"L'homme est un animal juridique, c'est-à-dire qu'il a besoin de raisonner pour justifier, à ses yeux et aux yeux des autres, son attitude, son comportement et son action. Mais l'homme étant également un animal violent et il va vouloir se convaincre que la violence est un droit de l'homme. Les animaux ne sont violents que du point de vue de l'homme, car ils sont incapables de penser leurs « violences ». C'est vrai que le gros poisson mange le petit poisson et que le loup mange l'agneau. Mais les animaux ne sont pas responsables de ces « violences ». Seul, parce qu'il est un être de conscience et de raison, l'homme est responsable de ses actes et donc de ses violences. C'est parce que la raison est le propre de l'homme, que la violence est également le propre de l'homme. Seul, également, il peut mettre la puissance de sa raison au service de sa violence. C'est pourquoi l'homme est le seul être vivant à pouvoir faire preuve de cruauté envers son semblable. « On compare parfois la cruauté de l'homme à celle des fauves, remarque Ivan Karamazov, l'un des personnages de Dostoïevski ; c'est faire injure à ces derniers. Les fauves n'atteignent jamais aux raffinements de l'hommes. » La violence ne relève pas de l'animalité, mais de l'inhumanité, et c'est bien pire."
Jean-Marie Muller, "Philosophie de la non-violence", in Faut-il s'accommoder de la violence ?, 2000, Éditions Complexe, p. 344.
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