"Souvent tenus pour des équivalents, [les termes de monde, nature et univers] correspondent pourtant à des significations et peut-être aussi à des réalités très différentes : leur équivalent est donc d'abord un problème. En premier lieu, tout dans l'univers n'est peut-être pas « nature » : l'identification de la nature et de l'univers est le fait de la physique moderne (les lois de la nature sont dites lois universelles). Elle requiert que soient abolies – ou en tout cas déplacées – les anciennes distinctions : lunaire/sublunaire, nature/artificiel, naturel/hasardeux. Elles ont en effet comme résultat convergent de poser que l' « être se dit en plusieurs sens », et que la nature n'est qu'une des « régions » de l'être. Ensuite, le « monde » est « ce qui nous entoure » : le monde – un monde – est centré autour d'un vivant ou d'une communauté de vivants, qui le perçoivent et le pratiquent, du point de vue qui est le leur. Et cette pratique, s'agissant en tout cas des mondes humains, passe par l'activité technique : la nature est travaillée, transformée, et notre « environnement » est loin d'être naturel. Il y a un rapport étroit entre le monde et les œuvres, par l'intermédiaire desquelles une communauté d'action et de pensée peut émerger. La réalité du monde tient alors beaucoup plus de la multitude et de la productivité des artifices que de la nature."
Frank Burbage, La Nature, 1998, Vade-mecum, GF Flammarion, Corpus, p. 232.
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