"La liberté de l'être humain suppose la conscience, mais elle entraîne aussi que les humains agissent en fonction de finalités ou de buts qu'ils se fixent. Le comportement des humains dépend donc de ces finalités : un individu décide d'avoir des enfants car il considère que « le but dans la vie » est de fonder une famille ; un autre décide l'inverse afin de préserver son autonomie ; [...] des étudiants font la grève car ils veulent défendre la démocratie qui exige, selon eux, un accès gratuit à l'éducation.
Tous ces exemples démontrent l'importance des finalités pour l'analyse des phénomènes humains. Cela n'est pas le cas en sciences naturelles où le comportement des objets d'étude n'est pas, ou alors si peu, autodéterminé par des finalités. Une roche n'a pour but de se décomposer en sable. En copulant, une grenouille n'a probablement pas pour finalité consciente de reproduire son espèce. [...] Cette différence fondamentale fait en sorte que les sciences humaines doivent s'appuyer sur « une méthodologie capable d'englober un côté herméneutique ».
D'une manière générale, adopter une approche herméneutique consiste à comprendre plutôt qu'à expliquer un phénomène. La compréhension se distingue de l'explication en ce qu'elle intègre l'étude du sens de l'action produit par l'acteur concerné."
François Dépelteau, La Démarche d'une recherche en sciences humaines, 2000, Les Presses de l'Université Laval, De Boeck, p. 90-92.
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