* *

Texte à méditer :  Avant notre venue, rien de manquait au monde ; après notre départ, rien ne lui manquera.   Omar Khayyâm
* *
Figures philosophiques

Espace élèves

Fermer Cours

Fermer Méthodologie

Fermer Classes préparatoires

Espace enseignants

Fermer Sujets de dissertation et textes

Fermer Elaboration des cours

Fermer Exercices philosophiques

Fermer Auteurs et oeuvres

Fermer Méthodologie

Fermer Ressources en ligne

Fermer Agrégation interne

Hors des sentiers battus
L'agressivité, produit de l'évolution (la valeur adaptative de l'agression)

  "J'ai de bonnes raisons d'insister tellement sur les dangers de la sélection intraspécifique, dans ce chapitre sur la fonction de l'agression dans l'intérêt de la conservation de l'espèce. En raison de ses effets néfastes, le compor­tement agressif, bien plus que d'autres propriétés et fonc­tions, peut être exagéré jusqu'à devenir grotesque et à manquer son but. […] Mais il est surtout plus que probable que cette quantité néfaste d'agressivité dont une hérédité malsaine pénètre encore l'homme d'aujourd'hui jusqu'à la moelle, provient d'une sélection intra-espèce, une sélection intra-espèce qui a agi sur nos ancêtres pendant plusieurs millénaires, lors du néolithique inférieur. À peine l'humanité eut-elle atteint un stade où, grâce à ses armes, ses vêtements et son organisation sociale, elle était capable de tenir à peu près en échec les dangers et les menaces de l'extérieur (mourir de froid, être mangé par les grands fauves etc.), ceux-ci cessèrent d'être les acteurs essentiels de la sélection ; c'est alors que com­mença une sélection intra-espèce nuisible. Le facteur sélectif était dorénavant la guerre entre hordes voisines d'hommes ennemis. Cette guerre a dû provoquer une sélection extrême de toutes les prétendues « vertus guerrières » qui, malheureusement, pour beaucoup d'entre nous semblent représenter un idéal enviable."

 

Konrad Lorenz, L'Agression, une histoire naturelle du mal, 1963, tr. fr. Vilma Fritsch, Champs sciences, 2010, p. 48.


 

  "En quoi l'agression intraspécifique est-elle utile à la conservation d'une espèce animale ? L'espace vital est réparti entre les membres de l'espèce de telle façon que, dans les limites des possibilités offertes, chacun puisse exister. Le meilleur père et la meilleure mère sont sélectionnés au profit de la progéniture. Les enfants sont protégés. Enfin, la communauté est organisée de telle sorte que quelques mâles sages, qui forment le sénat, acquièrent l'autorité nécessaire non seulement pour prendre des décisions dans l'intérêt de la communauté, mais pour les faire respecter. Bien que, lors des combats territoriaux ou des rivalités, une corne puisse parfois par malchance pénétrer dans un œil ou une dent dans une artère, nous n'avons jamais pu constater que l'agression vise l'extermination des congénères de l'espèce en question. Ceci n'exclut point, bien sûr, que dans des circonstances non naturelles, non prévues par le mécanisme de l'évolution, telles que la captivité, le comportement agressif ait à l'occasion un effet destructeur."

 

Konrad Lorenz, L'Agression, une histoire naturelle du mal, 1963, tr. fr. Vilma Fritsch, Champs sciences, 2010, p. 53.


 

  "Qu'est-ce que l'agression ? Dans le langage courant il s'agit d'un mépris des droits d'autrui, qu'on contraint à renoncer à quelque chose qui lui appartient ou qu'il aurait pu se procurer et ce, soit par un acte physique, soit par la menace. Les biologistes sont incapables d'améliorer cette définition, même dans le contexte étroit du compor­tement animal, si ce n'est pour préciser que la victime n'est véritable­ment lésée que dans la mesure où son aptitude génétique s'en trouve diminuée. […] Nous ne devons cependant pas nous préoccuper de manière excessive de la termino­logie. Le fait essentiel qu'il convient de garder présent à l'esprit au sujet de l'agression est qu'il s'agit d'un mélange de schèmes de comportement très différents, servant des fonctions très différentes. Voici ses principales formes reconnues.
  1. Agression territoriale. L'animal défendant son territoire utilise le comportement de signalement le plus spectaculaire qui soit pour refouler les envahisseurs. La lutte en escalade est en général la pro­cédure de dernier recours lorsque l'un des opposants ne cède pas. Le perdant dispose de signaux de soumission qui lui permettent de quitter le terrain sans avoir à subir de dommages physiques, mais ceux-ci ne sont en général pas aussi complexes que ceux employés par les subordonnés dans les ordres de dominance. En revanche, chez certaines espèces d'oiseaux les femelles qui pénètrent les terri­toires des mâles recourent souvent à des signaux d'apaisement complexes pour transformer les attitudes agressives des mâles en atti­tudes de conciliation et de parade.
  2. Agression de dominance. Les attitudes et attaques agressives de mâles dominants à l'encontre de membres de leurs groupes sont Similaires à bien des égards à celles des animaux défendant leur ter­ritoire. Cependant, l'objet est moins de chasser les subordonnés de son territoire que de les empêcher d'accéder à des objets désirés ou de poser certaines actions sur lesquelles l'animal dominant revendi­que la priorité. Chez certaines espèces de mammifères, l'agression de dominance se caractérise en outre par des signaux spéciaux qui indiquent le rang élevé de l'animal, citons la façon de se pavaner des lemmings, la démarche de « majordome» tête et queue levées des macaques rhésus, ainsi que les expressions faciales et les positions de la queue particulières des loups. Les subordonnés répondent au moyen de signaux d'apaisement; eux aussi disposent d'un répertoire spécifique étendu.
  3. Agression sexuelle. Il arrive que des mâles menacent ou atta­quent des femelles dans la seule intention de s'accoupler avec elles ou de les contraindre à une alliance sexuelle plus prolongée. Le com­portement ultime chez les vertébrés supérieurs est sans doute celui des babouins hamadryas mâles qui recrutent de jeunes femelles pour construire un harem et continuent à menacer et à harceler ses compagnes durant toute leur vie pour les empêcher de s'égarer.
  4. Agression disciplinaire parentale. Les parents de multiples types de mammifères dirigent des formes modérées d'agression parentale vers leur progéniture pour les garder à proximité, pour les presser de bouger, pour interrompre des luttes, pour mettre un terme à un allaitement non souhaité, etc. Dans la plupart des cas – mais pas dans tous – l'action sert à augmenter l'aptitude génétique per­sonnelle de la progéniture.
  5. Agression de sevrage. Les parents de certaines espèces de mammifères menacent et attaquent même gentiment leur progéni­ture au moment du sevrage, soit lorsque les jeunes continuent à réclamer de la nourriture alors qu'ils ont atteint l'âge de se débrouiller seuls. Une théorie récente suggère que dans nombre de circonstances il existe une période dans la vie d'un jeune animal durant laquelle son aptitude génétique est accrue par une dépen­dance continue à la mère, tandis que l'aptitude de cette dernière s'en trouve simultanément réduite. Ce conflit d'intérêt est susceptible de provoquer l'évolution d'un épisode programmé d'agression de sevrage.
  6. Agression moralisatrice. L'évolution de formes avancées d'altruisme réciproque s'accompagne bien souvent de l'émergence d'un système de sanctions morales visant à renforcer la réciprocité. L'agression moralisatrice humaine se manifeste sous des formes innombrables d'évangélisme religieux et idéologique, de conformité contrainte aux critères du groupe et de codes de puni, tians pour ceux qui transgressent les règles.
  7. Agression de prédation. La question s'est posée de savoir si la prédation pouvait être assimilée à une forme d'agression. Si on considère que le cannibalisme est pratiqué par maintes espèces animales et s'accompagne parfois d'un com­portement de territorialité et d'autres formes d'agression, il est diffi­cile de considérer la prédation comme un processus tout à fait diffé­rent.
  8. Agression antiprédation. Une manœuvre purement défensive peut être transformée en une attaque pure et simple du prédateur. Dans le cas de mobilisation la proie potentielle déclenche l'attaque avant que le prédateur n'ait l'occasion d'esquisser le moindre mouve­ment. L'intention de la mobilisation est souvent de tuer mais rares sont les cas où elle s'achève par la mort du prédateur.
  Les auteurs ont insisté sur la nature éclectique de l' « agression ». Le comportement agressif remplit des fonctions très diverses en fonction des espèces."

 

Edward O. Wilson, La Sociobiologie, 1975, chapitre 11, tr. fr. Paul Couturiau, Éditions du Rocher, 1987, p. 255-257.

 

  "What is aggression? In ordinary English usage it means an abridgment of the rights of another, forcing him to surrender something he owns or might otherwise have attained, either by a physical act or by the threat of action. Biologists cannot improve on this definition, even in the narrow context of animal behavior, except to specify that in the long term a loss to a victim is a real loss only to the extent that it lowers genetic fitness. In an attempt to be more precise, many writers have turned to the word “agonistic,” coined by Scott and Fredericson (1951) to refer to any activity related to fighting, whether aggression or conciliation and retreat. However, agonistic behavior cannot be defined any more precisely than aggressive behavior or fighting behavior in particular cases, and the term is ordinarily useful only in pointing to the close physiological interrelatedness of  aggressive and submissive responses. But we should not worry too much about terminology. The essential fact to bear in mind about aggression is that it is a mixture of very different behavior patterns, serving very different functions. Here are its principal recognized forms :
  1. Territorial aggression. The territorial defender utilizes the most dramatic signaling behavior at its disposal to repulse intruders. Escalated fighting is usually employed as a last resort in case of a stand-off during mutual displays. The losing contender has submission signals that help it to leave the field without further physical damage, but they are ordinarily not so complex as those employed by subordinate members of dominance orders. By contrast, females of bird species entering the territories of males often use elaborate appeasement signals to transmute the aggressive displays of the males into conciliation and courtship.

  2. Dominance aggression. The aggressive displays and attacks mounted by dominant animals against fellow group members are similar in many respects to those of the territorial defenders. However, the object is less to remove the subordinates from the area than to exclude them from desired objects and to prevent them from performing actions for which the dominant animal claims priority. In some  mammalian species, dominance aggression is further characterized by special signals that designate high rank, such as the strutting walk of lemmings, the leisurely “major-domo” stroll with head and tail up of rhesus macaques, and the particular facial expressions and tail postures of wolves. Subordinates respond with an equally distinctive repertory of appeasement signals.
  3. Sexual aggression. Males may threaten or attack females for the sole purpose of mating with them or forcing them into a more prolonged sexual alliance. Perhaps the ultimate development in higher vertebrates is the behavior of male hamadryas baboons, who recruit young females to build a harem and continue to threaten and harass these consorts throughout their lives in order to prevent them from straying.
  4. Parental disciplinary aggression. Parents of many kinds of mammals direct mild forms of parental aggression at their offspring to keep them close at hand, to urge them into motion, to break up fighting, to terminate unwelcome suckling, and so forth. In most but not all cases the action serves to enhance the personal genetic fitness of the offspring.
5. Weaning aggression. The parents of some mammal species threaten and even gently attack their own offspring at the weaning time, when the young continue to beg for food beyond the age when it is necessary for them to do so. Recent theory suggests that under a wide range of  conditions there exists an interval in the life of a young animal during which its genetic fitness is raised by continued dependence on the mother, while the mother's fitness is simultaneously lowered. This conflict of interests is likely to bring about the evolution of a programmed episode of weaning aggression.
  6. Moralistic aggression. The evolution of advanced forms of reciprocal altruism carries with it a high probability of the simultaneous emergence of a system of moral sanctions to enforce recipro- cation (see Chapter 5). Human moralistic aggression is manifested in countless forms of religious and ideological evangelism, enforced conformity to group standards, and codes of punishment for transgressors.
  7. Predatory aggression. There has been some question about whether predation can be properly classified as a form of aggression (for example, Davis, 1964). Yet if one considers that cannibalism is practiced by many animal species, sometimes accompanied by terri-toriality and other forms of aggression, and sometimes not, it is hard to regard predation as an entirely different process.
  8. Antipredatory aggression. A purely defensive maneuver can be escalated into a full-fledged attack on the predator. In the case of mobbing the potential prey launches the attack before the predator can make a move. The intent of mobbing is often deadly and in rare instances brings injury or death to the predator.
  Previous authors, particularly Tinbergen (1971), Barlow (1968), Moyer (1969, 1971), and J. L. Brown (1970b), have stressed the eclectic nature of “aggression.” Aggressive behavior serves very diverse functions in different species, and different functional categories evolve independently in more than one control center of the brain."

 

Edward O. Wilson, Sociobiology, 1975, chapter 11, p. 341-342.


 

  "We shall continue to treat the individual as a selfish machine, programmed to do whatever is best for its genes as a whole. This is the language of convenience. At the end of the chapter we return to the language of single genes.
  To a survival machine, another survival machine (which is not its own child or another close relative) is part of its environment, like a rock or a river or a lump of food. It is something that gets in the way, or something that can be exploited. It differs from a rock or a river in one important respect: it is inclined to hit back. This is because it too is a machine that holds its immortal genes in trust for the future, and it too will stop at nothing to preserve them. Natural selection favours genes that control their survival machines in such a way that they make the best use of their environment. This includes making the best use of other survival machines, both of the same and of different species.

  In some cases survival machines seem to impinge rather little on each others' lives. For instance moles and blackbirds do not eat each other, mate with each other, or compete with each other for living space. Even so, we must not treat them as completely insulated. They may compete for something, perhaps earthworms. This does not mean you will ever see a mole and a blackbird engaged in a tug of war over a worm; indeed a blackbird may never set eyes on a mole in its life. But if you wiped out the population of moles, the effect on blackbirds might be dramatic, although I could not hazard a guess as to what the details might be, nor by what tortuously indirect routes the influence might travel.
  Survival machines of different species influence each other in a variety of ways. They may be predators or prey, parasites or hosts, competitors for some scarce resource. They may be exploited in special ways, as for instance when bees are used as pollen carriers by flowers.
  Survival machines of the same species tend to impinge on each others' lives more directly. This is for many reasons. One is that half the population of one's own species may be potential mates, and potentially hard-working and exploitable parents to one's children. Another reason is that members of the same species, being very similar to each other, being machines for preserving genes in the same kind of place, with the same kind of way of life, are particularly direct competitors for all the resources necessary for life. To a blackbird, a mole may be a competitor, but it is not nearly so important a competitor as another blackbird. Moles and blackbirds may compete for worms, but blackbirds and blackbirds compete with each other for worms and for everything else. If they are members of the same sex, they may also compete for mating partners. For reasons that we shall see, it is usually the males who compete with each other for females. This means that a male might benefit his own genes if he does something detrimental to another male with whom he is competing.
  The logical policy for a survival machine might therefore seem to be to murder its rivals, and then, preferably, to eat them. Although murder and cannibalism do occur in nature, they are not as common as a naive interpretation of the selfish gene theory might predict. Indeed Konrad Lorenz, in On Aggression, stresses the restrained and gentlemanly nature of animal fighting. For him the notable thing about animal fights is that they are formal tournaments, played according to rules like those of boxing or fencing. Animals fight with gloved fists and blunted foils. Threat and bluff take the place of deadly earnest. Gestures of surrender are recognized by victors, who then refrain from dealing the killing blow or bite that our naive theory might predict.
  This interpretation of animal aggression as being restrained and formal can be disputed. In particular, it is certainly wrong to condemn poor old Homo sapiens as the only species to kill his own kind, the only inheritor of the mark of Cain, and similar melodramatic charges. Whether a naturalist stresses the violence or the restraint of animal aggression depends partly on the kinds of animals he is used to watching, and partly on his evolutionary preconceptions—Lorenz is, after all, a 'good of the species' man. Even if it has been exaggerated, the gloved fist view of animal fights seems to have at least some truth. Superficially this looks like a form of altruism.
  The selfish gene theory must face up to the difficult task of explaining it. Why is it that animals do not go all out to kill rival members of their species at every possible opportunity? The general answer to this is that there are costs as well as benefits resulting from outright pugnacity, and not only the obvious costs in time and energy. For instance, suppose that B and C are both my rivals, and I happen to meet B. It might seem sensible for me as a selfish individual to try to kill him. But wait. C is also my rival, and C is also B's rival. By killing B, I am potentially doing a good turn to C by removing one of his rivals. I might have done better to let B live, because he might then have competed or fought with C, there by benefiting me indirectly. The moral of this simple hypothetical example is that there is no obvious merit in indiscriminately trying to kill rivals. In a large and complex system of rivalries, removing one rival from the scene does not necessarily do any good: other rivals may be more likely to benefit from his death than oneself. This is the kind of hard lesson that has been learned by pest-control officers. You have a serious agricultural pest, you discover a good way to exterminate it and you gleefully do so, only to find that another pest benefits from the extermination even more than human agriculture does, and you end up worse off than you were before.
  On the other hand, it might seem a good plan to kill, or at least fight with, certain particular rivals in a discriminating way. If B is an elephant seal in possession of a large harem full of females, and if I, another elephant seal, can acquire his harem by killing him, I might be well advised to attempt to do so. But there are costs and risks even in selectivity pugnacity. It is to B's advantage to fight back, to defend his valuable property. If I start a fight, I am just as likely to end up dead as he is. Perhaps even more so. He holds a valuable resource, that is why I want to fight him. But why does he hold it? Perhaps he won it in combat. He has probably beaten off other challengers before me. He is probably a good fighter. Even if I win the fight and gain the harem, I may be so badly mauled in the process that I cannot enjoy the benefits. Also, fighting uses up time and energy. These might be better conserved for the time being. If I concentrate on feeding and on keeping out of trouble for a time, I shall grow bigger and stronger. I'll fight him for the harem in the end, but I may have a better chance of winning eventually if I wait, rather than rush in now."

 

Richard Dawkins, The Selfish Gene, 1976, chapter 5, pp. 67-69.


 

  "Pour résumer l'ensemble de la discussion, l'agression humaine ne peut être expliquée ni par une chute angélique, ni par un instinct bestial. Elle n'est pas non plus le symptôme pathologique du fait d'être élevé dans un environnement cruel. Les êtres humains sont fortement prédisposés à répondre par une haine irraisonnée aux menaces extérieures, et à intensifier suffisamment leur hostilité pour écraser la source de la menace avec une marge de sécurité suffisamment grande. Nos cerveaux apparaissent programmés de la façon suivante : nous sommes enclins à diviser les autres en amis et en étrangers, de la même manière que les oiseaux sont enclins à apprendre des chants territoriaux et à naviguer en s'aidant des constellations polaires. Nous avons tendance à craindre profondément les actions des étrangers et à résoudre les conflits par l'agression. Ces règles d'apprentissage ont très probablement évolué au cours des centaines de milliers d'années de l'évolution humaine et ont donc conféré un avantage biologique à ceux qui s'y sont conformés avec la plus grande fidélité.
  Les règles d'apprentissage de l'agression violente sont largement obsolètes. Nous ne sommes plus des chasseurs-cueilleurs qui règlent les différends avec des lances, des flèches et des haches de pierre. Mais reconnaître l'obsolescence des règles, ce n'est pas les bannir. Nous ne pouvons que les contourner. Afin qu'elles demeurent latentes et d'éviter qu'on fasse appel à elles, nous devons emprunter consciemment ces voies difficiles et rarement parcourues du développement psychologique qui conduisent à la maîtrise et à la réduction de la profonde tendance humaine à apprendre la violence."

 

Edward O. Wilson, L'Humaine nature, 1978, chapitre 5, Harvard University Press, p. 119, tr. fr. P.J. Haution.

 

  "To recapitulate the total argument, human aggression cannot be explained as either a dark-angelic flaw or a bestial instinct. Nor is it the pathological symptom of upbringing in a cruel environment. Human beings are strongly predisposed to respond with unreasoning hatred to external threats and to escalate their hostility sufficiently to overwhelm the source of the threat by a respectably wide margin of safety.
  Our brains do appear to be programmed to the following extent: we are inclined to partition other people into friends and aliens, in the same sense that birds are inclined to learn territorial songs and to navigate by the polar constellations. We tend to fear deeply the actions of strangers and to solve conflict by aggression. These learning rules are most likely to have evolved during the past hundreds of thousands of years of human evolution and, thus, to have conferred a biological advantage on those who conformed to them with the greatest fidelity.

  The learning rules of violent aggression are largely obsolete. We are no longer hunter-gatherers who settle disputes with spears, arrows, and stone axes. But to acknowledge the obsolescence of the rules is not to banish them. We can only work our way around them. To let them rest latent and unsummoned, we must consciously undertake those difficult and rarely traveled pathways in psychological development that lead to mastery over and reduction of the profound human tendency to learn violence."

 

Edward O. Wilson, On Human Nature, 1978, chapter 5, Harvard University Press, p. 119.


 

  "Chez les animaux, on peut distinguer cinq grandes catégo­ries de circonstances dans lesquelles l'agression assure une fonction bien précise. Tout d'abord, des animaux se trouvent souvent en compétition pour des ressources telles que la nourriture, l'eau ou un abri. La probabilité d'appa­rition des luttes entre individus est alors d'autant plus grande que ces ressources sont moins abondantes. Les animaux entrent aussi en compétition pour accéder à des par­tenaires sexuels, et chez de nombreux singes les conflits sont particulièrement intenses pendant les périodes de reproduction. Dans ce cas également, la présence d'un nombre limité de femelles peut donner lieu à des combats sauvages, comme cela a été constaté chez des babouins mâles du zoo de Londres. En troisième lieu, il faut citer l'attaque d'animaux étrangers au groupe, et la « xénophobie » a souvent été observée chez les singes, que ces der­niers se trouvent en liberté ou en captivité. Ensuite, il va sans dire que tout animal protège sa propre vie qu'il défend contre un congénère ou contre un prédateur. Enfin, les animaux défendent leur progéniture, et une mère macaque viendra à l'aide de ses petits même lorsqu'ils ont atteint l'âge juvénile."

 

Pierre Karli, L'Homme agressif, 1987, Odile Jacob, Opus, p. 278-279.
 

 

Retour au menu sur la violence


Date de création : 21/11/2023 @ 10:47
Dernière modification : 03/12/2023 @ 11:14
Catégorie :
Page lue 782 fois


Imprimer l'article Imprimer l'article

Recherche



Un peu de musique
Contact - Infos
Visites

   visiteurs

   visiteurs en ligne

^ Haut ^