"La vérité de la religion naturelle est à la vérité des autres religions comme le témoignage que je me rends à moi-même est au témoignage que je reçois d'autrui ; ce que je sens à ce qu'on me dit ; ce que je trouve écrit en moi-même du doigt de Dieu, et ce que les hommes vains et superstitieux et menteurs ont gravé sur la feuille ou sur le marbre ; ce que je porte en moi et rencontre le même partout et ce qui est hors de moi et change avec les climats ; ce qui n'a point été sincèrement contredit ne l'est point et ne le sera jamais, et ce qui loin d'être admis et de l'avoir été, ou n'a point été connu ou a cessé de l'être, ou ne l'est point, ou bien est rejeté comme faux ; ce que ni le temps ni les hommes n'ont point aboli et n'aboliront jamais et ce qui passe comme l'ombre ; ce qui rapproche l'homme civilisé et le barbare, le chrétien, l'infidèle et le païen ; l'adorateur de Jéhova, de Jupiter et de Dieu ; le philosophe et le peuple, le savant et l'ignorant, le vieillard et l'enfant, le sage même et l'insensé ; et ce qui éloigne le père du fils, arme l'homme contre l'homme, expose le savant et le sage à la haine et à la persécution de l'ignorant et de l'enthousiaste, et arrose de temps en temps la terre du sang d'eux tous."
Diderot, De la suffisance de la religion naturelle, 1746, § 27.
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