"Presque toutes les technologies fondatrices à avoir été inventées dans l'histoire du monde, de la pioche à la charrue, de la céramique à la photographie, des téléphones aux avions, ainsi que l'ensemble des réalisations intermédiaires, obéissent à une loi unique, apparemment immuable : elles deviennent moins chères, d'une utilisation plus facile, et finissent par proliférer en tout lieu.
Ce foisonnement technologique par vagues définit l'histoire d'Homo technologicus – l'animal technologique. La quête humaine de progrès – le nôtre, celui de notre groupe, celui de nos capacités et celui de l'influence que nous exerçons sur notre environnement – a entraîné une succession incessante de trouvailles et d'idées. L'invention est un processus émergent qui se développe et s'étend sous l'impulsion d'individus auto-organisés à l'esprit de compétition surdéveloppé, inventeurs, intellectuels, entrepreneurs et dirigeants, qui vont de l'avant, poussés par des motivations propres. Cet écosystème d'invention conduit, par défaut, à l'expansion. Telle est la nature intrinsèque de la technologie."[1]
Mustafa Suleyman et Michael Baskhar, La Déferlante. Intelligence artificielle, pouvoir : le dilemme majeur du XXIe siècle, 2023, tr. Odile Demange, Fayard, p. 12.