"Privé de liberté, un esprit actif et énergique cherchera le pouvoir. Si on ne lui permet pas d'être son propre maître, il affirmera sa personnalité en essayant de gouverner les autres. N'accorder à des êtres humains aucune existence propre mais au contraire les faire dé pendre des autres, c'est les encourager beaucoup trop à soumettre les autres à leurs desseins. Quand on ne peut espérer la liberté mais qu'on peut espérer le pouvoir celui-ci devient le principal objet du désir humain. Ceux qu'on ne laisse pas gérer seuls leurs propres affaires chercheront, en compensation, à se mêler des affaires des autres à des fins personnelles. C'est de là que vient aussi la passion des femmes pour la beauté, l'élégance l'apparat ; avec tous les maux qui en découlent sous les formes du luxe et de l'immoralité sociale. L'amour du pouvoir et l'amour de la liberté sont en conflit perpétuel. Moins il y a de liberté, plus l'amour du pouvoir est grand et éhonté. Le désir de dominer autrui cesse d'être un facteur de corruption dans l'humanité seulement lorsque chaque individu peut s'en passer, c'est-à-dire quand le respect de la liberté individuelle de chacun est un principe reconnu."
John Stuart Mill, L'Asservissement des femmes, 1869, Chapitre IV, tr. fr. Marie-Françoise Cachin, Petite Bibliothèque Payot, 1975, p. 189.
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