Lorsque Freud fonde la psychanalyse à la fin du siècle dernier, son problème est de justifier l'existence de ce qu'il nomme "l'inconscient" face à l'incrédulité générale. Aujourd'hui, il semble que le problème soit inversé. La notion d'inconscient est entrée dans le vocabulaire courant. Educateurs, juristes, journalistes, parents y font partout référence sans s'en rendre compte, à tel point qu'il semblerait que l'inconscient soit devenu une réalité objective, un fait incontestable, indépendant des travaux de Freud, de la même façon que le soleil existe indépendamment des travaux des physiciens, ou l'hérédité de ceux des biologistes.
Or, il n'en est rien. Pour Freud lui-même, l'Inconscient est une hypothèse, certes scientifiquement établie à ses yeux, mais seulement déduite au travers d'un travail d'analyse complexe. L'oublier conduit à transformer l'inconscient en objet quasi religieux, à un fétiche", source d'abus et de tromperies.
Aussi serait-il bon de redonner sens aux objections faites naguère à la psychanalyse, objections que le succès de la doctrine dans l'opinion publique n'a pas rendues caduques : l'Inconscient existe-t-il vraiment ? N'est-il pas l'invention d'une "mythologie" pseudo scientifique ? Donner la parole à ses adversaires, n'est-ce pas rendre service à la psychanalyse elle-même, en la protégeant contre une vulgarisation sauvage de ses concepts qui risquerait de transformer l'entreprise freudienne de libération des hommes en système habile de mystification ?
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