"Ce ne sont pas les programmes de salut qui manquent à l'Italie, ce sont les hommes et la volonté. … Je vous crois tous convaincus de la faiblesse de notre classe politique. La crise de faiblesse subie par l'État libéral est amplement prouvée. Nous avons fait une guerre splendide au point de vue de l'héroïsme individuel et collectif. Après avoir été soldats, les Italiens de 1918 étaient devenus guerriers – je vous prie de noter la différence. Mais notre classe politique a mené la guerre comme une affaire d'administration ordinaire. Ces hommes que nous connaissons tous, dont les images physiques sont imprimées dans notre cerveau, nous apparaissent désormais comme dépassés, décatis, comme des déchets, comme des vaincus. […]
Les choses sont claires : il s'agit de démolir toute la superstructure démocratico-socialiste. Nous aurons un État qui tiendra dans ce simple discours : « L'Etat ne représente pas un parti, l'État représente la collectivité nationale, il comprend tout, il est au-dessus de tout, protège tout et se dresse contre quiconque porte atteinte à son imprescriptible souveraineté ». Voilà l'État qui doit sortir de Vittorio Veneto[1]. […]
Nous, milices fascistes, devons nous imposer une discipline de fer, autrement nous n'aurions pas le droit de l'imposer à la Nation – or c'est seulement par la discipline de la Nation que l'Italie pourra se faire entendre au milieu des autres nations. La discipline doit être acceptée. Si elle n'est pas acceptée, elle doit être imposée. Nous rejetons le dogme démocratique qui veut que l'on agisse toujours par sermons plus ou moins libéraux : à un moment la discipline doit s'exprimer par un acte de force et de commandement. […]
J'en viens maintenant à la violence. La violence n'est pas immorale. La violence est parfois morale. Nous refusons à tous nos ennemis le droit de se lamenter sur notre violence parce que, comparée à la violence commise pendant les tragiques années 1919 et 1920, et à celle exercée par les bolchevistes en Russie, où deux millions de personnes ont été exécutées, deux millions d'autres jetées dans les cachots, notre violence est un jeu d'enfants.
D'autre part, notre violence est efficace parce que, à la fin de juillet et d'août, nous avons obtenu, en quarante-huit heures de violences systématiques et guerrières, ce que nous n'aurions pas obtenu en quarante-huit ans de discours. Donc, quand notre violence résout une situation gangrenée, elle est morale, sacro-sainte, nécessaire. Mais, amis fascistes, notre violence doit avoir un caractère spécifique, fasciste."
Benito Mussolini, Extraits du discours d'Udine prononcé devant le Congrès des fascistes du Frioul, le 20 septembre 1922 (à la veille de la "marche sur Rome").
[1] La bataille de Vittorio Veneto est une bataille de la Première guerre mondiale qui se termina par une victoire italienne contre l'armée autrichienne en octobre-novembre 1918.
"L'emploi de la force physique toute seule, sans une force morale basée sur une conception spirituelle, ne peut jamais conduire à la destruction d'une idée ou à l'arrêt de sa propagation, sauf si l'on a recours à une extermination impitoyable des derniers tenants de cette idée et à la destruction des dernières traditions. Or, cela aboutit, dans la plupart des cas, à rayer l'État considéré du nombre des puissances politiquement fortes pour un temps indéterminé, souvent pour toujours ; car une pareille saignée atteint, comme le montre l'expérience, la meilleure partie de la population. En effet, toute persécution qui n'a point de base spirituelle, apparaît comme moralement injuste et agit comme un coup de fouet sur les meilleurs éléments d'un peuple, le poussant à une protestation qui se traduit par son attachement à la tendance spirituelle persécutée. Chez beaucoup d'individus, ce fait se produit simplement à cause du sentiment d'opposition contre la tentative d'assommer une idée par la force brutale.
Ainsi le nombre des partisans convaincus augmente dans la mesure même où s'accroît la persécution. De la sorte, la destruction d'une conception philosophique ne pourra s'effectuer que par une extermination progressive et radicale de tous les individus ayant une réelle valeur. Mais ceux-ci se trouvent vengés, dans le cas d'une épuration « intérieure » aussi totale, par l'impuissance générale de la nation. Par contre, un pareil procédé est toujours condamné à l'avance à la stérilité quand la doctrine combattue a déjà franchi un certain petit cercle.
C'est pourquoi ici aussi, comme dans toutes les croissances, le premier temps de l'enfance est exposé à la possibilité d'une prompte destruction, cependant qu'avec les années la force de résistance augmente, pour céder, à l'approche de la faiblesse sénile, la place à une nouvelle jeunesse, bien que sous une autre forme et pour d'autres motifs. Effectivement, presque toutes les tentatives semblables de détruire sans base spirituelle une doctrine et les effets d'organisation qu'elle a produits, ont abouti à un échec, et se sont plus d'une fois terminés d'une façon exactement contraire à ce que l'on désirait pour la raison suivante :
La première de toutes les conditions, pour un procédé de lutte utilisant l'arme de la force toute seule, est toujours la persévérance. C'est-à-dire que la réussite du dessein réside uniquement dans l'application prolongée et uniforme des méthodes pour étouffer une doctrine, etc. Mais aussitôt qu'ici la force en vient à alterner avec l'indulgence, non seulement la doctrine que l'on veut étouffer reprendra constamment des forces, mais elle sera en mesure de tirer des avantages nouveaux de chaque persécution, lorsque, après le passage d'une pareille vague d'oppression, l'indignation soulevée par les souffrances éprouvées apportera à la vieille doctrine de nouveaux adeptes et poussera les anciens à y adhérer avec un plus fort entêtement et une plus profonde haine, et même à ramener à leur précédente position les transfuges après l'éloignement du danger. C'est uniquement dans l'application perpétuellement uniforme de la violence que consiste la première des conditions du succès. Mais cette opiniâtreté ne saurait être que la conséquence d'une conviction spirituelle déterminée. Toute violence qui ne prend pas naissance dans une solide base spirituelle sera hésitante et peu sûre. Il lui manque la stabilité qui ne peut reposer que sur des conceptions philosophiques empreintes de fanatisme. Elle est l'exutoire de la constante énergie et de la brutale résolution d'un seul individu, mais en même temps elle se trouve dans la dépendance du changement des personnalités, ainsi que de leur nature et de leur puissance.
Il y a encore quelque chose d'autre à ajouter à ce qui précède :
Toute conception philosophique, qu'elle soit de nature religieuse ou politique — souvent il est difficile de tracer ici une délimitation — combat moins pour la destruction, à caractère négatif, des idées contraires, que pour arriver à imposer, dans un sens positif, les siennes propres. Ainsi sa lutte est moins une défense qu'une attaque.
Elle est ainsi avantagée par le fait que son but est bien déterminé, car ce dernier représente la victoire de ses propres idées, tandis que, dans le cas contraire, il est difficile de déterminer, quand le but négatif de la destruction de la doctrine ennemie est obtenu et peut être considéré comme assuré. Déjà pour ce motif, l'attaque basée sur une conception philosophique sera plus rationnelle, et aussi plus puissante que son action défensive : car, en somme, ici aussi la décision revient à l'attaque et non à la défense. Le combat contre une puissance spirituelle par les moyens de la force a le caractère défensif aussi longtemps que le glaive lui-même ne se présente pas comme porteur, annonciateur et propagateur d'une nouvelle doctrine spirituelle.
Ainsi l'on peut constater en résumé ce qui suit :
Toute tentative de combattre un système moral par la force matérielle finit par échouer, à moins que le combat ne prenne la forme d'une attaque au profit d'une nouvelle position spirituelle. Ce n'est que dans la lutte mutuelle entre deux conceptions philosophiques que l'arme de la force brutale, utilisée avec opiniâtreté et d'une façon impitoyable, peut amener la décision en faveur du parti qu'elle soutient."
Adolf Hitler, Mon combat (Mein Kampf), 1924, tr. fr. J. Gaudefroy-Demombynes et A. Calmettes, Nouvelles Éditions Latines, 1934, p. 171-173.