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Texte à méditer :  Ceux qui brûlent des livres finissent tôt ou tard par brûler des hommes.  Heinrich Heine
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Hors des sentiers battus
Désir et servitude

" - A ressentir avec intensité, plaisir, peine, terreur ou désir, alors, si grand que soit le mal dont on puisse souffrir à cette occasion, entre tous ceux qu'on peut imaginer, tomber malade par exemple ou se ruiner à cause de ses désirs, il n'y a aucun mal qui ne soit dépassé cependant par celui qui est le mal suprême ; c'est de celui-là qu'on souffre, et on ne le met pas en compte !

- Qu'est-ce que ce mal, Socrate ? dit Cébès.

- C'est qu'en toute âme humaine, forcément, l'intensité du plaisir ou de la peine à tel ou tel propos s'accompagne de la croyance que l'objet précisément de cette émotion, c'est tout ce qu'il y a de plus clair et de plus vrai, alors qu'il n'en est point ainsi. Il s'agit alors au plus haut point de choses visibles, n'est-ce pas ?

- Hé! absolument.

- N'est-ce pas dans de telles affections qu'au plus haut point l'âme est assujettie aux chaînes du corps ?

- Comment, dis ?

- Voici : tout plaisir et toute peine possèdent une manière de clou, avec quoi ils clouent l'âme au corps et la fichent en lui, faisant qu'ainsi elle a de la corporéité et qu'elle juge de la vérité des choses d'après les affirmations mêmes du corps."

Platon, Phédon, 83 e.


Date de création : 05/01/2006 @ 11:46
Dernière modification : 05/01/2006 @ 16:10
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