"L'homme n'est pas indéfiniment amateur des biens qui lui sont offerts. Si l'intensité de son désir peut lui faire croire d'abord que son appétit de satisfactions est infini, il s'aperçoit très vite à l'expérience qu'il existe des points de saturation. La structure physique du corps humain, sa localisation dans l'espace, la durée bornée de sa vie et son besoin de repos limitent sa consommation maxima. Achèterez-vous ces viandes que vous ne pourrez manger ? Ces livres que vous ne pourrez lire ? Ces chevaux que vous ne pourrez monter ? Ces autos que vous ne pourrez conduire ? Dès que paraît l'abondance, paraît aussi la satiété.
Tel est le phénomène général que j'appelle d'un mot barbare mais en matière économique, l'inélasticité de la demande par rapport à l'offre. Il existe une inélasticité de la demande de biens alimentaires, car lorsque ces biens sont offerts en quantité indéfinie, leur consommation a pour limite l'appétit maximum de chacun de nous. Il y a également de même une tendance à la saturation, à la capacité d'utilisation, de tous les biens et de tous les services."
Jean Fourastié, Le Grand espoir du XXe siècle, 1952, nrf idées, 1964, p. 29.
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