"Harcelé par cette question : Où est ton Dieu ? sans cesse nourri de mes larmes, j'ai médité, jour et nuit, sur ces mots que j'entendais : Où est ton Dieu ? Et je me suis mis moi-même à la recherche de mon Dieu, non plus seulement pour croire en lui, mais pour tâcher, dans la mesure de mes forces, de le contempler. Car je vois les œuvres de mon Dieu, mais je ne vois pas mon Dieu, qui en est l'auteur.
Comme un cerf, j'aspire aux sources des eaux ; en lui est la source de vie ; ce psaume est dédié aux enfants de Coré, à leur intelligence ; et les œuvres de Dieu rendent visibles à l'intelligence ses attributs invisibles (Romains 1, 20). Cela étant, que ferai-je pour trouver mon Dieu ? je considérerai la terre. La terre est son œuvre, et sa beauté éclate de toute part et elle la doit à un ouvrier. Plantes et animaux sont de pures merveilles, tous ont un créateur. Je montre l'immensité des mers qui nous entourent : elle m'étonne, elle me ravit, j'en cherche l'auteur. Je regarde le ciel et la beauté des étoiles, j'admire l'éclat du soleil qui suffit à faire le jour, la lune qui nous rend la nuit si douce. Ces beautés nous étonnent, nous bouleversent, nous font rêver. Elles ne sont plus de la terre, mais déjà du ciel. Et pourtant je reste sur ma soif : je suis tout saisi, tout ému, mais j'ai soif de leur créateur."
Augustin d'Hippone, Comme un cerf altéré (Commentaire du Ps. 41), tr. fr. France Quéré-Jaulmes, 1967.
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