* *

Texte à méditer :   C'est croyable, parce que c'est stupide.   Tertullien
* *
Figures philosophiques

Espace élèves

Fermer Cours

Fermer Méthodologie

Fermer Classes préparatoires

Espace enseignants

Fermer Sujets de dissertation et textes

Fermer Elaboration des cours

Fermer Exercices philosophiques

Fermer Auteurs et oeuvres

Fermer Méthodologie

Fermer Ressources en ligne

Fermer Agrégation interne

Hors des sentiers battus
La connaissance de la morale, du bien

  "Un choix correct est l'affaire de ceux qui savent ; par exemple choisir un géomètre est l'affaire de ceux qui savent la géométrie, choisir un pilote, de ceux qui savent le pilotage. Car si certains travaux ou certains arts sont quelquefois pratiqués par des hommes étrangers à ces professions, toujours est-il que c'est plutôt le fait de ceux qui savent. De sorte que, suivant cette manière de raisonner, ce ne serait pas la multitude qu'il faudrait rendre maîtresse du choix et de la reddition de comptes des magistrats. Mais peut-être aussi que cette objection n'est pas très juste, à moins qu'on ne suppose une multitude par trop abrutie. Car chacun des individus qui la composent sera sans doute moins bon juge que ceux qui savent ; mais, réunis tous ensemble, ils jugeront mieux, ou du moins aussi bien. Ensuite, il y a des choses dont celui qui les fait n'est ni le seul ni le meilleur juge ; ce sont tous les ouvrages que ceux mêmes qui ne possèdent pas l'art peuvent connaître : pour une maison, ce n'est pas seulement à celui qui l'a bâtie qu'il appartient de la connaître ; celui qui s'en sert en jugera aussi et mieux ; et celui-là, c'est celui qui tient la maison. Le pilote, de même, jugera mieux d'un gouvernail que le charpentier ; un festin, c'est le convive qui en juge et non le cuisinier. C'est ainsi qu'on pourrait résoudre d'une manière satisfaisante l'objection proposée."

 

Aristote, Politique, Livre III, Chapitre 6, § 9-10.


 
  "J'ai acquis la ferme conviction que l'éthique est à la base de tout et qu'elle a pour substance la vérité. J'ai d'ailleurs fait de la vérité mon unique objectif. De jour en jour son importance augmentait à mes yeux tandis que je donnais à ce mot une signification de plus en plus profonde. [...]
  Qu'est-ce que la vérité ? La question ne va pas sans difficulté. Je l'ai résolue quant à moi en disant que c'est la voix intérieure qui nous parle. Comment se fait-il, me demanderez-vous, que des esprits divers conçoivent des vérités diverses et même contraires ? C'est que l'esprit humain doit passer par d'innombrables intermédiaires avant d'élaborer une conclusion, et que son évolution n'est pas la même chez tous. Il s'ensuit qu'il faut observer certaines conditions pour plus avoir à dépendre de ces aléas. Si tant de mensonges déferlent actuellement sur notre monde égaré, c'est que chacun revendique les droits d'une conscience éclairée, sans même s'être soumis à la moindre discipline. Avant toutes choses, il faut, pour découvrir la vérité avoir une très grande humilité. Pour pénétrer au coeur de cet océan qu'est la vérité, il faut se résoudre à n'être plus rien.

  La vérité réside dans le coeur de tout homme. C'est là qu'il faut la chercher pour être guidé par elle telle, du moins, qu'elle lui apparaît. Mais nous n'avons pas le droit de contraindre les autres à agir selon notre propre manière de voir la vérité".

Gandhi, Tous les hommes sont frères, Gallimard, p. 33 et p. 133.


 

  "J'indique ici les résultats d'une étude récente qui explorait un contexte dans lequel on pourrait s'attendre à ce que [les distinctions entre jugements moraux et jugements sociaux] soient floues.Cette étude (Nucci & Turiel, 1991) incluait des enfants et des adolescents de groupes amish-mennonite, et de groupes juifs orthodoxes et conservateurs. Les amish-mennonites et les juifs orthodoxes, en particulier, considèrent leurs prescriptions religieuses comme strictement obligatoires. Un des buts de cette recherche était de découvrir si, oui ou non, les enfants et adolescents de ces groupes distinguent des problèmes tels que le vol, la calomnie et le dommage à la propriété (qui devraient relever du domaine moral, d'après les classifications dont il est question ici), par rapport aux règles conventionnelles religieuses (telles que les règles concernant le jour du culte, le baptême, l'obligation faite aux femmes de se couvrir la tête, la circoncision, l'observance des rites kascher). On demandait trois types de jugements à propos de ces problèmes. On posait aux sujets les questions suivantes : (1) y aurait-il ou non un inconvénient à ce que les autorités religieuses (les membres de la congrégation et les pasteurs, dans le cas des amish, les rabbins dans le cas des juifs) changent la règle ; (2) y aurait-il un inconvénient à ce que les gens d'autres religions n'aient pas de règles pour l'action et s'y engagent ; et (3) y aurait-il un inconvénient à ce que les membres de leur religion entreprennent des actes au sujet des- quels il n'y aurait aucune directive dans la Bible (la parole de Dieu).
  Les résultats de l'étude montrent que, bien que les règles de la religion conventionnelle soient considérées comme une obligation pour les membres du groupe, elles sont conceptualisées d'une façon différente des règles morales. Les sujets avaient tendance, dans chaque groupe religieux, à juger que plusieurs des règles conventionnelles ne pouvaient pas être légitimement modifiées par les autorités de la religion concernée (c'est-à-dire la congrégation et les pasteurs, ou les rabbins). Cependant, la majorité des enfants et adolescents amish et juifs soutenaient qu'il serait légitime que les membres des autres religions commettent des actes contraires à leurs propres pratiques religieuses conventionnelles : ainsi, la nécessité d'observer ces règles n'était pas généralisée à d'autres groupes religieux. En revanche, presque tous les sujets, pour chaque question, jugeaient qu'il n'y aurait pas d'inconvénient à commettre les actes vis-à-vis desquels Dieu n'a rien stipulé.

  Les découvertes concernant le fait que les règles dépendent de la parole de Dieu démontrent que la source de l'autorité pour les règles de convention se trouve en Dieu et dans la Bible. Autrement dit, on pense que, si les règles qui disent, par exemple, qu'on ne doit pas manger de porc ou qu'on doit prier pendant le sabbat, n'étaient pas données par Dieu, alors il serait acceptable d'agir autrement. En revanche, les résultats étaient à l'opposé dans le cas des règles morales. La plupart des sujets (de 84 % à 1 00 % pour les différentes questions) jugeaient que ce serait mal de commettre les transgressions morales même si les règles n'étaient pas données par Dieu. On pense donc que ce serait mal, par exemple, de voler ou de faire du mal physiquement à autrui, même si Dieu n'avait donné aucune directive semblable. On trouve des jugements similaires sur la possibilité de modifier et de généraliser les règles morales. La plupart des sujets (de 88% à 97% pour les différentes questions) jugeaient que ce serait mal de modifier les règles morales, et que ce serait mal que les membres des autres religions violent ces règles.

  Cette recherche démontre avec force que des normes sociales strictement observées et transmises au niveau du groupe ne sont pas interprétées simplement par les individus comme des impératifs (moraux) non contingents, généralisables et inchangeables. Certains types de règles sont jugées obligatoires, non contingentes et généralisables. Les questions morales, comme l'a montré l'étude des amish et des juifs, sont structurées par les concepts de bonheur, de justice, et de droits. Pour justifier leurs jugements sur les possibilités de modification et de généralisation des questions morales, les sujets donnaient des raisons portant sur l'honnêteté et l'idée d'éviter de faire du mal. En revanche, on jugeait que les règles conventionnelles n'étaient pas généralisables, et dépendaient de la parole de Dieu. On a trouvé aussi que la justification des positions conventionnelles s'appuyait sur des raisons relatives aux règles et au consensus à l'intérieur du système social. Les interprétations des conventions se basent sur des régularités qui font partie de l'organisation sociale."


Elliot Turiel, "Nature et fondements du raisonnement social dans l'enfance", in Fondements naturels de l'éthique, ouvrage collectif sous la direction de Jean-Pierre Changeux, Odile Jacob, 1993, pp. 309-311.

 

Retour au menu sur la morale


Date de création : 08/10/2006 @ 11:14
Dernière modification : 06/10/2011 @ 21:04
Catégorie :
Page lue 5520 fois


Imprimer l'article Imprimer l'article

Recherche



Un peu de musique
Contact - Infos
Visites

   visiteurs

   visiteurs en ligne

^ Haut ^