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Texte à méditer :   Les vraies révolutions sont lentes et elles ne sont jamais sanglantes.   Jean Anouilh
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L'animal et le végétal

  "L'animal réunit toutes les puissances de la Nature, les forces qui l'animent lui sont propres et particulières, il veut, il agit, il se détermine, il opère, il communique par ses sens avec les objets les plus éloignés, son individu est un centre où tout se rapporte, un point où l'Univers entier se réfléchit, un monde en raccourci ; voilà les rapports qui lui sont propres ; ceux qui lui sont communs avec les végétaux sont les facultés de croître, de se développer, de se reproduire et de se multiplier.
  La différence la plus apparente entre les animaux et les végétaux paraît être cette faculté de se mouvoir et de changer de lieu, dont les animaux sont doués, et qui n'est pas donnée aux végétaux : il est vrai que nous ne connaissons aucun végétal qui ait le mouvement progressif, mais nous voyons plusieurs espèces d'animaux, comme les huîtres, les galle-insectes, etc. auxquelles ce mouvement paraît avoir été refusé ; cette différence n'est donc pas générale et nécessaire.

  Une différence plus essentielle pourrait se tirer de la faculté de sentir qu'on ne peut guère refuser aux animaux, et dont il semble que les végétaux soient privés ; mais ce mot sentir renferme un si grand nombre d'idées qu'on ne doit pas le prononcer avant que d'en avoir fait l'analyse ; car si par sentir nous entendons seulement faire une action de mouvement à l'occasion d'un choc ou d'une résistance, nous trouverons que la plante appelée Sensitive est capable de cette espèce de sentiment, comme les animaux ; si au contraire on veut que sentir signifie apercevoir et comparer des perceptions, nous ne sommes pas sûrs que les animaux aient cette espèce de sentiment, et si nous accordons quelque chose de semblable aux chiens, aux éléphants , etc. dont les actions semblent avoir les mêmes causes que les nôtres, nous le refuserons à une infinité d'espèces d'animaux, et surtout à ceux qui nous paraissent être immobiles et sans action ; si on voulait que les huîtres, par exemple, eussent du sentiment comme les chiens , mais à un degré fort inférieur , pourquoi n'accorderait-on pas aux végétaux ce même sentiment dans un degré encore au-dessous ! Cette différence entre les animaux et les végétaux non seulement n'est pas générale, mais même n'est pas bien décidée.
  Une troisième différence paraît être dans la manière de se nourrir; les animaux par le moyen de quelques organes extérieurs saisissent les choses qui leur conviennent, ils vont chercher leur pâture, ils choisissent leurs aliments; les plantes au contraire paraissent être réduites à recevoir la nourriture que la terre veut bien leur fournir, il semble que cette nourriture soit toujours la même, aucune diversité dans la manière de se la procurer, aucun choix dans l'espèce, l'humidité de la terre est leur seul aliment. Cependant si l'on fait attention à l'organisation et à l'action des racines et des feuilles, on reconnaîtra bientôt que ce sont là les organes extérieurs dont les végétaux se fervent pour pomper la nourriture , on verra que les racines se détournent d'un obstacle ou d'une veine de mauvais terrain pour aller chercher la bonne terre ; que même les racines se divisent, se multiplient, et vont jusqu'à changer de forme pour procurer de la nourriture à la plante ; la différence entre les animaux et les végétaux ne peut donc pas s'établir sur la manière dont ils se nourrissent.
  Cet examen nous conduit à reconnaître évidemment qu'il n'y a aucune différence absolument essentielle et générale entre les animaux et les végétaux, mais que la Nature descend par degrés et par nuances imperceptibles d'un animal qui nous parait le plus parfait à celui qui l'est le moins, et de celui-ci au végétal. Le polype d'eau douce sera, si l'on veut, le dernier des animaux et la première des plantes.
  En effet, après avoir examiné les différences, si nous cherchons les ressemblances des animaux et des végétaux, nous en trouverons d'abord une qui est générale et très essentielle, c'est la faculté commune à tous deux de se reproduire, faculté qui suppose plus d'analogies et de choses semblables que nous ne pouvons l'imaginer, et qui doit nous faire croire que pour la nature les animaux et les végétaux sont des êtres à peu près de même ordre.
  Une féconde ressemblance peut se tirer du développement de leurs parties, propriété qui leur est commune, car les végétaux ont, aussi bien que les animaux, la faculté de croître, et si la manière dont ils se développent, est différente, elle ne l'est pas totalement ni essentiellement, puisqu'il y a dans les animaux des parties très considérables, comme les os, les cheveux, les ongles, les cornes, etc. dont le développement est une vraie végétation , et que dans les premiers temps de sa formation le fœtus végète plutôt qu'il ne vit.
  Une troisième ressemblance, c'est qu'il y a des animaux qui se reproduisent comme les plantes, et par les mêmes moyens ; la multiplication des pucerons qui se fait sans accouplement, est semblable à celle des plantes par les graines, et celle des polypes, qui se fait en les coupant, ressemble à la multiplication des arbres par boutures.
  On peut donc assurer avec plus de fondement encore, que les animaux et les végétaux sont des êtres du même ordre, et que la Nature semble avoir passé des uns aux autres par des nuances insensibles, puisqu'ils ont entre eux des ressemblances essentielles et générales, et qu'ils n'ont aucune différence qu'on puisse regarder comme telle."

 

Buffon, Histoire naturelle des animaux, tome second, chapitre 1er, 1750, Imprimerie royale, p. 6-10.



  "Au reste, la différence la plus générale et la plus sensible entre les animaux et les végétaux est celle de la forme : celle des animaux, quoique variée à l'infini, ne ressemble point à celle des plantes ; et quoique les polypes, qui se reproduisent comme les plantes, puissent être regardés comme faisant la nuance entre les animaux et les végétaux, non seulement par la façon de se reproduire, mais encore par la forme extérieure ; on peut cependant dire que la figure de quelque animal que ce soit est assez différente de la forme extérieure d'une plante, pour qu'il soit difficile de s'y tromper. Les animaux peuvent à la vérité faire des ouvrages qui ressemblent à des plantes ou à des fleurs : mais jamais les plantes ne produiront rien de semblable à un animal ; ces insectes admirables qui produisent et travaillent le corail, n'auraient pas été méconnus et pris pour des fleurs, si, par un préjugé mal fondé, on n'eut pas regardé le corail comme une plante. Ainsi les erreurs où l'on pourrait tomber en comparant la forme des plantes à celle des animaux, ne porteront jamais que sur un petit nombre de sujets qui font la nuance entre les deux ; et plus on fera d'observations, plus on se convaincra qu'entre les animaux et les végétaux, le créateur n'a pas mis de terme fixe ; que ces deux genres d'être organisés ont beaucoup plus de propriétés communes que de différences réelles ; que la production de l'animal ne coûte pas plus, et peut-être moins à la nature, que celle du végétal ; qu'en général la production des êtres organisés ne lui coûte rien ; et qu'enfin le vivant et l'animé, au lieu d'être un degré métaphysique des êtres, est une propriété physique de la matière."

 

Buffon, Histoire naturelle des animaux, tome second, 1749, chapitre 1er, Imprimerie royale, 1750, p. 16-17.



  "Nous allons jeter d'abord un coup d'œil sur les facultés de la puissance animale. Des savants trop accrédités ont pris plaisir à les confondre avec celles des puissances précédentes. À les entendre, il n'existe que des passages et des nuances entre les trois règnes du minéral, du végétal et de l'animal ; selon eux, une huître ne diffère de sa coquille que par des modifications ; et l'homme qu'ils rangent parmi les animaux n'est lui-même qu'une matière organisée, soumise aux simples lois de la physique, dont l'attraction est encore, suivant leur opinion, le seul mobile. […]
  Le végétal le plus simple me paraît composé d'un grand nombre de végétaux semblables et réunis sous une même écorce. Une plante est organisée comme un polype ; chacune de ses fibres ligneuses ou nerveuses paraît un végétal, qui correspond depuis la racine jusqu'à la feuille qu'il nourrit. La preuve en est dans ses racines : si vous en retranchez une vous voyez languir les branches qui y correspondent. Si vous coupez une branche d'arbre y et si vous la replantez avec soin et dans une saison convenable, il en renaît un autre arbre ; vous pouvez même le reproduire en la fendant en deux y comme on le voit dans celles du saule. La vie paraît disséminée également dans toutes les parties du végétal ; on peut détruire impunément les unes, même dans son intérieur, tandis que les autres fructifient, comme il arrive aux arbres caverneux, qui n'en sont pas moins couverts de leurs feuillages. Un végétal est semblable au polype animal.
  Il n'en est ainsi d'aucun animal proprement dit. Quoique ses muscles soient composés de fibres et de nerfs qui conservent des mouvements particuliers après la mort, ils ne forment tous ensemble qu'un seul animal individuel et indivisible. L'animal est seul dans sa peau, et le végétal est multiple dans son écorce. Vous pouvez, des tronçons d'un saule, planter un bocage, mais avec les quartiers d'un mouton vous ne ferez jamais naître un troupeau.
  Une autre preuve que le végétal renferme dans chacune de ses fibres un végétal parfait, c'est qu'il produit indistinctement dans toutes ses branches un grand nombre de fleurs, qui ne paraissent être que les parties sexuelles des fibres, parvenues successivement à un âge adulte. Dans une plante annuelle, les fleurs paraissent après un certain nombre de lunaisons ; mais dans un arbre, le bois nouveau ne donne point de fleurs, et les fleurs de son vieux bois changent de place d'une année à l'autre. […]
  Je ne connais point de végétal vivace qui ne produise qu'une seule fleur : l'animal, au contraire, n'a qu'un seul sexe. Quand il en réunit deux y comme les limaçons, ces sexes sont situés dans un lieu invariable. Les nerfs et les fibres des muscles de l'animal concourent tous à la fois à une seule action, comme tous ses organes ; tandis que les fibres des végétaux ont des actions particulières et isolées : ils n'agissent en commun que par leur agrégation. Un végétal blessé dans une de ces parties prospère dans toutes les autres, et l'animal dans la même circonstance languit dans tout son corps.
  On pourrait dire peut-être que les fibres nerveuses dans un animal sont autant d'animaux distincts réunis sous la même peau, parce qu'il éprouve plusieurs passions, quelquefois opposées les unes aux autres, surtout dans l'homme ; mais il existera toujours une grande différence dans la composition du végétal et de l'animal. Le végétal est si bien composé d'un assemblage de végétaux, qu'il en renferme à la fois de jeunes et de vieux, dont quelques-uns n'ont quelquefois qu'une lunaison, et d'autres ont plus d'un siècle. Un rameau d'un arbre est moins âgé que sa tige, et son aubier que son tronc. L'arbre le plus caduc porte à la fois la vieillesse dans son cœur et la jeunesse sur sa tête : l'une et l'autre se manifestent encore dans sa racine et dans son écorce. L'accroissement de ses parties dépend évidemment des harmonies soli-lunaires, puisque ses cercles annuels subdivisés en cercles lunaires, en sont la preuve comme nous l'avons déjà démontré, et comme nous le verrons encore ailleurs. L'animal n'est point formé d'un assemblage d'animaux. Le renouvellement périodique des couches qui composent ses os, prouvé par les os des poulets qui mangent de la garance, le soumet sans doute aux mêmes périodes planétaires que le végétal, mais la dégénération de ses parties se fait tout à la fois, de sorte qu'il n'en a ni de plus vieilles ni de plus jeunes les unes que les autres.
  Voilà donc des différences très marquées dans la constitution du végétal et de l'animal. Elles ne sont pas moins sensibles dans l'ensemble et la disposition de leurs organes. Tous les animaux se divisent en deux moitiés égales, comme il convenait à des corps destinés à changer de lieu ; mais cet équilibre parfait ne se manifeste que dans les feuilles, les fleurs et les semences des végétaux. On le retrouve, à la vérité, dans les tiges des graminées ; mais la plupart des buissons et des arbres ne le présentent que d'une manière fort singulière. La différence est encore plus sensible dans les organes de la nutrition et de la génération, qui leur sont communs. Les végétaux ont leurs bouches ou leurs racines en bas, et leurs parties sexuelles ou fleurs en haut. Les animaux au contraire, ont leur bouche à la partie supérieure ou antérieure de leur corps, et leurs parties sexuelles à la partie inférieure ou postérieure. Les premiers portent leurs fruits au-dehors ; les seconds engendrent au-dedans. Cependant les végétaux ne sont pas des animaux renversés, comme on l'a prétendu ; car ils n'ont point les facultés ni les organes qui constituent l'animalité. Ils n'ont point de cerveau, qui est le siège de l'intelligence, ni de cœur, qui est celui des passions. Ils différent essentiellement entre eux par ces viscères, et par d'autres organes et qualités que nous allons développer.
  Nous avons vu que la puissance végétale réunissait en elle les facultés des trois puissances élémentaires, qui sont entre autres l'élasticité et les couleurs aériennes, les mouvements ou les circulations aquatiques, et les formes terrestres, dont nous avons indiqué les progressions harmoniques ascendantes et descendantes. Nous avons démontré ensuite qu'elle avait de plus la vie végétale ou végétabilité, puissance dont les harmonies, soumises aux mêmes lois, sont l'organisation, la nutrition au développement, l'amour , la génération et la mort. La puissance animale réunit toutes les harmonies précédentes, et elle y joint de plus la vie animale ou animalité, puissance qui se divise en facultés sensitive, intellectuelle et morale. Chacune de ces facultés a ses harmonies dont nous allons donner un aperçu.
  La faculté sensitive est douée de cinq organes principaux, qui sont ceux de la vue, de la respiration, de la soif, du toucher et du goût. Ils sont répartis aux cinq puissances primitives et précédentes, au soleil, à l'air, à l'eau, à la terre et aux végétaux. Chacun de ces organes a des effets harmoniques, c'est-à-dire actifs et passifs, ou positifs et négatifs. Ainsi, de la vue s'engendrent la veille et le sommeil ; de la respiration, la voix et l'ouïe, de la soif, la potation et la méation, du toucher, le mouvement et le repos, du goût, le manger et les sécrétions. Les végétaux ne présentent rien de semblable, ni dans leurs organes, ni dans leurs fonctions. Ils n'ont point d'yeux pour voir, ni de paupières pour les voiler. Quoique quelques-uns, comme le tamarin, ferment leurs feuilles ou leurs fleurs dans les ténèbres, c'est pour les abriter la nuit de l'humidité, ou quelquefois le jour de l'action du soleil ; car il y en a qui les ferment en plein midi, comme le pissenlit. C'est abuser des termes de dire qu'ils dorment la nuit. Leurs facultés, loin d'être suspendues, sont dans leur plus grande activité. C'est alors qu'ils végètent le plus. On peut dire aussi que les animaux jouissent dans leur sommeil de leur faculté végétale dans toute sa plénitude ; car c'est à cette époque que leur sang, qui est leur sève, circule avec la plus grande facilité, et qu'ils profitent le plus, comme les végétaux. Le sommeil appartient donc non aux fonctions de la végétabilité, mais à celles de l'animalité, dont il est le repos. Il ne suspend que les facultés intellectuelles et morales, et leurs organes. Si les végétaux sont privés de l'organe de la vue, ils ne le sont pas moins de celui de la respiration. Ils aspirent sans doute l'air et l'expirent ; mais ils n'ont point de larynx pour en produire des sons, ni d'oreilles pour les recevoir : encore que quelques-uns engendrent des bruits, c'est par l'action du vent ou par quelque cause étrangère ; ils n'en n'ont point le sentiment y ils ne les entendent point. Il en est de même de leurs rapports avec l'eau : ils la pompent comme l'air, mais ils ne la digèrent pas. Ils n'ont point de tact ; et quoique la sensitive ferme ses feuilles quand on la touche, elle doit son mouvement passif à une action extérieure, et non à un acte de sa volonté. Il y a grande apparence que l'hedysarum movens du Bengale doit le mouvement d'oscillation ou de balancement de ses folioles à l'action combinée de l'air et de la chaleur ainsi que d'autres végétaux lui doivent celui de leur sève, et les animaux celui de leur sang. Mais ceux-ci ont le principe du mouvement en eux-mêmes et dans leurs facultés intellectuelles. L'insecte dont le corps est revêtu d'écailles insensibles a des antennes, où réside l'organe du toucher, ou peut-être de l'odorat, qui dirige ses mouvements de progression. Ses antennes sont sa boussole. Beaucoup de poissons écailleux ont des barbillons qui leur servent aux mêmes usages. L'huître, que des naturalistes regardent comme un passage de la plante à l'animal, et comme un être mitoyen entre ces deux règnes, jouit du mouvement de ses lèvres. Elle entr'ouvre et ferme ses écailles à volonté. Elle jouit aussi du mouvement local ; car elle trouve le moyen de se transporter ou elle veut ; les espèces d'huîtres même qui adhèrent aux rochers nagent quand elles viennent de naître. Elles se choisissent des anfractuosités, et y construisent leurs coquilles irrégulières avec autant de géométrie, au sein des tempêtes, que les abeilles leurs alvéoles hexagonales dans le séjour tranquille des forêts. La maçonnerie de cette espèce d'huître est si bonne, qu'on ne peut la détacher qu'avec un morceau de rocher. Enfin les végétaux tirent leur nourriture des éléments, mais ils n'ont point d'organes du goût et des excrétions.
  La faculté intellectuelle est d'un ordre supérieur à la faculté sensitive. Elle réunit trois qualités dont les végétaux sont totalement privés : ce sont l'imagination, le jugement et la mémoire. Ces qualités président aux sens. L'imagination reçoit l'image des objets par la vue et l'ouïe ; le jugement compare leurs rapports intimes par le toucher et le goût. La mémoire conserve les résultats de l'imagination et du jugement pour en former l'expérience : la mémoire embrasse le passé, le jugement le présent, et l'imagination l'avenir. Ainsi, ces qualités s'étendent aux rapports des choses, des temps et des lieux, suivant certains rayons assignés à chaque genre d'animal : l'homme seul en embrasse la sphère. Cependant, quoique leurs fonctions semblent séparées, elles agissent aussi de concert. Le plus petit insecte fait usage de toutes à la fois ou en particulier, comme de ses yeux, de ses ailes et de ses pâtes. Leur siège est dans la tête de l'animal, ainsi que l'origine des nerfs, de la faculté sensitive qu'elles font mouvoir, et dont le sensorium est dans le cœur.
  Le végétal n'a donc rien qui soit comparable aux facultés sensitive et intellectuelle de l'animal ; il n'a point, comme celui-ci, le sentiment et l'intelligence de ses convenances naturelles. Cependant quelques philosophes, entre autres Descartes et Malebranche, ont voulu rabattre la puissance animale au-dessous de la végétale. Ils ont prétendu que les animaux n'étaient que de simples machines impassibles, ce qu'il serait absurde de dire même des simples végétaux y qui sont doués d'une véritable vie puisqu'ils se propagent par des amours. Quand on objectait à Malebranche les cris douloureux d'un chien frappé, il les comparait aux sons d'une cloche dans la même circonstance. Pour le prouver un jour, dans la fureur de la dispute il tua d'un coup de pied sa propre chienne qui avoit des petits. Le bon Jean-Jacques me dit à cette occasion : « Quand on commence à raisonner, on cesse de sentir. » Je répète ici ce mot, que j'ai cité ailleurs, parce qu'il jette une grande lumière sur la nature de l’âme des bêtes et sur la nôtre en ce qu'elles ont de commun. Il prouve que l'âme a deux facultés très-distinctes, l'intelligence et le sentiment. La première provient en partie de l'expérience, et la seconde des lois fondamentales de la nature. L'une et l'autre sont en harmonie chez les animaux et les dirigent toujours vers une bonne fin. Mais lorsque l'intelligence s’appuie en nous sur des systèmes humains et se sépare du sentiment, qui est l'expression des lois naturelles, alors elle peut précipiter les génies les plus élevés et les plus doux dans les férocités les plus absurdes. Certes, Descartes et Malebranche sont tombés bien volontairement dans l'erreur, de prétendre que les bêtes n'étaient animées que par de simples attractions : la plus petite expérience suffisait pour les désabuser. Mettez une feuille de papier entre un aimant et une aiguille de fer, l'aiguille ne se détournera point pour aller chercher l'aimant, mais elle se portera vers lui par la ligne la plus droite. Mettez le même obstacle entre un chat et une souris, le chat ira chercher la souris derrière la feuille de papier : le chat raisonne donc, et son intelligence n'est point l'effet d'une simple attraction ou d'un tourbillon magnétique.
  Mais l'âme des animaux est douée d'une faculté bien plus puissante que la sensitive et l'intellectuelle ; elle a une faculté morale : sans celle-ci elle n'aurait ni dessein ni volonté : elle éprouverait en vain les sensations de la première et les sentiments de la seconde ; mais par sa faculté morale elle les dirige, parce qu'elle en a, si je peux dire, des pré-sensations et des pré-sentiments.
  J'appelle faculté morale celle qui constitue les mœurs de l'animal et qui fait qu'un chat n'a pas le caractère d'une souris, et un loup celui d'un mouton. Elle est différente dans chaque genre d'animaux, elle varie dans leurs espèces, qui d'ailleurs ont en commun les facultés sensitive et intellectuelle seulement dans des proportions particulières. La faculté morale réunit trois qualités, l'instinct, la passion et l'action.
  L'instinct renferme les pré-sensations de l'animal et le pressentiment de ses convenances ; c'est par des pré-sensations que des animaux encore dans le nid maternel s'effraient d'un bruit ou de la menace d'un coup dont ils n'ont encore aucune expérience. C'est par des pré-sensations qu'ils tètent, qu'ils marchent, qu'ils sautent, qu'ils grimpent, qu'ils appellent à leur secours. Ils leur doivent la conscience des organes et des membres dont ils font usage. Combien d'années ne faudrait-il pas à l'anatomiste le plus habile pour en acquérir la science ! Les Duverney et les Winslow ont avoué, à la fin de la vie la plus studieuse, n'en avoir que de faibles aperçus. Pour moi, je tiens l'homme, quoique très-vain dans nos écoles, ai borne dans sa nature, qu'il ne se serait jamais douté que les ailes des oiseaux pussent leur servir à traverser les airs, s'il ne les avait pas vus voler. Cependant ils s'en servent pour sortir de leurs nids sans en étudier la mécanique et sans la comprendre, non plus que nos docteurs qui en ont fait des traités ; mais l'oiseau a la pré-sensation de ses ailes, et il s'en sert ; il en tire des effets aussi admirables que la machine même.
  Les animaux doivent aussi à l'instinct le pré-sentiment ou la pré-vision de leurs fonctions intellectuelles, c'est-à-dire de leurs convenances naturelles. C'est par pré-sentiment que l'araignée sortant de son œuf, et sans avoir vu aucun modèle de filet, tisse sa toile transparente, en croise les fils, les contracte pour en éprouver la force, et les doubler où il est nécessaire, pré-sentant que les mouches qu'elle n'a pas encore vues sont sa proie, qu'elles viendront s'y prendre et qu'elles s'y débattront. Enfin, il n'y a point d'animal qui n'ait des pré-sensations et des pré-sentimens de sa manière de vivre et de l'industrie qu'il doit exercer, avec toutes les idées qui y sont accessoires."

 

Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la Nature, tome II, 1815, p. 415-416 et p. 420-434.


 

  "Les êtres de la nature ont d'abord été divisés en deux grands empires : l'un, formé des êtres animés, l'autre des êtres inanimés. Cette distinction est faite dans Aristote. Ce n'est que plus tard, vers 1645, qu'un alchimiste français nommé Colleson aurait formulé le premier la division de la nature en trois règnes, animal, végétal, minéral, qui embrassaient tous les objets terrestres ; pour les corps sidéraux il aurait imaginé un quatrième royaume, le règne planétaire. Dans chacun de ces domaines existait un type de perfection idéale, un roi : l'homme parmi les animaux, la vigne parmi les plantes, l'or pour les minéraux, le soleil pour les corps célestes. La division des trois règnes aurait ainsi pris naissance, et Linné[1] l'a consacrée en lui donnant les caractères suivants :

Esse.               Vivere.                        Sentire.

Minéral.           Végétal.           Animal.

  Il les exprimait encore dans la formule suivante :

 

Mineralia sunt. ([Les minéraux sont])

Vegetalia sunt et crescunt. ([Les végétaux sont et croissent))

Animalia sunt, crescunt et sentiunt. ([Les animaux sont, croissent et sentent])

 

  Il est des naturalistes, de Blainville par exemple, qui plaçant l'homme au-dessus de l'ensemble des animaux ont formé pour lui un règne spécial, le règne humain, caractérisé par un attribut de plus, l'intelligence : homo intelligit.
  Lamarck, cependant, avait repris la division binaire et, ne distinguant point tout d'abord entre les êtres vivants, il reconnaissait deux classes de corps :

Les corps vivants,

Les corps bruts ou inanimés.

  Cependant la division en trois règnes a prévalu et les deux règnes animal et végétal ont été considérés comme presque aussi séparés l'un de l'autre qu'ils l'étaient chacun du règne minéral. Que l'on fasse des animaux et des végétaux des catégories distinctes, nous n'y contredisons certes point, mais que l'on parte de là pour établir entre les deux groupes d'êtres une différence tellement profonde qu'elle comporterait en quelque sorte deux physiologies différentes, l'une animale, l'autre végétale, reposant sur des principes spéciaux : c'est là une manière de voir que nous devons combattre.
  Les éléments d'une différenciation entre les modes de la vie chez les animaux et les plantes ont été demandés d'abord à l'anatomie. Cuvier, pour ne citer que cet exemple, signalait l'absence d'appareil digestif chez les plantes comme un caractère très général qui pouvait servir à les distinguer des animaux. On sait très bien aujourd'hui qu'un nombre immense d'animaux inférieurs ne possèdent point de tube digestif, et que, dans des degrés plus élevés, les mâles de certaines espèces, telles que les rotifères, en sont dépourvus, tandis que les femelles le possèdent. En fait, ce caractère n'a donc point une valeur absolue ; en principe, nous verrons plus tard que l'appareil digestif n'est qu'un appareil accessoire dans la nutrition. Les réserves qui sont en réalité le fond nutritif des êtres vivants sont identiques dans les animaux et dans les végétaux.
  On a cru en second lieu trouver une différence entre les animaux et les végétaux au point de vue de la composition de leurs tissus.
  On a dit, par exemple, que l'azote était un élément caractéristique de l'organisme animal, tandis qu'il n'existait qu'exceptionnellement chez les végétaux. L'analyse du parenchyme des Champignons et des graines des phanérogames vint bientôt renverser cette opinion. On admet aujourd'hui que le protoplasma, seule partie active et travaillante du végétal, a la même constitution que le protoplasma animal : c'est une substance azotée. L'azote, au lieu d'être un élément accessoire, est donc essentiel et fondamental dans les deux règnes. Les éléments anatomiques des plantes, cellules, fibres et vaisseaux, perdent dans certaines régions leur protoplasma et n'interviennent plus dans la constitution végétale que comme des parties de soutien. À un moindre degré, cela se rencontre chez les animaux ; le squelette des crustacés et la carapace des insectes sont des parties qui sont peu riches en azote ou qui en sont même absolument dépourvues. La substance principale des tissus de soutien chez les végétaux est le ligneux ou la cellulose. Or, on avait émis la proposition que la cellulose était spéciale aux végétaux et n'appartenait qu'à eux seuls. Il n'en est rien. On a rencontré cette substance dans l'enveloppe des Tuniciers et l'on a établi d'ailleurs des analogies étroites avec la chitine qui forme la carapace des crustacés et des insectes.
  Toutefois, comme nous l'avons dit, c'est dans les rapports des animaux et des végétaux avec l'atmosphère que la théorie du Dualisme a trouvé ses premiers et ses plus forts arguments. Les découvertes accomplies, à ce sujet, à la fin du siècle dernier, ont immédiatement placé en opposition la vie des plantes avec celle des animaux.
  On connaît la célèbre expérience de Priestley, par laquelle ce grand chimiste établit que les végétaux purifient l'air que les animaux ont vicié et semblent se comporter, quant à leur respiration, en sens inverse. Une souris est placée sous une cloche dans de l'air confiné : elle finit par y périr; l'air est vicié, et si l'on introduit un autre animal, il tombe très rapidement et périt à son tour asphyxié. Mais si l'on dispose dans la cloche une plante (un pied de menthe), l'atmosphère est purifiée, rétablie dans sa constitution première et un animal peut y vivre de nouveau.
  L'être végétal vit donc là où meurt l'animal; ils se comportent précisément d'une manière inverse relativement au milieu, l'un défaisant ce que l'autre a fait, et à eux deux ils constituent un état de choses harmonique, équilibré et par conséquent durable.
  Cette expérience fut vraiment le point de départ de l'opposition chimique moderne des animaux et des végétaux. Les animaux absorbent de l'oxygène et exhalent de l'acide carbonique. Les recherches successives de Ingen-Housz, de Sénébier, de Th. de Saussure ont prouvé que dans les parties vertes des plantes, sous l'influence des rayons solaires, il se produit au contraire une absorption d'acide carbonique et une exhalation d'oxygène.
  Cette opposition entre la respiration des animaux et celle des plantes a été généralisée d'une manière grandiose, par MM. Dumas et Boussingault dans leur théorie de la circulation matérielle entre les deux règnes organiques :

« L'oxygène enlevé par les animaux est restitué par les végétaux. Les premiers consomment de l'oxygène; les seconds produisent de l'oxygène. Les premiers brûlent du carbone, les seconds produisent du carbone. Les premiers exhalent de l'acide carbonique, les seconds fixent de l'acide carbonique. »

  L'animal fut ainsi considéré comme un appareil de combustion, d'oxydation, d analyse ou de destruction, tandis que la plante au contraire était un appareil de réduction, de formation, de synthèse.
  Il résultait de là que les phénomènes de destruction ou combustion vitale se trouvaient absolument séparés dans les êtres vivants des phénomènes de réduction ou de synthèse organique. La création vitale était dévolue aux végétaux, tandis que la destruction organique était réservée aux animaux. L'organisme animal étant incapable de former aucun des principes qui entrent dans sa constitution : graisse, albumine, fibrine, amidon, sucre, tout lui était fourni par le règne végétal, et l'alimentation des animaux n'était plus que la mise en place des matériaux uniquement élaborés par les plantes. Le lait sécrété par l'herbivore, la caséine, le beurre, le sucre devaient se retrouver poids pour poids dans les herbages dont il fait sa nourriture, etc.
  Ces idées ont encore été rassemblées et exprimées avec une lumineuse simplicité, par MM. Dumas et Boussingault, dans leur statique chimique des êtres vivants. Nous reproduisons ici la formule saisissante de cette théorie célèbre.

Un végétal :

Produit des matières sucrées, grasses, albuminoïdes.

Réduit, avec dégagement d'oxygène :

CO2

HO

AzH4O

Absorbe de la chaleur

Est immobile

Un animal :

Consomme des matières sucrées, grasses, albuminoïdes.

Produit, avec absorption d'oxygène :

CO2

HO

AzH4O

Dégage de la chaleur.

Se meut

  C'est dire en d'autres termes que la formation ou synthèse chimique appartient aux végétaux et que la combustion appartient aux animaux. […]"

 

Claude Bernard, Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux, 1878, 1885, p. 131-136.


 

  "La loi de la finalité physiologique est dans chaque être en particulier et non hors de lui : l'organisme vivant est fait pour lui-même, il a ses lois propres, intrinsèques. Il travaille pour lui et non pour d'autres. Il n'y a rien dans la loi de l'évolution de l'herbe qui implique qu'elle doit être broutée par l'herbivore ; rien dans la loi d'évolution de l'herbivore qui indique qu'il doit être dévoré par un carnassier ; rien dans la loi de végétation de la canne qui annonce que son sucre devra sucrer le café de l'homme. Le sucre formé dans la betterave n'est pas destiné non plus à entretenir la combustion respiratoire des animaux qui s'en nourrissent ; il est destiné à être consommé par la betterave elle-même dans la seconde année de sa végétation, lors de sa floraison et de sa fructification. L'œuf de poule n'est pas pondu pour servir d'aliment à l'homme, mais bien pour produire un poulet, etc. Toutes ces finalités utilitaires à notre usage, sont des œuvres qui nous appartiennent et qui n'existent point dans la nature en dehors de nous. La loi physiologique ne condamne pas d'avance les êtres vivants à être mangés par d'autres ; l'animal et le végétal sont créés pour la vie. D'autre part une conséquence impérieuse de la vie est de ne pouvoir naître que de la mort. Nous l'avons répété sous toutes les formes : la création organique implique la destruction organique. Ce qui s'observe dans les phénomènes intimes de la nutrition, dans la profondeur de nos tissus, se manifeste dans les grands phénomènes cosmiques de la nature. Les êtres vivants ne peuvent exister qu'avec les matériaux d'autres êtres morts avant eux ou détruits par eux. Telle est la loi.
  En résumé, la physiologie générale, qui ne considère la vie que dans ses phénomènes essentiels et généraux, ne nous permet pas d'admettre une dualité des animaux et des végétaux, une physiologie animale et une physiologie végétale distinctes. Il n'y a qu'une seule manière de vivre, qu'une seule physiologie pour tous les êtres vivants : c'est la physiologie générale qui conclut à l'unité vitale dans les deux règnes."

 

Claude Bernard, Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux, 1878, 1885, p. 147-149.


 

  "Aucun caractère précis ne distingue la plante de l'animal. Les essais tentés pour définir rigoureusement les deux règnes ont toujours échoué. Il n'est pas une seule propriété de la vie végétale qui ne se soit retrouvée, à quelque degré, chez certains animaux, pas un seul trait caractéristique de l'animal qu'on n'ait pu observer chez certaines espèces, ou à certains moments, dans le monde végétal. On comprend donc que des biologistes épris de rigueur aient tenu pour artificielle la distinction entre les deux règnes. Ils auraient raison, si la définition devait se faire ici comme dans les sciences mathématiques et physiques, par certains attributs statiques que l'objet défini possède et que les autres ne possèdent pas. Bien différent, à notre avis, est le genre de définition qui convient aux sciences de la vie. Il n'y a guère de manifestation de la vie qui ne contienne à l'état rudi­mentaire, ou latent, ou virtuel, les caractères essentiels de la plupart des autres manifestations. La différence est dans les proportions. Mais cette différence de proportion suffira à définir le groupe où elle se rencontre, si l'on peut établir qu'elle n'est pas accidentelle et que le groupe, à mesure qu'il évoluait, tendait de plus en plus à mettre l'accent sur ces caractères particuliers. En un mot, le groupe ne se définira plus par la possession de certains caractères, mais par sa tendance à les accentuer. Si l'on se place à ce point de vue, si l'on tient moins compte des états que des tendances, on trouve que végétaux et animaux peuvent se définir et se distinguer d'une manière précise, et qu'ils correspondent bien à deux développements divergents de la vie.
  Cette divergence s'accuse d'abord dans le mode d'alimentation. On sait que le végétal emprunte directement à l'air, à l'eau et à la terre les éléments néces­saires à l'entretien de la vie, en particulier le carbone et l'azote : il les prend sous leur forme minérale. Au contraire, l'animal ne peut s'emparer de ces mêmes éléments que s'ils ont déjà été fixés pour lui dans les substances organiques par les plantes ou par des animaux qui, directement ou indirec­tement, les doivent à des plantes, de sorte qu'en définitive c'est le végétal qui alimente l'animal. Il est vrai que cette loi souffre bien des exceptions chez les végétaux. On n'hésite pas à classer parmi les végétaux le Drosera, la Dionée, le Pinguicula, qui sont des plantes insectivores. D'autre part les Champignons, qui occupent une place si considérable dans le monde végétal, s'alimentent comme des animaux : qu'ils soient ferments, saprophytes ou parasites, c'est à des substances organiques déjà formées qu'ils empruntent leur nourriture. On ne saurait donc tirer de cette différence une définition statique qui tranche automatiquement, dans n'importe quel cas, la question de savoir si l'on a affai­re à une plante ou à un animal. Mais cette différence peut fournir un commen­cement de définition dynamique des deux règnes, en ce qu'elle marque les deux directions divergentes où végétaux et animaux ont pris leur essor. C'est un fait remarquable que les Champignons, qui sont répandus dans la nature avec une si extraordinaire abondance, n'aient pas pu évoluer. Ils ne s'élèvent pas organiquement au-dessus des tissus qui, chez les végétaux supérieurs, se forment dans le sac embryonnaire de l'ovule et précèdent le développement germinatif du nouvel individu. Ce sont, pourrait-on dire, les avortons du monde végétal. Leurs diverses espèces constituent autant d'impasses, comme si, en renonçant au mode d'alimentation ordinaire des végétaux, ils s'arrêtaient sur la grande route de l'évolution végétale. Quant aux Droseras, aux Dionées, aux plantes insectivores en général, ils s'alimentent comme les autres plantes par leurs racines, ils fixent aussi, par leurs parties vertes, le carbone de l'acide carbonique contenu dans l'atmosphère. La faculté de capturer des insectes, de les absorber et de les digérer est une faculté qui a dû surgir chez eux sur le tard, dans des cas tout à fait exceptionnels, là où le sol, trop pauvre, ne leur fournissait pas une nourriture suffisante. D'une manière générale, si l'on s'atta­che moins à la présence des caractères qu'à leur tendance à se développer, et si l'on tient pour essentielle la tendance le long de laquelle l'évolution a pu se continuer indéfiniment, on dira que les végétaux se distinguent des animaux par le pouvoir de créer de la matière organique aux dépens d'éléments miné­raux qu'ils tirent directement de l'atmosphère, de la terre et de l'eau. Mais à cette différence s'en rattache une autre, déjà plus profonde.

  L'animal, ne pouvant fixer directement le carbone et l'azote qui sont par­tout présents, est obligé de chercher, pour s'en nourrir, les végétaux qui ont déjà fixé ces éléments ou les animaux qui les ont empruntés eux-mêmes au règne végétal. L'animal est donc nécessairement mobile. Depuis l'Amibe, qui lance au hasard ses pseudopodes pour saisir les matières organiques éparses dans une goutte d'eau, jusqu'aux animaux supérieurs qui possèdent des organes sensoriels pour reconnaître leur proie, des organes locomoteurs pour aller la saisir, un système nerveux pour coordonner leurs mouvements à leurs sensations, la vie animale est caractérisée, dans sa direction générale, par la mobilité dans l'espace. Sous sa forme la plus rudimentaire, l'animal se pré­sente comme une petite masse de protoplasme enveloppée tout au plus d'une mince pellicule albuminoïde qui lui laisse pleine liberté de se déformer et de se mouvoir. Au contraire, la cellule végétale s'entoure d'une membrane de cellulose qui la condamne à l'immobilité. Et, de bas en haut du règne végétal, ce sont les mêmes habitudes de plus en plus sédentaires, la plante n'ayant pas besoin de se déranger et trouvant autour d'elle, dans l'atmosphère, dans l'eau et dans la terre où elle est placée, les éléments minéraux qu'elle s'approprie directement. Certes, des phénomènes de mouvement s'observent aussi chez les plantes. Darwin a écrit un beau livre sur les mouvements des plantes grimpantes. Il a étudié les manœuvres de certaines plantes insectivores, telles que le Drosera et la Dionée, pour saisir leur proie. On connaît les mouvements des feuilles de l'Acacia, de la Sensitive, etc. D'ailleurs, le va-et-vient du proto­plasme végétal à l'intérieur de son enveloppe est là pour témoigner de sa parenté avec le protoplasme des animaux. Inversement, on noterait dans une foule d'espèces animales (généralement parasites) des phénomènes de fixation analogues à ceux des végétaux. Ici encore on se tromperait si l'on prétendait faire de la fixité et de la mobilité deux caractères qui permettent de décider, à simple inspection, si l'on est en présence d'une plante ou d'un animal. Mais la fixité, chez l'animal, apparaît le plus souvent Comme une torpeur où l'espèce serait tombée, comme un refus d'évoluer plus loin dans un certain sens : elle est proche parente du parasitisme, et s'accompagne de caractères qui rappel­lent ceux de la vie végétale. D'autre part, les mouvements des végétaux n'ont ni la fréquence ni la variété de ceux des animaux. Ils n'intéressent d'ordinaire qu'une partie de l'organisme, et ne s'étendent presque jamais à l'organisme entier. Dans les cas exceptionnels où une vague spontanéité s'y manifeste, il semble qu'on assiste au réveil accidentel d'une activité normalement endor­mie. Bref, si la mobilité et la fixité coexistent dans le monde végétal comme dans le monde animal, la balance est manifestement rompue en faveur de la fixité dans un cas et de la mobilité dans l'autre. Ces deux tendances opposées sont si évidemment directrices des deux évolutions, qu'on pourrait déjà définir par elles les deux règnes. Mais fixité et mobilité, à leur tour, ne sont que les signes superficiels de tendances plus profondes encore.
  Entre la mobilité et la conscience il y a un rapport évident. Certes, la conscience des organismes supérieurs paraît solidaire de certains dispositifs cérébraux. Plus le système nerveux se développe, plus nombreux et plus précis deviennent les mouvements entre lesquels il a le choix, plus lumineuse aussi est la conscience qui les accompagne. Mais ni cette mobilité, ni ce choix, ni par conséquent cette conscience n'ont pour condition nécessaire la présence d'un système nerveux : celui-ci n'a fait que canaliser dans des sens déterminés, et porter à un plus haut degré d'intensité, une activité rudimentaire et vague, diffuse dans la masse de la substance organisée. Plus on descend dans la série animale, plus les centres nerveux se simplifient et se séparent aussi les uns des autres ; finalement, les éléments nerveux disparaissent, noyés dans l'ensemble d'un organisme moins différencié. Mais il en est ainsi de tous les autres appareils, de tous les autres éléments anatomiques ; et il serait aussi absurde de refuser la conscience à un animal, parce qu'il n'a pas de cerveau, que de le déclarer incapable de se nourrir parce qu'il n'a pas d'estomac. La vérité est que le système nerveux est né, comme les autres systèmes, d'une division du travail. Il ne crée pas la fonction, il la porte seulement à un plus haut degré d'intensité et de précision en lui donnant la double forme de l'activité réflexe et de l'activité volontaire. Pour accomplir un vrai mouvement réflexe, il faut tout un mécanisme monté dans la moelle ou dans le bulbe. Pour choisir volontairement entre plusieurs démarches déterminées, il faut des centres cérébraux, c'est-à-dire des carrefours d'où partent des voies conduisant à des mécanismes moteurs de configuration diverse et d'égale précision. Mais, là où ne s'est pas encore produite une canalisation en éléments nerveux, encore moins une concentration des éléments nerveux en un système, il y a quelque chose d'où sortiront, par voie de dédoublement, et le réflexe et le volontaire, quelque chose qui n'a ni la précision mécanique du premier ni les hésitations intelligentes du second, mais qui, participant à dose infinitésimale de l'un et de l'autre, est une réaction simplement indécise et par conséquent déjà vaguement consciente. C'est dire que l'organisme le plus humble est conscient dans la mesure où il se meut librement. La conscience est-elle ici, par rapport au mouvement, l'effet ou la cause ? En un sens elle est cause, puisque son rôle est de diriger la locomotion. Mais, en un autre sens, elle est effet, car c'est l'activité motrice qui l'entretient, et, dès que cette activité disparaît, la conscience s'atrophie ou plutôt s'endort. Chez des Crustacés tels que les Rhizocéphales, qui ont dû présenter autrefois une structure plus différenciée, la fixité et le parasitisme accompagnent la dégénérescence et la presque disparition du système nerveux : comme, en pareil cas, le progrès de l'organisation avait localisé dans des centres nerveux toute l'activité con­sciente, on peut conjecturer que la conscience est plus faible encore chez des animaux de ce genre que dans des organismes beaucoup moins différenciés, qui n'ont jamais eu de centres nerveux mais qui sont restés mobiles.
  Comment alors la plante, qui s'est fixée à la terre et qui trouve sa nourri­ture sur place, aurait-elle pu se développer dans le sens de l'activité conscien­te ? La membrane de cellulose dont le protoplasme s'enveloppe, en même temps qu'elle immobilise l'organisme végétal le plus simple, le soustrait, en grande partie, à ces excitations extérieures qui agissent sur l'animal comme des irritants de la sensibilité et l'empêchent de s'endormir. La plante est donc généralement inconsciente. Ici encore il faudrait se garder des distinctions radicales. Inconscience et conscience ne sont pas deux étiquettes qu'on puisse coller machinalement, l'une sur toute cellule végétale, l'autre sur tous les animaux. Si la conscience s'endort chez l'animal qui a dégénéré en parasite immobile, inversement elle se réveille, sans doute, chez le végétal qui a reconquis la liberté de ses mouvements, et elle se réveille dans l'exacte mesure où le végétal a reconquis cette liberté. Conscience et inconscience n'en mar­quent pas moins les directions où se sont développés les deux règnes, en ce sens que, pour trouver les meilleurs spécimens de la conscience chez l'animal, il faut monter jusqu'aux représentants les plus élevés de la série, au lieu que, pour découvrir des cas probables de conscience végétale, il faut descendre aussi bas que possible dans l'échelle des plantes, arriver aux zoospores des Algues, par exemple, et plus généralement à ces organismes unicellulaires dont on peut dire qu'ils hésitent entre la forme végétale et l'animalité. De ce point de vue, et dans cette mesure, nous définirions l'animal par la sensibilité et la conscience éveillée, le végétal par la conscience endormie et l'insen­sibilité.
  En résumé, le végétal fabrique directement des substances organiques avec des substances minérales : cette aptitude le dispense en général de se mouvoir et, par là même de sentir. Les animaux, obligés d'aller à la recherche de leur nourriture, ont évolué dans le sens de l'activité locomotrice et par conséquent d'une conscience de plus en plus ample, de plus en plus distincte."

 

Henri Bergson, L'Évolution créatrice, 1907, PUF Quadrige, 1998, p. 107-113.



  "Réfléchissons brièvement à ce qui différencie essentiellement la plante et la bête. En tout être vivant, quels qu'en soient la forme et le milieu local, deux tendances fondamentales se manifestent : la première vise à sauvegarder et maintenir une forme – essentielle, indépendante, inaltérable – et c'est le principe d'individualité ; la seconde a pour but d'étendre son existence, et c'est le principe de croissance et de reproduction. Le premier de ces deux principes s'exprime surtout dans le monde animal ; le second, dans le règne végétal. Toujours, en effet, l'animal manifeste une existence individuelle, close en quelque sorte sur elle-même, et une croissance restreinte, qui s'accomplit dans le cadre d'une période limitée. Cette évolution consiste dans une séquence de Gestalten, de formes globales, organiques, et non dans un « montage » dans un simple agencement rassemblant des parties. Par contre, le végétal est un Gewächs, une « pousse », dont l'activité foncière consiste à s'épanouir.
  On pourrait dire aussi : l'animal se caractérise par une forme « close » ; la plante, par une forme « ouverte ». PLESSNER a très net­tement défini ces notions : « J'appelle ouverte cette forme qui insère immédiatement l'organisme, en toutes ses manifestations vitales, dans son milieu, et en fait un élément dépourvu d'autonomie à l'égard de la biosphère corrélative qui lui correspond. J'appelle close la forme qui insère indirectement l'organisme, en toutes ses manifestations vitales, dans son milieu et en fait un élément autonome de la biosphère correspondante. Dans le cas de la forme ouverte, l'organisme exerce ses fonctions par tout ce qui, de sa surface, est en contact avec son milieu. Si, par contre, il y a forme close, l'être vivant s'exprime par une différenciation aussi nette que possible à l'égard de son ambiance. Cette différenciation équivaut à une insertion indirecte dans le milieu. Ce contact médiat confère à l'organisme animal, non seulement un quant-à-soi plus grand que celui de la plante, mais aussi une authen­tique indépendance, c'est-à-dire une position à l'égard de soi-même qui représente pour lui une base nouvelle d'existence. »

  Toute vie est toujours « située », localisée, c'est-à-dire symbiose, corrélation vitale avec un milieu donné. La plante effectue cette symbiose par un contact direct avec ce milieu ; l'animal n'a, par contre, avec cette ambiance, qu'un contact médiat. C'est par le truchement d'organes déterminés, spécialisés, que l'animal subit les impacts de son univers extérieur ; d'autres organes lui servent à réagir sur ce monde environnant. On se voit donc contraint de dire que, si l'animal voit ou saisit, c'est par le truchement de ses yeux, par l'intermédiaire de sa bouche ou de ses pattes, etc.
  Si nous nous exprimons de la sorte, ce n'est pas par hasard ou « simplement » pour nous conformer à l'usage linguistique, mais parce que ce qui s'offre visiblement à notre examen nous y contraint. C'est pourquoi nous disons : l'animal voit par le truchement de ses yeux, saisit avec ses membres, etc. Mais, alors, l'animal ne serait donc qu'un simple assemblage d'organes ? Non pas, puisque nous disons : il a des yeux, des dents, des griffes, etc, Où donc trouver cet « il » qui « a » toutes ces choses ?
  L'animal est une forme vivante, qui se manifeste de telle sorte que nous ne sommes pas obligés de nous représenter une entité mysté­rieuse qui serait cachée en elle, dans l'animal. Ce noyau, ce centre de la bête, nous ne pouvons le concevoir comme une partie, un organe, parmi d'autres, mais au contraire comme une réalité s'opposant pour ainsi dire à tous les autres éléments constitutifs de l'animal, qui les régit, les utilise, les représente, bref : les possède. Ce parallélisme et ce contraste entre le centre et la périphérie, entre le « noyau » et l' « écorce ", s'exprime de façon variée. La conviction suivant laquelle l'existence animale doit ce qu'elle a d'essentiel à un principe différent de celui qui régit l'être et l'agir de la plante, la plus ancienne présen­tation que nous en connaissions est la thèse aristotélicienne, transmise par la scolastique à la science contemporaine : l'animal aurait une âme proprement dite (anima sensitiua), tandis que la plante n'aurait qu'un principe vital (anima vegetativa).
  L'existence d'un « noyau » dans la bête apparaît avec une telle évidence, dans l'image que nous avons de son être et de son activité, que nous sommes forcés de lui donner un nom, qui le rende intel­lectuellement saisissable.
  Ce n'est donc pas en forgeant des hypothèses, ou en recourant à des spéculations théologiques, que l'homme est parvenu à l'idée d' « âme animale ».
  Déjà, l'observation superficielle de phénomènes matériels – mais aussi l'examen scientifique plus approfondi – nous obligent à dis­tinguer les concepts de force et de matière, en tant qu'ils désignent le moteur et le mobile. De même, la considération de la vie animale nous contraint de distinguer la bête de son corps, en tant que ces deux expressions désignent le possesseur et son bien, le représentant et ce qu'il représente, le travailleur et son œuvre.
  Même en physiologie, l'on dit : la bête est excitée, la bête réagit, la bête se nourrit, etc. n pourrait éventuellement supposer que ce « noyau » de l'animal se réduit tout bonnement au système nerveux central. Dans cette hypothèse, c'est là, au sein de ce système nerveux, que l'animal aurait son « siège » proprement dit : opinion souvent professée par des physiologistes. Mais ce que cette thèse comporte effectivement de vérité, on ne peut le formuler qu'ainsi : le système nerveux central et ses rapports avec les organes ne font qu'exprimer, sous forme d'images perceptibles, le principe vital propre à l'animal. Si l'on se représentait la bête comme siégeant vraiment dans le système nerveux central, on se trouverait confronté par le même problème que le physicien, lorsqu'il conçoit force et matière, non pas comme deux notions distinctes, mais comme deux réalités séparées.
  L' « âme» de l'animal, qui « demeure » en son corps, est un objet de pensée, une idée – sans, toutefois, qu'on puisse la qua­lifier de fictive – et, dans la perception scientifique, elle ne peut être que cela.
  De par sa nature même, l'homme est plus métaphysicien que physicien. On comprend donc la vogue, surtout parmi les physiologistes et les médecins, d'une opinion suivant laquelle un objet de pensée, un concept, une idée, ne mériterait pas qu'on s'y intéressât. Nous estimons, au contraire, que la notion de dualité phénoménale de la vie animale, donc d'une corrélation positionne/le, comme dit PLESSNER, entre un centre et l'ensemble organique – le corps – est d'une importance capitale pour la science.
  Plus la notion d'âme animale se conçoit formellement – moins donc cette idée est comme emprisonnée, figée, clichée en des repré­sentations rigoureusement déterminées – et bien plus grande devient sa valeur, sa portée. La limitation individuelle de l'existence animale, ses impulsions, ses organes sensoriels et moteurs, sa spontanéité et sa réactivité, son expérience et sa mémoire, ses facultés d'adaptation et d'invention : tout cela nous accule à reconnaître cette dualité.
  Toute tentative de réduction, par laquelle les activités vitales spécifiquement animales seraient ramenées à quelque schème imagi­nable – mécanique ou physico-chimique – nous empêche, en principe, de tout simplement pouvoir penser cette dualité ; du coup, toute connaissance fondée sur ces schèmes imaginables – mécaniques ou physico-chimiques – échappe au domaine des phénomènes vitaux qui sont accessibles à notre expérience.
  La notion d'âme se prête aussi peu à la représentation, elle est aussi peu susceptible d'être imaginée, que celle de force ; elle n'en a pas moins la même richesse de signification, parce que nous la devons à la perception directe, à l'intuitive et immédiate observation."

 

F. J. J. Buytendijk, Traité de psychologie animale, 1952, tr. fr. A. Frank-Duquesne, PUF logos, p. 20-25.



  "Historiquement, les végétaux ont été définis comme des organismes incapables de se déplacer activement, « végétatifs », par rapport aux animaux, capables de se mouvoir activement, « animés ». Selon cette définition, l'immobilité des végétaux est liée à une insensibilité, conséquence de l'absence de système nerveux. Cette opposition est largement présente à l'esprit du grand public mais ne résiste pas aux arguments scientifiques.

  L'immobilité présumée des végétaux

  De nombreuses plantes présentent des mouvements lents de leurs organes. Par exemple certaines feuilles se positionnent différemment au cours de la journée par des mouvements de nastie[2]. Certaines tiges décrivent des mouvements d'exploration du milieu en hélice au cours de leur croissance, appelés circumnutations.
  De nombreux végétaux microscopiques unicellulaires se déplacent activement dans l'eau avec ou sans flagelles. À l'inverse, de nombreux animaux ont une mobilité réduite. Les éponges ou les coraux sont par exemple fixés à l'état adulte.

  L'insensibilité présumée des végétaux (Sensibilité : capacité d'un organisme à réagir à des informations du milieu, ou stimuli).

  Les réactions des végétaux sont nombreuses et variées avec par exemple :

  • les tropismes : croissances orientées d'organes en réponse à un stimulus (lumière, gravité...) ;
  • les tactismes : déplacements orientés d'organismes unicellulaires ou de cellules reproductrices en réponse à un stimulus (lumière, gradient de molécules...)

  Les végétaux ne sont ni immobiles ni insensibles. La diversité de leurs réactions leur confère de grandes capacités d'ajustement aux conditions du milieu, même lorsqu'ils sont fixés. La division animaux/végétaux basée sur ces critères n'est donc pas pertinente."

 

Vincent Chassany, Marie Potage et Maud Ricou, Mini manuel de biologie végétale, 3e éd., 2019, Dunod, p. 3-5.


[1] Linné, Systema naturae. Editio prima, réédita cura A. L. A. Fée. Paris, 1830.

[2] Le terme nastie, du grec nastos (« compact , « resserré » évoquant l'idée de fermeture), désigne le mouvement de certains organes d'un végétal subordonné à un stimulus extérieur (température, de lumière et d'humidité).

 

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Date de création : 18/09/2020 @ 11:16
Dernière modification : 08/11/2020 @ 17:43
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