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Texte à méditer :  

Il est vrai qu'un peu de philosophie incline l'esprit de l'homme à l'athéisme ; mais que davantage de philosophie le ramène à la religion.   Francis Bacon


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Hors des sentiers battus
La nature du désir

  "Ces commencements ténus du mouvement, à l'intérieur du corps humain, avant qu'ils n'apparaissent dans l'action de marcher de parler, de frapper et dans les autres actions visibles, sont couramment appelées EFFORT.
  Cet effort, quand il est orienté vers quelque chose qui en est la cause, est appelé APPÉTIT ou DÉSIR ; le dernier est le nom générique et l'autre est le plus souvent restreint à signifier le désir d'aliments, à savoir la faim et la soif. Et, quand l'effort consiste à s'écarter de quelque chose, on l'appelle généralement AVERSION. Ces mots, appétit et aversion, nous viennent des Latins, et l'un et l'autre signifient le mouvement : l'un pour se rapprocher, l'autre pour se retirer. […]

  On dit aussi AIMER au sujet de ce que les humains désirent; et HAÏR ces choses au sujet desquelles ils ont de l'aversion. De sorte que désir et amour sont la même chose, à ceci près que par désir nous signifions toujours l'absence de l'objet et, par amour, nous signifions la plupart du temps sa présence. De même aussi par aversion, nous signifions l'absence, et par haine la présence de l'objet.
  Certains appétits et aversions naissent avec les humains, comme l'appétit de nourriture, l'appétit d'excrétion et d'évacuation (que l'on pourrait appeler plus proprement aversions pour ce qu'ils sen­tent à l'intérieur de leur corps), et un petit nombre d'autres appétits. Le reste, qui est l'appétit pour de choses particulières, provient de l'expérience et de l'essai de leurs effets sur nous ou sur les au­tres. En effet, en ce qui concerne les choses que nous ne connaissons pas du tout ou dont nous croyons qu'elles n'existent pas, nous ne pouvons que désirer les tester et les essayer. En revanche, nous éprouvons de l'aversion non seulement pour des choses dont nous savons qu'elles nous font du mal, mai encore pour celle dont nous ne savons pas si elles nous feront du mal ou non. [...]

  Et, parce que la constitution du corps humain est en mutation permanente, il est impossible que tou­tes les mêmes choses doivent toujours causer en lui les mêmes appétits et aversions. Les hommes peuvent encore moins accorder leur désir au sujet d'un même objet, quel qu'il soit.
  Mais, quel que soit l'objet de l'appétit ou du dé­sir que l'on éprouve, c'est cet objet qu'on appelle bon ; et l'objet de notre haine et de notre aversion est ce qu'on appelle mauvais ; l'objet de notre mé­pris, on le dit abject et méprisable. En effet, l'usage des mots bon, mauvais, méprisable est toujours relatif à la personne qui les emploie ; il n'y a rien qui soit simplement et absolument tel, pas plus qu'il n'existe des règles du bon et du mauvais extraites de la nature des objets eux-mêmes ; ces règles proviennent de la personne (là où l'État n'existe pas) ou de celle qui la représente (quand l'État existe), ou d'un arbitre, ou juge, que ceux qui sont en désaccord établissent en faisant de sa sentence la norme du bon et du mauvais."

 

Thomas Hobbes, Léviathan, 1651, I, 6, tr. fr. Gérard Mairet, Folio Essais, 2000, p. 124-127.

 

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Date de création : 26/03/2020 @ 14:42
Dernière modification : 26/03/2020 @ 14:48
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