux-ci développent.
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