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Texte à méditer :  C'est proprement avoir les yeux fermés, sans tâcher jamais de les ouvrir, que de vivre sans philosopher.
  
Descartes
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Hors des sentiers battus
L'animal comme objet de connaissance : décrire et classer

  "Les termes « taxinomie » et « systématique » ont été considérés comme synonymes durant la première moitié de ce siècle. Si on lui demandait ce qu'étaient les tâches de la systématique, le taxinomiste répondait : « décrire la diversité de la nature (c'est-à-dire décrire les espèces qui constituent la diversité du monde vivant) et en faire la classification ». Cependant, dès Leeuwenhoek et Swammerdam, au XVIIe siècle, l'étude de la diversité du monde vivant consistait en davantage de choses. Déjà à cette époque (et en fait, depuis Aristote), elle n'était pas épuisée par les préoccupations élémentaires du taxinomiste. Dès l'origine, l'étude de la diversité comprenait l'analyse des stades des cycles vitaux et du dimorphisme sexuel. Lorsque les animaux vivants furent étudiés dans la nature, on s'aperçut que différentes espèces occupant différents habitats préfèrent des aliments différents, et ont différents comportements. Mais il fallut attendre le milieu de ce siècle pour comprendre l'importance de l'étude de la diversité, dans la foulée de la nouvelle systématique et de la synthèse évolutive. La définition traditionnelle de la fonction de la systématique était alors trop limitée, et ne reflétait pas du tout la situation.
  En conséquence, Simpson (1961) fit une claire distinction terminologique entre « taxinomie » et «systématique ». Il maintint le sens traditionnel de « taxinomie » nais donna à « systématique» une portée beaucoup plus large, la définissant comme « l'étude scientifique des différentes sortes d'organismes, et de toutes leurs interactions ». La systématique était ainsi présentée comme science de la diversité, et cette conception élargie a été adoptée. […]

  La taxinomie, dans sa définition étroite, demeure la pierre de touche de toute la systématique. Dresser un inventaire complet des espèces existantes d'animaux et de plantes, et les ordonner au sein d'une classification semble une tâche sans fin. Un spécialiste de la taxinomie des acariens, des nématodes, des araignées, ou de quelque autre groupe négligé d'insectes ou d'invertébrés marins peut encore de nos jours passer toute sa vie à ne rien faire d'autre que décrire de nouvelles espèces et les assigner aux genres appropriés. La diversité de la nature organique  semble être virtuellement illimitée. Actuellement, environ 10000 nouvelles espèces d'animaux sont annuellement décrites, et même si l'on ne retient que l'estimation la plus basse du nombre d'espèces non décrites, on ne viendra à bout de la tâche que dans deux cents ans !"

 

Ernst Mayr, Histoire de la biologie, 1982, tr. fr. Marcel Blanc, Le Livre de Poche, 1995, p. 342-344 et p. 348.

 

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Date de création : 07/10/2020 @ 13:40
Dernière modification : 07/10/2020 @ 13:40
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