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Texte à méditer :  Time is money.
  
Benjamin Franklin
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Hors des sentiers battus
Ce qui conditionne la conscience/perception du temps

  "Pourtant le temps n est pas sans changement. En effet, quand nous ne changeons pas de pensée, ou quand nous ne voyons pas que nous changeons, nous ne sommes pas d'avis que du temps s'est écoulé, comme il ne s'en est pas écoulé pour ceux qui, selon la fable, dorment auprès des héros en Sardaigne, quand on les réveille ; en effet ils joignent au « maintenant » antérieur le « maintenant » postérieur et n'en font qu'un, supprimant l'entre-deux du fait de leur absence de sensation. De même, donc, que si le « maintenant » n'était pas autre mais le même et unique il n'y aurait pas de temps, de même aussi, si on ne voit pas qu'il est autre, on n'est pas d'avis qu'il y a un temps intermédiaire. Si, donc, le fait de ne pas avoir conscience qu'il existe un temps s'ensuit pour nous quand nous ne distinguons aucun changement, mais que l'âme semble bien demeurer dans un « maintenant » unique et indivisible, et que, par contre, quand nous percevons et distinguons « un changement », alors nous disons que le temps s'est écoulé, il est manifeste qu'il n'y a pas de temps sans mouvement ou sans changement."
 

Aristote, Physique, IV 218b 20-35, trad. Pierre Pellegrin, Ed. Flammarion, coll. GF, 2000, p. 249-250.


 
 "[…] le sujet percevant le temps ne peut être immanent au temps, tout sujet immanent au devenir devant être comme lui étalé, multiple, décomposable, incapable donc de faire la synthèse de ses moments qui, quelles que soient la fusion et l'interpénétrabilité que l'on invoque, n'en demeurent pas moins successifs. La perception du temps n'est donc pas explicable à partir de la seule multiplicité qu'elle contient ; elle suppose un sujet éternel. Et il en est de même de l'évolution objective du devenir : pour y voir autre chose qu'une succession d'instants sans lien, une innovation perpétuelle et désordonnée, il faut la croire régie par des fils qui la dominent. L'histoire ne peut être comprise que dans la mesure où l'on pose la permanence d'une même fin durant des périodes plus 6u moins longues, permanence entraînant l'orientation vers un but unique d'une multiplicité de faits successifs. À la limite, l'éternité de l'esprit concevant la totalité est la condition de l'idée d'une histoire universelle. La position de l'éternité est donc sans cesse exigée par l'esprit. S'il y a une réalité du temps, il est une nécessité de l'éternel."
 
Ferdinand Alquié, Le désir d'éternité, 1943, PUF, 1987, p. 94.


  "La perception du temps présente de nombreuses particularités qui méritent d'être explorées en ce que nous-mêmes, comme êtres vivants, en faisons l'expérience de double façon : de l'intérieur, par l'expérience du temps vécu, et de l'extérieur, par des observations d'ordre biologique et psychologique. Un de ces aspects les plus importants semble aller de soi : l'irréversibilité du temps biologique. De l'expérience intérieure et subjective comme de l'observation extérieure et objective des organismes, il ressort que le temps des systèmes biologiques apparaît comme une dimension orientée de façon symétrique. Il s'écoule dans une direction unique, de la naissance au développement, à la maturation, à la reproduction, au vieillissement et à la mort. Cette unidirectionnalité vaut non seulement pour les individus mais globalement pour l'ensemble des organismes vivants tels qu'ils ont évolué depuis des millions d'années : car apparemment ceux-ci ont également suivi une sorte de voie orientée, allant des organismes unicellulaires les plus simples vers de formes organiques de plus en plus complexes pour aboutir à l'espèce humaine actuelle. Celle-ci semble à la fois l'ultime et la plus complexe (quelle que soit la définition quantitative précise de ladite complexité, puisqu'en effet les concepts de complication ou de complexité sont eux-mêmes en question dans toute réflexion sur l'évolution). Tout cela paraît bel et bien évident et banal : le fait que le temps ne s'écoule que du passé vers l'avenir et non de l'avenir vers le passé semble un caractère inhérent au temps lui-même, quelle qu'en soit la nature. En d'autres termes, il semble que cette irréversibilité ne soit pas du tout spécifique des êtres vivants et qu'elle soit sans rapport avec la biologie. Or, il se trouve que du point de vue du physicien dégagé du sentiment subjectif de l'écoulement du temps, il n'en va pas ainsi. De plus, et à l'autre extrême, du point de vue de notre perception subjective, il est des situations où nous faisons l'expérience d'une sorte d'inversion du temps : lorsque nous nous engageons dans un acte volontaire, une série de gestes est le résultat de notre volonté consciente et s'oriente vers le but que nous désirons atteindre, en sorte que, d'une certaine façon, la série d'événements paraît déterminée par des causes finales. Suivant une formule bien connue en hébreu : « La fin d'une réalisation est commencement dans la pensée » [1]."

 

Henri Atlan, Entre le cristal et la fumée, 1979, Éditions du Seuil, p. 157-158.

[1] S. Alkabetz, Lekha dodi (poème populaire).
 

 


Date de création : 02/03/2006 @ 11:39
Dernière modification : 23/07/2013 @ 08:52
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