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Texte à méditer :  Ceux qui brûlent des livres finissent tôt ou tard par brûler des hommes.  Heinrich Heine
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Devoir moral et devoir juridique

"Aucune action ne peut être vertueuse ou moralement bonne sans qu’il y ait dans la nature humaine un motif qui la produise, distinct du sens de sa moralité. Mais le sens de la moralité ou du devoir ne peut-il produire une action , sans aucun autre motif ? Je réponds qu’il le peut ; mais cela ne fait pas objection à la présente doctrine. Quand un motif ou principe vertueux se trouve couramment dans la nature humaine, celui qui sent que son cœur en est dépourvu peut alors se détester et accomplir l’action sans y être motivé, d’après un certains sens du devoir, afin d’acquérir par la pratique ce principe vertueux ou du moins pour en déguiser l’absence à ses propres yeux, autant qu’il est possible. Un homme qui n’éprouve, de fait, aucun sentiment naturel de gratitude se plaît néanmoins à accomplir des actes de gratitude et pense qu’il a ainsi rempli son devoir. Les actions sont d’abord uniquement considérées comme des signes des motifs ; il est cependant habituel, dans ce cas comme dans tous les autres, de fixer notre attention sur les signes et de négliger, dans une certaine mesure, ce qui est signifié. Mais bien qu’en certaines occasions , une personne puisse accomplir une action uniquement par respect de son obligation morale, cela suppose encore et malgré tout qu’il y a dans la nature humaine des principes distincts, qui sont susceptibles de produire l’action, rendue méritoire par leur beauté morale".

 

 

Hume, Traité de la nature humaine, 1740, III, II, I, G.F. pp. 77-78.

 

    "[...] Le devoir n'existe que dans la mesure où il doit être considéré à partir de principes moraux.

    Eclaircissement. On use fréquemment du terme "devoir" pour désigner des relations de type juridique. Les devoirs juridiques ont été définis comme parfaits, et les devoirs moraux comme imparfaits, parce qu'il faut absolument que les premiers soient accomplis en vertu d'une nécessité externe, tandis que les seconds reposent sur un vouloir subjectif.

Mais on pourrait tout aussi bien inverser la définition, car le devoir juridique comme tel n'implique qu'une nécessité externe, à laquelle peut manquer la disposition d'esprit, ce qui signifie que, tout en accomplissant ce devoir, je puis même avoir une intention méchante. Au contraire une disposition d'esprit n'est morale que si elle implique tout ensemble, pour le contenu, une conduite conforme au droit, et, quant à la forme, l'élément subjectif de la disposition d'esprit.

    Le droit laisse, absolument parlant, toute latitude à la disposition d'esprit. La moralité, en revanche, concerne essentiellement la disposition d'esprit et exige qu'on se conduise par respect du devoir."

 

Hegel, Propédeutique philosophique, 1809-1811, § 32 et 33, Ed. de Minuit, 1963, p. 61. 

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Date de création : 23/03/2006 @ 11:20
Dernière modification : 19/06/2011 @ 18:47
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