"La violence au sens strict, la seule violence mesurable et incontestable est la violence physique. C'est l'atteinte directe, corporelle, contre les personnes ; elle revêt un triple caractère : brutal, extérieur et douloureux. Ce qui la définit est l'usage matériel de la force, la rudesse volontairement commise aux dépens de quelqu'un. Dans la statistique judiciaire (ou policière), la notion la plus proche est celle de « crimes contre les personnes ». Il y a donc, à notre sens, quelque abus de langage à parler de violence contre les biens (tant que celle-ci ne s’accompagne pas de menace à l'intégrité corporelle des individus). La criminologie anglo-saxonne, d'ailleurs, ne s'y trompe pas, pas plus que la statistique sanitaire de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui qualifie de violente toute mort brutale liée à un processus exogène, extra-organique. Autrement dit, la caractéristique principale de la violence est la gravité du risque qu'elle fait courir pour la victime. C'est la vie, la santé, l'intégrité corporelle ou la liberté individuelle qui est en jeu ; la violence implique parfois la mort, plus souvent des blessures, et ce sont ces conséquences-là qui permettent de l'identifier de manière incontestable, car la police et la justice alors interviennent."
Jean-Claude Chesnais, Histoire de la violence en Occident de 1800 à nos jours, 1981, Introduction, Hachette Pluriel, 1982, p. 32-33.
"[...] la violence physique, de loin la plus grave, car elle peut donner lieu à mort d'homme. C'est l'atteinte directe, corporelle, contre les personnes, dont la vie, la santé, l'intégrité corporelle ou la liberté individuelle est en jeu. Brutale, cruelle, sauvage, cette violence-là est de tout temps. Sa définition est opératoire, car, dans toute collectivité organisée, elle fait intervenir le policier, le juge et le médecin : elle met en cause l'ordre social, à travers ses règles élémentaires, dans ce qu'il a de plus vital; elle touche l'homme en tant qu'homme. Il n'est, dès lors, pas surprenant que dans les nomenclatures d'Interpol ou de l'Organisation Mondiale de la Santé (à travers la Classification internationale des maladies, traumatismes et causes de décès), la violence soit prise dans cette acception. Pour Interpol, par exemple, dont nous avons repris la classification dans cet ouvrage, la notion de violence criminelle regroupe, dans l'ordre décroissant de gravité, les quatre rubriques suivantes :
1. Homicides volontaires (ou tentatives).
2. Viols (ou tentatives).
3. Coups et blessures volontaires graves.
4. Vols à main armée ou avec violence.
Il y a donc, non pas une violence, mais des violences, qui doivent être hiérarchisées, selon leur coût social, selon l'atteinte qu'elles portent au capital-vie ou au capital-santé d'un pays."
Jean-Claude Chesnais, Histoire de la violence en Occident de 1800 à nos jours, 1981, Préface, Hachette Pluriel, 1982, p. 12.
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