"Qui dit pouvoir ou autorité ne dit pas État. Là où il y avait chef et commandement, le pouvoir et l'autorité politiques restaient personnels, limités surtout par les exigences de leur conservation et de leur transmission. Des coutumes (qu'il importe de distinguer du droit et surtout du droit écrit) exigeaient du chef ou du prince qu'il fût valide, capable de commander, et qu'il transmette, selon certaines règles, avec un minimum de risques, sa charge (son héritage). Il faut dissiper la fréquente confusion entre l'État et le pouvoir. Le pouvoir naît très tôt, dès l'histoire qu'il contribue à faire. Si le pouvoir personnel contribue à engendrer (à produire) l'État, celui-ci ajoute beaucoup et retranche beaucoup à ce pouvoir comme tel. Il y ajoute des institutions qui amplifient, en la diversifiant mais en la bornant, la puissance du chef. Les stipulations du droit limitent le pouvoir : celui-ci se transforme profondément."
Henri Lefebvre, De l'État, 1976, tome I, 10/18.
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