"La violence infligée par autrui ne peut pas être totalement écartée […]. Çertains partisans de la « non-violence » ont tenté de refuser le recours à la violence humaine délibérément infligée, même en réponse à une autre violence humaine. Mais cela n'est pas toujours possible. S'abstenir de répondre à la violence par la violence peut entraîner une violence encore plus grande en ce que rien ne vient plus la contrer. Inversement, répondre systématiquement à la violence par la violence, comme dans les systèmes de vengeance réparatrice où le sang versé et l'honneur bafoué par une mort doivent être réparés par une autre mort, ne peut que perpétuer les cycles de violences. Chaque société invente des normes pour organiser et canaliser la violence. Par exemple la vengeance est remplacée par la violence de la peine qu'inflige le tribunal. Celle-ci, bien que moindre, répare aussi l'honneur – de l'individu, du groupe – et rompt en tout cas la chaîne infinie de la vengeance."
Henri Atlan, "Du principe de plaisir à la morale de l'indignation", 1999, in De la violence II, Odile Jacob, 2005, p. p. 318.
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