"L'effondrement du théocentrisme et l'essor de la pensée humaniste sont liés à une nouvelle expérience du monde : le retrait du divin. Au sein d'un monde théocentrique, le divin se manifeste de manière sensible dans l'ici-bas. Il est omniprésent, dans la beauté de la Création, dans l'harmonie des sphères comme dans l'œuvre d'art. C'est ce que la musique médiévale révèle à chaque instant, dans chacune de ses œuvres.
Au sein du monde moderne, la présence du divin peut encore être éprouvée, certes, mais sous une forme différente, en retrait. L'homme émerge comme un nouveau centre de référence : ce n'est plus l'homme conçu comme humain au sein d'un ordre hiérarchisé et communautaire, ce n'est plus l'individu particularisé par les appartenances qui l'identifient. L'individu qui apparaît à l'aube de l'époque moderne est un individu singulier, il prend sur lui la mesure du monde. Il est l'individu dont la vie démocratique tentera de préserver la liberté."
Bernard Foccroulle, "La musique et la naissance de l'individu moderne", in La naissance de l'individu dans l'art, 2005, Grasset, p. 45-46.
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