"L'homme est un être de désir que le réel déçoit : entre les promesses de l'imaginaire et la réalité du présent il y a un abîme. Aussi le désir porte-t-il toujours sur l'avenir, mais s'il était satisfait il n'y aurait plus d'avenir. Nous attendons tout du temps puisque ce qui justifierait notre vie est à venir, et cependant ce que nous attendons n'est pas du temps puisque ce qui mettrait fin à notre désir serait aussi la fin du temps. Nous désirons ne plus désirer. L'ontologie du désir ne peut donc se comprendre que par une ontologie du temps. Le désir est l'être de la négativité et la négativité de l'être. Son inquiétude est celle même du temps. De là le passage pour ainsi dire naturel à ce qu'on trouve dans beaucoup de philosophies et la plupart des religions : désirer devient désirer l'éternité. La requête contre le temps, le désir d'éternité, est sans doute l'attitude la plus commune de l'humanité."
Jean Lacroix, Le désir et les désirs, 1975, PUF, p. 80.
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