"Il n'y a personne qui, se fiant à ses sens ou étant instruit tant soit peu de la physique, pensera jamais que la Terre, pesante de son propre poids et lourde de sa masse, titube haut et bas autour de son propre centre et du centre du Soleil ; car à la plus légère secousse de la Terre, nous verrions jetées bas cités et forteresses, villes et montagnes. Un certain courtisan aulique, quand un astrologue de la cour soutenait l'idée de Copernic devant le duc Albert de Prusse, dit en se tournant vers le serviteur qui versait le vin de Falerne : « Prends soin que la carafe ne se renverse pas.» Car si la Terre était en mouvement, ni une flèche tirée vers le haut ni une pierre abandonnée du sommet d'une tour ne tomberaient à la verticale, mais en avant ou en arrière [...]. Enfin, toutes choses en trouvant des lieux qui conviennent à leurs natures y demeurent, ainsi que l'écrit Aristote. Donc, comme il a été attribué à la Terre un lieu qui convient à sa nature, on ne peut pas la faire tournoyer par un autre mouvement que le sien propre."
Jean Bodin, Universae naturae theatrum, 1596, Livre V, p. 582-583.
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