"L'économie politique ne connaît donc pas l'ouvrier sans emploi, le travailleur dans la situation d'un sans-travail. Le coquin, l'escroc, le mendiant, le travailleur qui chôme, qui meurt de faim, qui est misérable et criminel – autant de figures qui n'existent pas pour l'économie politique, mais aux seuls yeux du médecin, du juge, du fossoyeur, du prévôt des mendiants, etc. Ces fantômes ne sont pas de son domaine. Elle ne voit dans les besoins de l'ouvrier que ce qui est nécessaire à son entretien tant qu'il travaille, et ce à seule fin que la race des ouvriers ne vienne pas à s'éteindre. Le salaire a donc tout à fait la même signification que l'entretien, le maintien en bon état de tout autre instrument productif, que la consommation du capital en général pour pouvoir se reproduire avec profit. Il en est tout comme de l'huile qu'on emploie pour maintenir des rouages en bon état. Le salaire fait partie des frais nécessaires du capital et du capitaliste ; il ne doit pas dépasser les limites de cette nécessité. Aussi était-il tout à fait logique, de la part des fabricants anglais, de déduire du salaire des ouvriers les aumônes publiques que ceux-ci recevaient par l'intermédiaire de la taxe des pauvres avant l'Amendment Bill de 1834, et de les considérer comme une partie intégrante du salaire".
Marx, Ébauche d'une critique de l'économie politique, 1844, Avant-Propos, trad. Jean Malaquais et Claude Orsoni, in Marx, Philosophie, Folio essais, pp. 180-181.
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