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Texte à méditer :  Il n'est pas contraire à la raison de préférer la destruction du monde à une égratignure de mon doigt.  David Hume
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Figures philosophiques

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La révolution copernico-galiléenne

  "Les anciens, auxquels nous nous croyons fort supérieurs dans les sciences, parce que nous trouvons plus court et plus agréable de nous préférer à eux que de les lire, n'ont pas autant négligé l'étude de la nature que nous les en accusons communément. Leur Phy­sique n'était ni aussi déraisonnable ni aussi bornée que le pensent ou que le disent quelques écrivains de nos jours. Les ouvrages d'Hippocrate seul seraient suffisants pour montrer l'esprit qui conduisait alors les Philosophes. Au lieu de ces systèmes, sinon meurtriers, du moins ridicules, qu'a enfantés la Médecine moderne, pour les proscrire ensuite, on y trouve des faits bien vus et bien rapprochés ; on y voit un système d'observations, qui encore aujourd'hui sert de base à l'art de guérir. Or il semble qu'on peut juger par l'état de la médecine chez les anciens, et celui où la Physique était parmi eux ; en premier lieu, parce que les ouvrages d'Hippocrate sont les monuments les plus considérables qui nous restent de la Physique ancienne ; en second lieu, parce que la Médecine étant la partie la plus essentielle et la plus intéressante de la Physique, on peut toujours juger avec assez de certitude de la manière dont on traite celle-ci, par la manière dont celle-là est cultivée. C'est une vérité dont l'expérience nous assure, puisqu'à compter seulement de la renaissance des lettres, nous avons toujours vu subir à l'une de ces sciences les changements qui ont altéré ou dénaturé l'autre. […]
  Cependant les anciens paraissent avoir cultivé la Physique que nous appelions vulgaire[1], préférablement à celle que nous avons nommée Physique occulte[2], et qui est proprement la Physique expérimentale. Ils se contentaient de lire dans le grand livre de la nature, toujours ouvert pour eux ainsi que pour nous ; mais ils y lisaient assidûment, et avec des yeux plus attentifs et plus sûrs que nous ne l'imaginons ; plusieurs faits qu'ils ont avancés, et qui d'abord avoient été démentis par les modernes, se sont trouvés vrais quand on les a mieux approfondis. La méthode que suivaient les anciens, en cultivant l'observation plus que l'expérience, était très-philosophique, et la plus propre de toutes à faire faire à la Physique les plus grands progrès dont elle fut capable dans ce premier âge de l'esprit humain. Avant d'employer et d'user notre sagacité pour chercher un fait dans des combinaisons subtiles, il faut être bien assuré que ce fait n'existe pas autour de nous et sous notre main ; comme il faut en Géométrie réserver ses efforts pour trouver ce qui n'a pas été résolu par d'autres. Tout est lié si intimement dans la nature, qu'une simple collection de faits, bien riche et bien variée, avancerait prodigieusement nos connaissances ; et s'il était pos­sible de rendre cette collection complète, ce serait peut-être le seul travail auquel le Physicien dût se borner : c'est au moins celui par lequel il faut qu'il commence ; et telle est la méthode que les anciens ont suivie. Les plus sages d'entr'eux ont fait la table de ce qu'ils voyaient, l'ont bien faite et s'en sont tenus là. Ils n'ont connu de l'aimant que sa propriété la plus facile à découvrir celle d'attirer le fer ; les merveilles de l'électricité qui les entouraient, et dont on trouve quelques traces dans leurs ouvrages, ne les ont point frappés, parce que pour être frappé de ces merveilles il eût fallu en voir le rapport à des faits plus cachés, que l'expérience a su nous dévoiler dans ces derniers temps. Car l'expérience parmi plusieurs avantages, a celui d'étendre le champ de l'observation. Un phénomène que l'expérience nous apprend, ouvre nos yeux sur une infinité d'autres qui ne demandaient qu'à être aperçus. L'observation, par la curiosité qu'elle ins­pire et par les vides qu'elle laisse, mène à l'expé­rience ; l'expérience ramène à l'observation par la même curiosité qui cherche à remplir et à serrer de plus en plus ces vides : ainsi on peut regarder l'expérience et l'observation comme la suite et le complément l'une de l'autre. […]
  Le Chancelier Bacon […] embrassa le premier un plus vaste champ. Il entrevit les principes généraux qui doivent servir de fondement à l'étude de la nature, il proposa de les reconnaître par la voie de l'expérience, il annonça un grand nombre de découvertes qui se sont faites depuis. Descartes qui le suivit de près, et qu'on accusa (peut-être assez mal à propos) d'avoir puisé des Lumières dans les ouvrages de Bacon, ouvrit quelques routes dans la Physique expérimentale ; mais il la recommanda plus qu'il ne la pratiqua, et c'est ce qui l'a conduit à plusieurs erreurs. Il eut, par exemple, le courage de donner le premier des lois du mouvement ; courage qui mérite la reconnaissance des Philosophes, puisqu'il a mis ceux qui ont suivi sur la route des lois véritables ; mais l'expérience, ou plutôt, comme nous le dirons plus bas, des réflexions sur les observations les plus communes, lui auraient appris que les lois qu'il avait données étaient insoutenables. Descartes, et Bacon lui-même, malgré toutes les obligations que leur a la Philosophie, lui auraient peut-être été encore plus utiles, s'ils eussent été plus Physiciens de pratique et moins de spéculation ; mais le plaisir oisif de la méditation et de la conjecture même, entraîne les grands génies ; ils commencent beaucoup et finissent peu ; ils proposent des vues, ils prescrivent ce qu'il faut faire pour en constater la justesse et l'avantage, et laissent le travail mécanique à d'autres, qui éclairés par une lumière étrangère, ne vont pas aussi loin que leurs maîtres auraient été seuls. Ainsi les uns pensent ou rêvent, les autres agissent ou manœuvrent, et l'enfance des Sciences éternelle.

  Cependant, l'esprit de la Physique expérimentale, que Bacon et Descartes avaient introduit, s'éten­dit insensiblement. L'Académie de Florence, Boyle, Mariotte et après eux plusieurs autres, firent un grand nombre d'expérience avec succès. Les Académies se formèrent, et saisirent avec empressement cette manière de philosopher. Les Universités plus lentes, parce qu'elles étaient déjà toutes formées lors de la naissance de la Physique expérimentale, suivirent longtemps encore leur méthode ancienne. Peu à peu la Physique de Descartes succéda dans les écoles à celle d'Aristote, ou plutôt de ses commentateurs. Si on ne touchait pas encore à la vérité, on était du moins sur la voie ; on fit quelques expériences ; on tenta de les expliquer ; il eût été mieux qu'on se bornât à les bien faire, et à les rapprocher les unes des autres avant que d'en venir à aucun système ; mais enfin il ne faut pas espérer que l'esprit humain se délivre si promptement de tous ses préjugés. Enfin Newton montra le premier ce que ses prédécesseurs n'avaient fait qu'entrevoir, l'art d'introduire la Géo­métrie dans la Physique, et de former, en réunissant l'expérience au calcul, une science exacte, profonde, lumineuse et nouvelle. Aussi grand du moins par ses expériences d'optique que par son système du monde, il ouvrit de tous côtés une carrière immense et sûre ; l'Angleterre saisit ses vues ; la Société Royale les regarda comme siennes dès le moment de leur naissance : les académies de France s'y prêtèrent plus lentement et avec plus de résistance, par la même raison qui avait fait rejeter aux Universités pendant plusieurs années la physique de Descartes. La lumière a enfin prévalu : la génération ennemie de ces grands hommes, s'est éteinte ou est demeurée muette dans les Académies, et dans les universités auxquelles les Académies semblent aujourd'hui donner le ton. Une génération nouvelle s'est élevée qui achèvera la révolution ; car quand les fondements d'une révolution sont jetés, c'est presque toujours dans la génération suivante que la révolution s'achève ; rarement en deçà, parce que les obstacles périssent plutôt que de céder ; rarement au-delà, parce que les barrières une fois franchies, l'esprit humain prend un essor rapide, jusqu'à ce qu'il rencontre un nouvel obstacle qui l'oblige de s'arrêter pour longtemps."

 

D'Alembert, Essai sur les éléments de philosophie, 1759, Chapitre XX : Physique générale, Paris, Fayard, 1999, p. 173-179.


[1] Il s'agit d'une physique fondée uniquement sur l'observation.
[2] Il s'agit d'une physique fondée quant à elle sur l'expérimentation.


 

  "Le premier qui démontra le triangle isocèle (qu'il s'appelât Thalès ou comme l'on voudra) eut une révélation ; car il trouva qu'il ne devait pas suivre pas à pas ce qu'il voyait dans la figure, ni s'attacher au simple concept de cette figure comme si cela devait lui en apprendre les propriétés, mais qu'il lui fallait réaliser (ou construire) cette figure, au moyen de ce qu'il y pensait et s'y représentait lui-même a priori par concepts (c'est-à-dire par construction), et que, pour savoir sûrement quoi que ce soit a priori, il ne devait attribuer aux choses que ce qui résulterait nécessairement de ce que lui-même y avait mis, conformément à son concept.
  La Physique arriva bien plus lentement à trouver la grande voie de la science ; il n'y a guère plus d'un siècle et demi en effet que l'essai magistral de l'ingénieux Bacon de Verulam en partie provoqua et en partie, car on était déjà sur sa trace, ne fit que stimuler cette découverte qui, tout comme la précédente, ne peut s'expliquer que par une révolution subite dans la manière de penser. Je ne veux considérer ici la Physique qu'en tant qu'elle est fondée sur des principes empiriques.

  Quand GALILÉE fit rouler ses sphères sur un plan incliné avec un degré d'accélération dû à la pesanteur déterminé selon sa volonté, quand TORRICELLI fit supporter à l'air un poids qu'il savait lui-même d'avance être égal à celui d'une colonne d'eau à lui connue, ou quand plus tard, STAHL transforma les métaux en chaux et la chaux en métal, en leur ôtant ou en lui restituant quelque chose, ce fut une révélation lumineuse pour tous les physiciens. Ils comprirent que la raison ne voit que ce qu'elle produit elle-même d'après ses propres plans et qu'elle doit prendre les devants avec les principes qui déterminent ses jugements, suivant des lois immuables, qu'elle doit obliger la nature à répondre à ses questions et ne pas se laisser conduire pour ainsi dire en laisse par elle ; car autrement, faites a hasard et sans aucun plan tracé d'avance, nos observations ne se rattacheraient point à une loi nécessaire, chose que la raison demande et dont elle a besoin. Il faut donc que la raison se présente à la nature tenant, d'une main, ses principes qui seuls peuvent donner aux phénomènes concordant entre eux l'autorité de lois, et de l'autre, l'expérimentation qu'elle a imaginée d'après ces principes, pour être instruite par elle, il est vrai, mais, au contraire, comme un juge en fonctions qui force les témoins à répondre aux questions qu'il leur pose. La Physique est donc ainsi redevable de la révolution si profitable opérée dans sa méthode uniquement à cette idée qu'elle doit chercher dans la nature – et non pas faussement imaginer en elle- conformément à ce que la raison y transporte elle-même, ce qu'il faut qu'elle apprenne et dont elle ne pourrait rien connaître par elle-même. C'est par là seulement que la Physique a trouvé tout d'abord la sûre voie d'une science, alors que depuis tant de siècles elle en était restée à de simples tâtonnements."

 

Kant, Critique de la raison pure, Préface a la seconde édition, 1787, tr. Fr. A. Tremesaygues et B. Pacaud, PUF, Quadrige, 4e éd., 1993, p. 17.



  "La marche des sciences devient rapide et brillante. La langue algébrique est généralisée, simplifiée, perfectionnée, ou plutôt, c’est alors seulement qu’elle a été véritablement formée. Les premières bases de la théorie générale des équations sont posées, la nature des solutions qu’elles donnent est approfondie, celles du troisième et quatrième degré sont résolues.   L'ingénieuse invention des logarithmes, en abrégeant les opérations de l’arithmétique, facilite toutes les applications du calcul à des objets réels, et étend ainsi la sphère de toutes les sciences, dans lesquelles ces applications numériques, à la vérité particulière qu’on cherche à connaître, sont un des moyens de comparer avec les faits les résultats d’une hypothèse ou d’une théorie, et de parvenir par cette comparaison à la découverte des lois de la nature. En effet, dans les mathématiques, la longueur, la complication purement pratique des calculs, ont un terme au delà duquel le temps, les forces même ne peuvent atteindre ; terme qui, sans le secours de ces heureuses abréviations, marquerait les bornes de la science même et la limite, que les efforts du génie ne pourraient franchir.
  La loi de la chute des corps fut découverte par Galilée, qui sut en déduire la théorie du mouvement uniformément accéléré, et calculer la courbe que décrit un corps lancé dans le vide avec une vitesse déterminée, et animé d’une force constante, qui agisse suivant des directions parallèles.
  Copernic ressuscita le véritable système du monde, oublié depuis si longtemps, détruisit par la théorie des mouvements apparents, ce qu’il avoit de révoltant pour
les sens, opposa l’extrême simplicité des mouvements réels qui résultent de ce système, à la complication presque ridicule de ceux qu’exigeait l’hypothèse de Ptolémée. Les mouvements des planètes furent mieux connus, et le génie de Kepler découvrit la forme de leurs orbites et les lois éternelles, suivant lesquelles ces orbites sont parcourues.
  Galilée, appliquant à l’astronomie la découverte récente des lunettes qu’il perfectionna, ouvrit un nouveau ciel aux regards des hommes. Les taches qu’il observa sur le disque du soleil, lui en firent connaître la rotation, dont il détermina la période et les lois. Il démontra les phases de Vénus, il découvrit ces quatre lunes qui entourent Jupiter et l’accompagnent dans son immense orbite.
   Il apprit à mesurer le temps avec exactitude par les oscillations d’un pendule.

  Ainsi l’homme dut à Galilée la première théorie mathématique d’un mouvement qui ne fut pas à la fois uniforme et rectiligne, et la première connaissance d’une des lois mécaniques de la nature ; il dut à Kepler celle d’une de ces lois empiriques, dont la découverte a le double avantage, et de conduire à la connaissance de la loi mécanique dont elles expriment le résultat, et de suppléer, à cette connaissance tant qu’il n’est pas encore permis d’y atteindre.
  La découverte de la pesanteur de l’air et celle de la circulation du sang marquent les progrès de la physique expérimentale, qui naquit dans l’école de Galilée, et de l’anatomie déjà trop étendue pour ne point se séparer de la médecine.
  L'histoire naturelle, la chimie, malgré ses chimériques espérances, et son langage énigmatique, la médecine, la chirurgie étonnent par la rapidité de leurs progrès, mais elles affligent souvent par le spectacle des monstrueux préjugés qu’elles conservent encore."

 

Condorcet, Esquisse d'un tableau des progrès de l'esprit humain, 1793, Éditions sociales, 1966, p. 193-195.



  "Trois grands hommes ont marqué le passage de cette époque à celle qui va suivre, Bacon, Galilée, Descartes. Bacon a révélé la véritable méthode d'étudier la nature, d'employer les trois instruments qu'elle nous a donnés pour pénétrer ses secrets, l'observation, l'expérience et le calcul. Il veut que le philosophe, jeté au milieu de l'univers, commence par renoncer à toutes les croyances qu'il a reçues, et même à toutes les notions qu'il s'est formées, pour se recréer, en quelque sorte, un entendement nouveau, dans lequel il ne doit plus admettre que des idées précises, des notions justes, des vérités dont le degré de certitude ou de probabilité ait été rigoureusement pesé. Mais Bacon, qui possédait le génie de la philosophie au point le plus élevé, n'y joignit point celui des sciences ; et ces méthodes de découvrir la vérité, dont il ne donne point l'exemple, furent admirées des philosophes, mais ne changèrent point la marche des sciences.
  Galilée les avait enrichies de découvertes utiles et brillantes ; il avait enseigné, par son exemple, les moyens de s'élever à la connaissance des lois de la nature par une méthode sûre et féconde, qui n'oblige point de sacrifier l'espérance du succès à la crainte de s'égarer. Il fonda pour les sciences la première école où elles aient été cultivées sans aucun mélange de superstition, soit pour les préjugés, soit pour l'autorité ; où l'on ait rejeté, avec une sévérité philosophique, tout autre moyen que l'expérience et le calcul. Mais se bornant exclusivement aux sciences mathématiques et physiques, il ne put imprimer aux esprits ce mouvement qu'ils semblaient attendre.
  Cet honneur était réservé à Descartes, philosophe ingénieux et hardi. Doué d'un grand génie pour les sciences, il joignit l'exemple au précepte, en donnant la méthode de trouver, de reconnaître la vérité. Il en montrait l'application dans la découverte des lois de la dioptrique, de celles du choc des corps ; enfin, d'une nouvelle branche de mathématiques qui devait en reculer toutes les bornes.
  Il voulait étendre sa méthode à tous les objets de l'intelligence humaine ; Dieu, l'homme, l'univers étaient tour à tour le sujet de ses méditations. Si, dans les sciences physiques, sa marche est moins sûre que celle de Galilée ; si sa philosophie est moins sage que celle de Bacon ; si on peut lui reprocher de n'avoir pas assez appris par les leçons de l'un, par l'exemple de l'autre, à se défier de son imagination, à n'interroger la nature que par des expériences, à ne croire qu'au calcul, à observer l'univers, au lieu de le construire, à étudier l'homme, au lieu de le deviner, l'audace même de ses erreurs servit aux progrès de l'espèce humaine. Il agita les esprits, que la sagesse de ses rivaux n'avait pu réveiller. Il dit aux hommes de secouer le joug de l'autorité, de ne plus reconnaître que celle qui serait avouée par leur raison ; et il fut obéi, parce qu'il subjuguait par sa hardiesse, qu'il entraînait par son enthousiasme."

 

Condorcet, Esquisse d'un tableau des progrès de l'esprit humain, 1793, Éditions sociales, 1966, p. 201-202.



  "Newton achève ce que Kepler et Galilée avaient commencé : ces trois noms n'évoquent pas simplement des personnalités de grands savants mais des symboles, des jalons de la connaissance scientifique et de la pensée scientifique elle-même. Partant de l'observation des phénomènes célestes, Kepler porte cette observation à un degré de rigueur, d' « exactitude » mathématique qui n'avait jamais été atteint avant lui. Par des travaux d'une patience inlassable, il parvient aux lois qui établissent la figure des trajectoires des planètes et déterminent le rapport de la période de révolution de chaque planète à sa distance à l'égard du soleil. Mais cette observation des faits n'est qu'un premier pas. La tâche que s'assigne la mécanique de Galilée a plus d'ampleur et de portée ; sa problématique pénètre dans une couche nouvelle, plus profonde de la conceptualisation en physique. Il ne s'agit plus, en effet, d'examiner un secteur déterminé des phénomènes de la nature, quelque vaste et important qu'il soit, mais de fonder universellement la dynamique, la théorie de la nature comme telle. Et il n'échappe pas à Galilée que l'intuition immédiate de la nature n'est pas à la hauteur d'une telle tâche, que celle-ci doit faire appel à d'autres instruments de connaissance, à d'autres fonctions intellectuelles. Les phénomènes de la nature s'offrent à l'intuition dans l'unité de leur processus, comme des totalités indivises. Elle les perçoit comme de simples données individuelles; elle peut décrire à grands traits leur déroulement mais cette forme de description ne saurait tenir lieu d'une « explication » véritable. Pour expliquer un phénomène naturel, il ne suffit pas de le présenter dans son être et sa manière d'être ; il faut faire voir de quelles conditions particulières il dépend et reconnaître avec une parfaite rigueur dans quelle sorte de dépendance il se trouve à l'égard de ces conditions. Cette exigence ne peut être satisfaite qu'en décomposant l'image synthétique du phénomène qui nous est livrée par l'intuition et l'observation immédiate pour la résoudre en ses moments  constitutifs. Ce procédé analytique est, selon Galilée, la condition de toute connaissance rigoureuse de la nature. Cette méthode de construction des concepts physiques est à la fois une méthode de « résolution » et une méthode de « composition ». Ce n'est qu'en décomposant un événement apparemment simple en ses éléments, puis en le reconstruisant à partir de ces éléments qu'on parvient à le comprendre. Galilée donne un exemple classique de ce procédé dans sa découverte de la trajectoire parabolique des corps lancés dans l'espace. La forme de cette trajectoire ne pouvait être directement déchiffrée par l'intuition, ni tirée d'un grand nombre d'observations séparées. L'intuition nous livre bien quelques traits généraux : elle nous montre qu'à une phase ascensionnelle succède une phase de chute du corps lancé, etc., mais toute subtilité, toute exactitude, toute rigueur et toute précision manquent à cette détermination. Nous ne pouvons parvenir à une conception exacte, vraiment mathématique, de ce processus qu'en nous reportant, de ce phénomène, aux conditions particulières qui le déterminent et en considérant à part chacun des plans de détermination qui s'y entrecroisent pour en rechercher la loi. La loi de la trajectoire parabolique est découverte : l'accroissement et la décroissance de la vitesse sont expliqués rigoureusement, dès que nous arrivons à prouver que le phénomène balistique est un processus complexe dont la détermination dépend de deux « forces », la force de l'impulsion primitive et la force de gravitation. Tout le développement ultérieur de la physique est donné d'avance dans cet exemple simple comme dans un modèle élémentaire ; toute la structure de sa méthode y est déjà impliquée.
   La théorie de Newton conserve et confirme tous les traits qui sont ici déjà nettement reconnaissables. Elle se construit en effet par le croisement des méthodes de « résolution » et de « composition ». Tirant son origine des trois lois de Kepler, elle ne se contente pas de les lire et de les interpréter comme l'expression d'un simple état de fait de l'observation, elle tente de ramener cet état de fait à ses présuppositions, de prouver qu'il est la conséquence nécessaire du concours de diverses conditions. Il faut d'abord que chacun des systèmes de conditions soit exploré pour lui-même et que son mode d'action soit connu. C'est ainsi que le phénomène du mouvement planétaire, que Kepler avait pris pour un tout, se révèle comme un édifice complexe. La théorie newtonienne le ramène à deux types de loi fondamentaux : à la loi de la chute libre et à la loi du mouvement centrifuge. Chacun d'eux avait été étudié séparément et d'une manière rigoureusement concluante par Galilée et Huyghens : tout le problème était alors de faire la synthèse de leurs découvertes en les ramenant à un principe unique d'intelligibilité. L'exploit de Newton est dans cette synthèse : il consiste moins dans la découverte d'un état de fait inconnu avant lui, dans l'acquisition d'un matériau tout à fait nouveau, que dans le remaniement intellectuel opéré sur le matériau empirique. Il ne s'agit plus désormais de contempler la structure du cosmos mais de la pénétrer : or, le cosmos ne s'ouvre à cette sorte de pénétration que soumis à la pensée mathématique et à sa méthode analytique. En créant, avec le calcul des fluxions et le calcul infinitésimal, un instrument universel au service de ce programme, il semble bien que Newton et Leibniz aient démontré pour la première fois en toute rigueur l' « intelligibilité de la nature ». Le chemin de la connaissance de la nature se déroule indéfiniment mais sa direction reste fermement fixée car son point de départ et sa destination ne sont pas déterminés exclusivement par la nature des objets mais aussi par la forme et les forces spécifiques de la raison."

 

Ernst Cassirer, La Philosophie des Lumières, 1932, tr. fr. Pierre Quillet, Fayard, 1983, p. 44-46.



  "Bien qu'il faille la reconnaître dès le début, l'obscurité technique du De Revolutionibus ne constitue le genre ni le plus difficile ni le plus important des problèmes propres à l'ouvrage de Copernic. Les principales difficultés du De Revolutionibus, difficultés que nous ne pouvons pas esquiver, proviennent plutôt de l'incompatibilité apparente entre ce texte et son rôle dans le développement de l'astronomie. Par ses conséquences, le De Revolutionibus est incontestablement un ouvrage révolutionnaire. Il en dérive une approche fondamentalement nouvelle de l'astronomie planétaire, la première solution simple et précise du problème des planètes, et enfin, en ajoutant d'autres éléments à ce modèle, une cosmologie nouvelle. Mais pour n'importe quel lecteur averti de ce résultat, le De Revolutionibus proprement dit doit être une énigme et un paradoxe constants, car, pour ce qui est de ses conséquences, c'est un ouvrage assez sec, sérieux et non révolutionnaire. La plupart des éléments essentiels par lesquels nous connaissons la révolution copernicienne, c'est-à-dire les calculs faciles et précis des positions des planètes, l'abolition des épicycles et des excentriques, la disparition des sphères, le Soleil considéré comme une étoile, l'extension infinie de l'univers et beaucoup d'autres encore ne se trouvent nulle part dans l'ouvrage de Copernic. Mis à part le mouvement de la Terre, le De Revolutionibus semble à tous les points de vue le plus étroitement apparenté aux ouvrages des astro­nomes et des cosmologistes de l'Antiquité et du Moyen Âge qu'à ceux des générations suivantes, qui fondèrent leurs travaux sur ceux de Copernic et rendirent explicites les conséquences radicales que même leur auteur n'avait pas vues dans son œuvre.
  La portée du De Revolutionibus est alors moins dans ce qu'il contient que dans ce qu'il a fait dire aux autres. Ce livre donna naissance à une révolution qu'il avait à peine énoncée. Il s'agit d'un texte plutôt provocateur de révo­lution que révolutionnaire. De tels textes constituent un phénomène relativement fréquent et extrêmement signi­ficatif dans le développement de la pensée scientifique. On peut les décrire comme des textes qui déplacent la direction dans laquelle se développe la pensée scienti­fique. Un ouvrage qui engendre une révolution est à la fois le moment culminant d'une tradition passée et la source d'une tradition nouvelle à venir. Pris comme un tout, le De Revolutionibus se situe presque entièrement dans la tradition astronomique et cosmologique de l'Anti­quité. Cependant, à l'intérieur de son cadre généralement classique, on peut trouver quelques nouveautés qui dépla­cèrent l'orientation de la pensée scientifique dans des voies qui n'étaient pas prévues par son auteur et qui provoquèrent une rupture rapide et complète avec la tradition ancienne. Considéré dans une perspective d'histo­ire de l'astronomie, le De Revolutionibus a une nature double. Il est à la fois ancien et moderne, conservateur et radical. Ainsi, on ne peut découvrir sa signification qu'en considérant simultanément son passé et son avenir, la tradition dont il est né et celle qui est née de lui."

 

Thomas Kuhn, La Révolution copernicienne, 1957, tr. fr. Avram Hayli, Le Livre de Poche, 1992, p. 181-182.



  "Considérons d'abord un changement de paradigme particulièrement célèbre, la naissance de l'astronomie copernicienne. Quand la théorie précédente, le système de Ptolémée, avait été pour la première fois mise au point durant les deux derniers siècles avant J.-C. et les deux derniers siècles suivants, elle réussissait admirablement à prédire les changements de position des étoiles aussi bien que des planètes. Aucun autre système n'avait aussi bien fonctionné ; pour les étoiles, l'astronomie de Ptolémée est encore largement utilisée aujourd'hui pour des approximations pratiques ; pour les planètes, les prédictions de Ptolémée valaient celles de Copernic [...]. Pour la position des planètes d'une part, et la précession des équinoxes d'autre part, les prédictions de Ptolémée n'étaient jamais tout à fait conformes aux meilleures observations. La réduction de ces divergences mineures a été le but des principaux problèmes de recherche astronomique normale, pour plusieurs des successeurs de Ptolémée [...].
  Mais à mesure que le temps passait, un spectateur considérant le résultat net des efforts de nombreux astronomes pouvait remarquer que la complexité de l'astronomie augmentait beaucoup plus vite que son exactitude et qu'une divergence corrigée à tel endroit se révélerait probablement à un autre. Comme la tradition astronomique fut à plusieurs reprises interrompue par des interventions extérieures et que, en l'absence d'imprimerie, les communications entre astronomes étaient restreintes, ces difficultés ne furent reconnues que lentement [...]. Au XVIe siècle, le collaborateur de Copernic, Domenico da Novara, soutenait qu'aucun système aussi compliqué et inexact que l'était devenu le système de Ptolémée ne pouvait être fidèle à la nature. [...] Dès le début du XVIe siècle, un nombre croissant des meilleurs astronomes d'Europe reconnaissaient que le paradigme astronomique ne pouvait être appliqué avec succès à ses propres problèmes traditionnels. Ce fut là la condition indispensable du rejet du paradigme de Ptolémée par Copernic et de sa recherche d'un nouveau paradigme."


Thomas Kuhn, La Structure des révolutions scientifiques, 1962, tr. fr. Laure Meyer,
Champs Sciences, 2008, p. 102-104.



  "Pour ma part, j'ai essayé, dans mes Études galiléennes, de définir les schémas structurels de l'ancienne et de la nouvelle conception du monde et de décrire les changements produits par la révolution du XVIIe siècle. Ceux-ci me semblent pouvoir être ramenés à deux éléments principaux, d'ailleurs étroitement liés entre eux, à savoir la destruction du Cosmos, et la géométrisation de l'espace, c'est-à-dire a) la destruction du monde conçu comme un tout fini et bien ordonné, dans lequel la structure spatiale incarnait une hiérarchie de valeur et de perfection, monde dans lequel « au-dessus » de la Terre lourde et opaque, centre de la région sublunaire du changement et de la corruption, s' « élevaient » les sphères célestes des astres impondérables, incorruptibles et lumineux, et la substitution à celui-ci d'un Univers indéfini, et même infini, ne comportant plus aucune hiérarchie naturelle et uni seulement par l'identité des lois qui le régissent dans toutes ses parties, ainsi que par celle de ses composants ultimes placés, tous, au même niveau ontologique ; et b) le remplacement de la conception aristotélicienne de l'espace, ensemble différencié de lieux intramondains, par celle de l'espace de la géométrie euclidienne extension homogène et nécessairement infinie – désormais considéré comme identique, en sa structure, avec l'espace réel de l'Univers. Ce qui, à son tour, impliqua le rejet par la pensée scientifique de toutes considérations basées sur les notions de valeur, de perfection, d'harmonie, de sens ou de fin, et finalement, la dévalorisation complète de l'Être, le divorce total entre le monde des valeurs et le monde des faits."

 

Alexandre Koyré, Du monde clos à l'univers infini, 1957, trad. R. Tarr, coll. Tel, Gallimard, 1973, p. 11-12.



  "Avec Copernic, Galilée, Kepler et Newton, la révolution scientifique moderne, on l'a assez dit, est antiaristotélicienne. Elle met fin au monde clos, au cosmos fini. À la vision du monde empruntée à Aristote qu'avait imposée physique médiévale, se substitue « un univers indéfini et même infini, ne comportant plus aucune hiérarchie naturelle »[1]. Cela signifie l'abandon de la théorie des lieux, du « mouvement naturel », où tout déplacement requiert une cause. Le principe d'inertie pose que le mouvement, comme le repos, est un état, qu'il n'est pas nécessaire d'expliquer ; seuls les changements de mouvement ont besoin d'explication. C'est l'inertie, ce mouvement qui n'existe mais qu'il faut supposer pour expliquer tout mouvement, que l'on va désormais dire « naturelle ». La révolution scientifique moderne se fait contre les évidences du sens commun, celles du soleil qui se lève et de la pierre qui tombe, dont la physique aristotélicienne donnait la description cohérente. Le monde s'unifie, il n'y a plus lieu de séparer le monde céleste éternel du monde sublunaire exposé à la corruption. En découvrant les taches du soleil, Galilée fait monter la corruption au ciel. En même temps, la mécanique fait descendre la régularité géométrique du mouvement des sphères du ciel sur la terre, devenue une planète comme les autres. Les choses ne se produisent plus « le plus souvent » mais toujours, universellement. On abandonne la recherche du pourquoi des choses, pour s'intéresser au comment, pour constater la régularité des liaisons entre des phénomènes. Dans son Traité du monde, Descartes parle des « lois » de la nature, qui sont les « règles » des changements qui interviennent dans les parties de la matière.
  La vision du monde qui émerge de ces ruptures et de ces transformations, celle de la mécanique classique, va s'imposer durablement. Alors que l'Antiquité n'avait pas pu s'entendre sur une conception unifiée de la nature et du cos­mos, la modernité va non seulement accepter – après quelques résistances – la synthèse newtonienne de la nou­velle physique, mais s'employer à en mesurer l'importance. De Descartes à Locke, Leibniz, Berkeley, Hume, Kant (et tant d'autres), on peut dire que la philosophie moderne s'est donné pour tâche de mesurer l'ampleur des transformations induites par la physique moderne, ou mécanique classique : en évaluer les fondements épistémologiques, en aider l'extension aux autres domaines du savoir ; en interroger les conséquences éthiques ou esthétiques. Bref, c'est l'ensemble d'un paradigme (une vision du monde unifiée par une rationalité scientifique) ou d'un « cadre conceptuel » (les répercussions des formes du savoir scientifique sur l'en­semble de nos représentations) que la philosophie moderne s'est efforcée de dégager, en prenant acte de l'importance de la révolution scientifique. Ce travail de clarification et de mise à jour des présupposés, des fondements. des implications de la révolution scientifique, qui a été la tâche des Lumières, frappe par son ampleur, sa systématicité, sa cohérence, sa réussite. Cela explique que, pour nous, modernit­é scientifique équivaut à rationalité, et que nous avons quelque difficulté à concevoir que quelque chose ait pu la précéder, ou qu'une relève soit envisageable.
  Pour caractériser l'unité qui s'est ainsi réalisée sur la rationalité scientifique moderne, on peut en relever les caractéristiques épistémologiques. On insistera alors sur la mathé­matisation de l'expérience (qui commence par celle de l'optique), sur la séparation du sujet et de l'objet (qui place l'observateur à l'extérieur de la nature observée), sur le rôle, enfin, attribué à l'expérimentation, ensemble de procédures de production d'un objet, répétables à volonté, et corrobo­rés par des témoins fiables. La science moderne ne s'appuie ni sur l'expérience immédiate, ni sur la seule argumentation rationnelle. Elle doit produire l'objet qu'elle connaît et authentifier les procédures de vérification. De la rationalité argumentative, commune à tous les citoyens, caractéristique du « savoir grec », on passe ainsi à un mode de validation du savoir qui emprunte son modèle non plus au débat démocratique, mais à l'établissement judiciaire de la preuve : il s'agit de présenter, devant des témoins qualifiés, un objet déterminé. La science moderne suppose ainsi la mise en place d'un public spécialisé de savants, d'une communauté scientifique, distincte du commun de la population. Une telle démarche implique une rupture décisive avec les modèles politiques de la rationalité grecque, et s'accorde mieux avec la réalité des monarchies modernes, qui, annulant le débat populaire sur l'intérêt commun, font de la politique le « secret du prince », mais ordonnent la justice à un procès d'établissement de la vérité.

  Tout cela montre la nouveauté de la rationalité scientifique moderne. Mais, si l'on considère que la caractéristique épistémologique fondamentale est la substitution du quantitatif et du géométrique aux qualités aristotéliciennes, la science moderne peut être comprise comme une reprise de l'ambition platonicienne d'accéder à la structure intelligible, essentiellement mathématique, du réel. C'est d'ailleurs, dans la continuité d'une tradition authentiquement platonicienne, que Galilée affirme, dans un célèbre passage, la structure géométrique de l'univers : « Il est écrit dans la langue mathématique et ses caractères sont des triangles, des cercles et autres figures géométriques, sans le moyen desquels il est humainement impossible d'en comprendre un mot. »[2]
  Cerner de plus près le contenu de la modernité scientifique, c'est enfin examiner les réponses qu'elle apporte aux trois questions qui, selon Baird Callicott, définissent, des Grecs à nos jours, la continuité de la philosophie naturelle. De quoi le monde est-il fait ? D'atomes et de vide, répond, avec Newton, la modernité, en reprenant l'hypothèse atomiste, situant les atomes dans un espace homogène infini. Est-il en mouvement et selon quel ordre ? Celui du principe d'inertie, dont la forme élémentaire est le mouvement rectiligne infini. Quelles sont les forces fondamentales à l'œuvre dans les processus naturels ? La gravitation et l'attraction universelles, selon Newton, qui unifie de la sorte la mécanique classique.
  On est alors conduit à insister sur la reprise de l'hypothèse atomiste. Celle-ci ne va pas de soi. Descartes rejette les atomes le vide, et critique Gassendi d'avoir adopté « l'hypothèse épicurienne ». Ce n'est qu'avec Newton que l'on en vient à considérer l'univers composé de « particules solides, pesantes, dures et impénétrables » mues par le principe actif de l'attraction. Hobbes s'oppose à la conception du vide défendue par Boyle. Celui-ci, inventant la pompe à air, fournit la preuve expérimentale de l'existence du vide, et, ce faisant, il établit les bases du protocole expérimental dans lequel s'affirme la modernité. La reprise de l'hypothèse atomiste surmonte les oppositions qu'elle rencontre, et ce n'est qu'à l'issue de cette démarche que la physique moderne s'impose : jusque-là on n'avait qu'une mécanique, c'est-à-dire une mathématique du mouvement, pas une physique.
  Antiaristotélicienne, la révolution scientifique moderne s'inscrit, par rapport à l'Antiquité, dans une double contin­uité : celle, platonicienne, de la mathématisation du réel, celle, épicurienne, de l'hypothèse atomiste."

 

Catherine et Raphaël Larrère, Du bon usage de la nature. Pour une philosophie de l'environnement, 1997, Champs essais, 2009, p. 61-64.


[1] Alexandre Koyré, Du Monde clos à l'univers infini.
[2] Galilée, Il Saggiatore.


 

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Date de création : 16/02/2014 @ 10:06
Dernière modification : 15/05/2024 @ 08:42
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